• M - Tu as gardé les photos de ce spectacle. Je n'en reviens pas.

    A - Bien sûr que je les ai gardés. On n'a qu'une jeunesse. Tu te souviens de cette jupe noire  ? Elle t'allait très très bien.

    M - Oh que oui je m'en souviens. Tu parles d'une soirée ! Je l'avais eu par Claude.

    A - Claude ?

    M - Tu sais la fille qui habitait dans le lotissement. Elle avait un frère plus grand. Comment il s'appelait lui ? ... Serge. La famille Philippe. Claude et Serge Philippe.

    A - Ah oui la famille excentrique qui avait des canards. Le père n'a jamais dû travailler de sa vie. La mère était prof ou directrice d'école, oui plutôt directrice d'école.

    M - Les canards ! Je les avais oubliés ceux-là.  Comme j'étais mal à l'aise ce soir là ! Tu te souviens, mes collants tous neufs avaient une superbe échelle quand je les ai sorti de la boite. J'ai demandé à tout le monde de me donner une autre paire de collants. Personne n'avait prévu une paire de rechange. Personne. Enfer. J'ai fini par trouver qu'une paire de chaussettes dim noires. Je crois que c'était Céline qui les avait. Je ne sais même pas si des chaussettes de la même matière que des collants existent encore. La jupe était longue, les chaussettes montaient bien haut, on pouvait croire à un collant, mais je n'osais pas bouger. Trop peur que la jupe se soulève et que l'on découvre mes genoux nus.

    A - Tu n'as jamais été une grande danseuse, petite, mais ce soir là, ce fut ta plus mauvaise prestation.

    M - Tu te souviens, attends, il s'appelait comment déjà ?

    A - Qui ?

    M - Tu sais le garçon qui devait me soulever, et me faire tourner ?

    A - J'ai la photo. Attends attends, elle est où ?

    M - Mon dieu, regard je tiens ma jupe. Il a dû se reprendre à trois fois pour me soulever, j'avais tellement peur que les gens de la salle voient que je n'avais pas de collant. Je me souviens très bien de lui. Mais il s'appelle comment déjà ? C'est fou je me souviens de Céline et Claude mais pas de son nom à lui. Il a pourtant eu un rôle capital ce soir là. ... Oh c'est tout de même con... Roland. Non Laurent. Non. Roland. Non c'est son nom de famille Roland. Oh je ne sais même plus. Comment il s'appelait déjà ?

    A - Je pensais que toutes les filles se souvenaient des prénoms de leurs amants.

    M - Je n'ai jamais couché avec ce mec.

    A - Pourtant après le spectacle, vous ne vous êtes jamais séparés. Et vous êtes partir ensemble.

    M - Je m'en souviens aussi. Il avait dit à ses potes qu'il sortirait avec moi le soir là. Seulement ce soir là, j'avais des chaussettes, aussi, dès qu'il voulait passer sa main sous ma jupe : interdiction. Je me souviens qu'il était parti ensuite au ski avec sa famille pour les vacances de noël et qu'il m'y avait écrit une carte postale. C'est probablement le premier courrier qu'un garçon pour ne pas dire homme, m'ait écrit. Je ne sais pas ce que j'en ai fait, mais je me souviens bien qu'il m'avait écrit à la maison. C'est terrible la mémoire ! C'était le gars Roland, non. Mais son prénom. Où alors c'était Laurent. Aide moi Andrée.

    A - On va dire qu'il s’appelait Laurent Roland. Moi c'est un autre garçon qui reste sans identité dans ma tête. Et si je ne peux que te donner une photo de Laurent Roland, toi tu peux m'aider bien plus. Je suis même certaine que tu n'auras pas d'hésitation.

    M - Tu parles de qui là ?

    A - Du père de Titouan.

     

     

    A - Alors là Maxime, vu le recul que tu as eu sur ta chaise, tu ne peux plus me dire que tu n'es au courant de rien.

    M - Tu veux que je sois au courant de quoi, exactement ?

    A - Maxime, je ne suis pas sotte, je vois bien que Titouan n'est pas un Truiten. Charlotte  ressemble à Yves, à ses cousins, mais Titouan ne ressemble à personne. Enfin si il ressemble à quelqu'un, c'est même pour cela que souvent je ressors les vieilles photos. Titouan ressemble à son père, j'en suis sûre. Il me fait vraiment penser à quelqu'un, mais je n'arrive pas à même le doigt dessus. Maxime, qui est le père de Titouan.

    M - Pose la question à sa mère.

    A - Tu sais aussi bien que moi que Solène va prétendre qu'il est de Yves. Tu sais aussi bien que moi qu'elle nous ment. Je te pose donc la question : Qui est le père de Titouan ?

    M - Je n'ai pas à intervenir dans vos histoires de famille.

    A - Si ma fille est si peu ravie de ton retour, Maxime, c'est qu'elle a peur que tu dévoiles la vérité.

    M - Et bien vous pouvez la rassurer, je ne parlerai pas. Le passé c'est le passé.

    A - Elle t'a payée combien pour que tu te taises ?

    M - Pardon !

    A - Elle t'a aidée financièrement après la mort de ton fils.

    M - Elle vous a dit ça ! Elle vous a dit ça. Comment a-t-elle pu vous dire ça ?

    A - Disons que j'ai compris entre les lignes... Elle t'a aidée... Financièrement.

    M - Elle m'a aidée ! Elle se vante de m'avoir aidée !!! ... Je vais vous dire Andrée, je crois que c'est la phrase la plus cruelle que j'ai entendu depuis des années. Elle se vante de m'avoir aidée.

    A - Tu ne vas quand même pas te mettre à pleurer. Qui est le père de Titouan? Dis le moi. Je suis sa grande-mère, j'ai le droit de le savoir.

    M - Et quand vous le saurez, vous en ferez quoi ?  Yves a élevé son fils, il n'y a rien d'autre à dire. Je ne dirai rien d'autre.

    A - Ne comprends-tu pas que je suis juste une grand-mère qui s’inquiète pour son petit fils.

    M - Bien sûr, et vous m'avez juste invitée en souvenir du bon vieux temps. Et bien là, voyez-vous, vous remuez le mauvais vieux temps. Aussi je vais vous quitter. Je suis déçue de vous, Andrée. Vraiment très déçue. Vous me peinez.

    A - Maxime, tu vas enfin me dire qui est le père de Titouan. Arrête tes cachoteries de gamine.

     

     

    M - Vous voulez la vérité ?

    A - Je t'écoute.

     

     

    A - Je t'écoute Maxime.

    M - Demandez plutôt à Solène qui .... Ne demandez rien.

    A - Maxime, qui est le père de cet enfant ?

    M - Roland Lauric , j'ai retrouvé c'est Lauric,  Roland Lauric.

     A - Et le père de mon petit fils ? C'est lui aussi ?

    M - Je ne vous ferai qu'une réponse : A cette époque là, Solène a couché avec tous les mecs qui l'ont voulu. Amusez-vous si vous voulez à en faire la liste avec elle, mais ne lui demandez pas qui est le père, elle ne le sait pas. Je suis la seule sur cette Terre a en connaitre l'identité. Solène n'a même jamais chercher à me la demander. Vous voulez connaitre le père de votre petit fils et bien elle, votre fille, ne s'est jamais souciée de savoir qui était le père de l'enfant qu'elle élevait. Mais vous dites qu'il est le portrait craché de son père, ceci explique probablement cela.

    A - Mais tu me racontes quoi là, qu'elle avait les yeux bandés et que c'était toi qu'il décidait de qui pouvait ou non entrer dans la chambre ?

    M - Et la question suivante c'est quoi ? Combien m'a rapporté de prostituer votre fille ? Comment ai-je pu tant vous admirer enfant ? Je vais vous faire une promesse : vous le saurez. Oui vous aurez la réponse à votre question. Mais si et seulement si Titouan veut vous le dévoiler. Il n'y a plus qu'à lui que j'accepte de parler dorénavant. Vous pouvez même le prévenir que je le cherche. Et Solène vous le confirmera, même une triple sotte comme moi, quand on cherche on trouve.

     A - Maxime tu te joues grande Dame mais tu n'es toujours qu'une petite fille pleurnicharde pour moi. Tu vas arrêter tes menaces, cela ne prend pas avec moi. A qui ressemble mon petit fils ?

    M - La boucherie n'a pas besoin d'un ravalement de façade ?

    A - Ne change pas de. OH!!!!!!!!!!! Fouques, c'est un Fouques ! Mais comment n'ai-je pas deviné, il est le sosi de Jean François.

    M - Jean François Fouques !

    A - Non Jean François Baillec'h, le fils de Patricia. Elle a épousé un Baillec'h. Tu sais le poulailler qui a brûlé l'an dernier sur Trémorel, c'est à eux. Jean François travaille avec Romain, son oncle. Romain n'a pas d'enfant. Sylvie  en voulait. Elle a eu du mal à tomber enceinte et quand elle le fut, il l'a faite avorter. Enfin c'est ce que l'on raconte. Sylvie Scruiffec, la famille Scruiffec, le bar des sports, c'est elle, sa femme. Après l'avortement, elle a grossi et elle a but aussi. Pendant un temps elle a travaillé chez la fleuriste, mais elle est devenue si grosse et surtout si ivre qu'elle ne sort plus de chez elle. On dit que l'alcool en est la raison, mais c'est surtout à cause des filles de Dalida. Tu te souviens des jumelles et de la femme que l'on appelait Dalida. Tu sais celle qui recevait des hommes pendant que ses jumelles étaient à l'école. Elles ont été dans la même classe que Solène et toi, non ?

     

    M - Dalida ! Vous êtes encore sur cette misère. C'était juste une femme pauvre qui arrivait du Portugal. Elle s'appelle Anita, pas Dalida mais Anita. Les jumelles sont Joséfina et Délia. Elles étaient des gamines très bien. Vous n'en avez pas marre du racisme ?

     

    A - Des filles très bien ! Une pauvre maman ! Dis le à une autre. Simplette et calculatrice. Les jumelles ont toutes les deux un fils, et du même père, de Romain Fouques.  Romain ne les a pas reconnus mais il ne dément pas les rumeurs. Et elles, il fut un temps où elles le criaient sur tous les toits. Elles sont même allées, avec les gosses en poussette, frapper à la porte de chez Sylvie. On les a vue. Une honte. Romain sort souvent de chez elles. Aujourd'hui encore. Il passe presque tous les dimanches chez Dalida. Comment veux-tu que Sylvie aille bien ? Les jumelles n'ont jamais quitté leur mère, elles vivent toujours avec Dalida. Les bâtards sont à Paris. L'un y est pompier et l'autre policier. Enfin c'est ce que l'on raconte.

    M - Et bien vous pouvez aller offrir un cubi de rouge à Sylvie, car Romain à un troisième bâtard, votre très cher petit-fils : Titouan. On va pouvoir vous appeler Sheila maintenant que vous êtes de la famille de Dalida.


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  • Ce qu'elle peut être excessive parfois !

    Titouan adore maman, on voit bien qu'il n'en connait qu'une étroite partie.

     

    " Tu peux tout me dire mon chéri ".

    Pas de doute là dessus, à maman on peut tout dire, rien ne la gène, rien ne l’effraie, puisqu'il y a un filtre à l'entrer de ses oreilles. N'arrive à son cerveau que ce qui satisfait son mode de pensée. 

     

    Voilà que maintenant il nous faudrait adopter un enfant, enfin une fille, une gamine à laquelle elle a déjà trouvé un prénom.

     

    Et pourquoi ne devrais-je pas aussi épouser Titouan. Deux mecs peuvent se marier maintenant. Comment est-ce possible qu'elle n'y ait pas encore pensé, qu'elle n'ait pas déjà réservé le traiteur et la salle ?

     

    Maman a de la purée dans les yeux et les oreilles, des pois cassés dans la tête. Je forme un très beau couple avec Titouan ! Mais où va-t-elle chercher ça ? Est-ce qu'une fois elle nous a vu nous embrasser ? Est-ce qu'une fois elle nous a vu nous toucher ? Est-ce qu'une fois il a passé la nuit dans mon lit ? Est-ce qu'une fois j'ai découché ? Non, non, non et non.

     

    Maman voit un geste tendre pour un bébé et elle conclue que je veux être père. Pareillement elle nous voient collés ensemble, ne fréquentant aucune fille et elle conclue que nous sommes homosexuels.

     

    Super idée de génie.

    Titouan qui n'a jamais su faire autre chose que de mentir à ses parents à hurler à l'idée de génie. Ce fut simple pour lui de raconter des bobards à mes parents, ils inventent sa vie tout le temps, devant tout le monde.

     

    Moi je n'en foutais. Cela lui rendait service. Maman était aux anges d'avoir un nouveau fils. Papa... papa du moment que cela n'influence pas négativement son chiffre d'affaire, il ne s'en irrite pas.

     

    Homosexuel. Je suis homosexuel pour maman. Seulement pour maman, pour les autres, tous les autres je suis juste le type sans pied.

     

    " Monsieur ma maman elle m'a dit que tu as pas de pieds, alors pourquoi tu as des chaussures Monsieur, et comment tu marches sans pieds ?"

    Il avait quoi ce p'tit gars ? 3 ans ? 4 ans ?

    Si il est le dernier pour l'heure à m'avoir posé la question , il n'est qu'un au milieu de dizaines, dizaines qui finiront par donner des centaines. Je connais très peu de gens, j'en fréquente encore moins, pourtant je demeure en tête de liste des gus populaires.

    " Mais tu sais, c'est le gamin qui a perdu ses deux pieds dans l'accident ". Toutes ces bonnes-femmes qui chuchotent mais jamais assez bas pour que je n'entende pas !

    Ah et il y a aussi : "Tu crois qu'il bosse ? " " Pourquoi veux-tu, il doit toucher le pactole de la sécu. "

    Et ce gosse que je croise souvent : " C'est super tes dessins. Maman elle veut pas que je dessine, elle veut que j'apprenne un métier. Tu as de la chance toi d'avoir pas de pieds, t'es riche, tu peux dessiner tout le temps. "

     

    On devrait couper les couilles à une quantité de cons. Ils sont trop nazes pour être parents. Les gosses de l'orphelinat ne savent pas la chance qu'ils ont.

     

    Anne Katelle Leleuc la fille des homo, la fille de l'handicapé homo. Qu'on la laisse dans son pays, son avenir sera moins noir qu'ici.

     

    Je n'ai pas de pieds et maman n'a pas d'yeux. Aucun mec ne me fait avoir la trique. Titouan peut se foudre à poil devant moi, sa queue ne m'intéresse pas.

     

    Je  ne suis pas homo, je suis puceau. Ma langue ne s'est jamais glissée dans la bouche d'une fille. Mes paumes ignorent tout de l'arrondi des seins. Ma peau se désespère d'être enfin dessinée par des mains. Mes yeux cherchent en hurlant famine le regard dans lequel enfin ils pourraient se lover.

     

    Je ne suis pas un homo, je suis bien pire qu'un puceau, je suis un handicapé, soit un sensuellement invisible.

     

    Qu'est-ce que cela peut me faire d'être homo pour maman ? Cela la rend heureuse d'avoir un beau fils. Elle est heureuse dans son monde imaginaire. Elle ne capte jamais ma souffrance. Si elle savait combien certains jours ma condamnation à la solitude à perpétuité m’insupporte !

     

    Je peux tout lui dire. Connerie. Si elle savait que je ne suis homo que pour convenir à Titouan, si elle savait que je suis un hétéro puceau, que ferait-elle ? Elle m'accuserait de lui voler son beau fils, elle qui a déjà tant souffert d'avoir perdu son ainé ? Elle me dirait de ne pas m’inquiéter, que je suis le merveille des fils, le mari parfait et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle aurait ouverte une agence matrimoniale juste pour moi.

    " Prendre son pied quand on l'a perdu".

    L'agence matrimoniale  pour les handicapés de la godasse. 

     

    Charlotte a raison. Oui une fille peut désirer me faire l'amour, dans l'absolu. Je sais qu'elle a raison. Tout habillé je ne suis pas moche. J'ai de la conversation, de l'humour, de l'écoute. Il y a bien plus minable que moi comme mec. Seulement les mecs minables ont deux pieds et deux genoux, moi je n'ai qu'un genou et zéro pied.

     

    Charlotte toujours : " Quand l'amour unit deux êtres, les âmes sont si fortement liées qu'elles s'indiffèrent de la beauté des corps. Le sexe n'est plus l'utilisation de l'autre pour un exercice de style, une prouesse personnelle, le sexe devient ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être, une partie du corps qui contribue autant que toutes les autres parties du corps à honorer les monts et les vallées du corps qui habitent l'âme adorée ". Elle devrait vraiment commencer à écrire, elle a du style, de la poésie la petite Charlotte.

     

    Charlotte a raison mais seulement en théorie. Elle a raison, sauf quand elle applique son laïus sur moi. Je ne la trouverais pas. Il n'y a personne pour moi. Non pas parce qu'en perdant mes pieds, je n'y ai plus eu le droit : punition diabolique. Il n'y a personne pour moi parce que c'est ainsi. Je n'ai plus de pieds seulement parce que dans ma vie je n'irai nul part. J'ai des jours additionnés par milliers devant moi, mais aucun avenir.

    Je ne suis pas moche : A quoi cela serre ?

    Je suis long d'être un con : A quoi cela serre ?

    J'ai une bonne culture générale : inutile aussi.

    La vie peut tout m'enlever comme elle m'a enlevé les pieds.

    Je n'ai qu'une feuille blanche pour avenir.

     

    Posséder est gâcher.

    Mes mains ne se poseront jamais sur une chute de reins. Je ne fermerai jamais les yeux pour mieux suivre une main qui voyage sur ma peau. Toute ma vie j'attendrai qu'une langue gourmande de femme vienne goûter à ma bouche. Attente dérisoire. Autant croire que mes jambes repousseront, que des pieds se reformeront au bout.

    C'est fou comme l'espoir s'accroche alors qu'il n'existe aucune espérance ! Je dois tenir de ma mère. Il y a la vérité sue mais bien plus refusée et l'impossible fantasmé qui habite les pensées, pour ne pas dire le quotidien.

     

    Quand j'aurai 88 ans je serais encore puceau.

    Est-ce qu'à 88 ans, parfois, encore, mes yeux sillonneront l'horizon en écoutant mon corps, à l'affût qu'il me dise "Là, c'est elle", comme je le fais aujourd'hui ?  Es-ce qu'à 88 ans je serais aussi con que maintenant ?

     

    Madame Jean Charles Leleuc n'existe pas. Je le sais aussi lucidement que je sais qu'à l'intérieur de mes chaussures il n'y a que des prothèses. Aucune chair, aucun os, que du polyuréthane et du silicone. Les êtres bioniques n'ont pas d'âme soeur. 

    Sans pieds on marche seul d'un fauteuil à roulettes à une chaise percée.


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  • Ce que mon fils peut s'entraver ! Il s'interdit tout. En dehors des vies qu'il invente dans ses BD il ne vit rien. Il ne s'intérresse pas plus à lui qu'au autres. Si il écoutait les sens de son corps, il saurait comme il aime ce petit bébé.

     

    Et Titouan, il ne se comporte pas en oncle, c'est un vrai papa poule. Je ne suis pas sotte. Je ne suis pas aveugle non plus. Ce matin quand Titouan m'a déposé Lou-Evan il le couvait du regard, il n'arrivait pas à en décoller les doigts.

     

    Ces deux là  sont fait pour être pères.

     

    Leur couple est solide. Ils se fréquentent depuis des années. Ils s'entendent à merveille. Jamais une dispute, toujours des éclats de rire. Mon couple n'a jamais été aussi harmonieux que le leur. Ils sont super complices. Il est temps qu'ils fassent évoluer leur relation.

     

    Déjà Jean Charles doit nous quitter. C'est lui qui devrait vivre avec Titouan, non Charlotte.

     

    Titouan est sérieux, responsable. Il protège sa soeur, son neveu. Mais à tant vouloir la protéger, il l'entrave aussi. Je dois avoir une bonne conversation avec lui. Lui parler comme une mère à son fils. Le père de Lou-Evan doit tenir son rôle. Titouan et moi, nous faisons la même erreur, nous aimons trop. J'aime trop Jean Charles alors je le cajole et le garde à la maison. Titouan aime trop sa petite sœur aussi il lui permet de rester chez lui, de ne pas secouer le père de Loulou. Les hommes sont tous des frileux, des lâches, il faut les femmes pour les faire bouger sinon, ils n'évolueraient jamais.

     

    La loi est passée, beaucoup l'ont déjà utilisée. Il est temps que les garçons se marient. Comme aucun des deux ne fait sa demande à l'autre, mais je vais intervenir. On peut dire ce que l'on veut, se marier c'est important. Les gens ne s'engagent plus, ils vivent ensemble mais ne s'unissent plus. Ils profitent les uns des autres, ne savent plus s'offrir à l'autre. On ne construit rien sur de la frilosité.

     

    Mais oui c'est ça. En attendant que Titouan arrive, je vais surfer sur internet pour savoir quelle démarche il faut entreprendre pour se marier aujourd'hui. Ce ne doit pas être bien différent qu'à mon époque, mais, je vais vérifier pour ne pas leur dire de bêtises.

     

    Et puis tant que j'y suis, je vais chercher ma petite fille. Les orphelinats doivent posséder des sites internet.

    Mais attend, Maxime ne m'a pas dit qu'elle avait une amie qui fréquentait un directeur d'orphelinat Russe. Mais bien sûr, Maxime. Si on a le directeur de l'orphelinat dans la poche, notre dossier va se retrouver en haut de la pile, non mieux, au côté de la pile, pour être traité en priorité. 

     

    Une petite fille russe. Ma petite fille est russe.

     

    Les Russes doivent manger du fromage comme tout le monde. Mais bien sûr, mais bien sûr, bien sûr. Trop bon. Marie Nelly tu es géniale.

     

    Edmond doit prendre un russe à la fromagerie. Un stage. Un contrat de qualification, je ne sais pas quoi, Edmond verra, mais il nous faut un russe. On le logerait dans la maison du jardinier comme on dit, il aurait son indépendance tout en pouvant accéder à la piscine et manger avec nous certaines fois. Comme cela je lui apprendrai le français et il m'apprendra le russe pour communiquer avec ma petite fille. Le directeur a peut être un ancien orphelin en école d'agriculture ? Ou un chauffeur. On a toujours besoin de chauffeur à la fromagerie, il faut bien récolter le lait dans les fermes.

     

    Donc :

    1) Regarder le mode opératoire pour se marier,

    2) Téléphoner à Maxime pour qu'elle contacte son amie pour ma petite fille et l'étudiant russe.

     

    Mais bien sûr, bien sûr, j'ai encore mieux. Je vais leur réserver un billet d'avion.  Si la copine de Maxime vit avec un russe c'est qu'il doit parler le français, au moins un peu, donc je vais envoyer les garçons faire un voyage en amoureux en Russie, et ils vont y rencontrer le directeur des petites. Comme ça ils verront leurs futures filles. Ils vont en tomber fou d'amour instantanément.

     

    Edmond peut bien se passer de Titouan quelques jours. Aucun ouvrier n'est irremplaçable.

     

    Cela leur fera du bien de se retrouver un peu tout les deux.

     

    Ah oui mais ... Tu t'emballes Marie Nelly, tu t'emballes. Les russes, ils aiment un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout les homosexuels ? La question est d'importance. Mon Dieu,  il ne faudrait pas qu'ils se retrouvent au goulag parce qu'ils se sont tenus la main dans la rue. Il faut que je trouve sur internet comment les homosexuels sont perçus en Russie. Il y a surement des sites ou des blogs d'homo russes. Ah oui mais ils n'écrivent pas comme nous. Est-ce que mon ordinateur peut traduire leur langue ?

    En même temps ce serait bien un comble que Titouan et Jean Charles se tiennent par la main en Russie alors qu'ils ne le font jamais ici. Je ne les ai même jamais vu s'embrasser. Ils sont très réservés.

     

    Mais tout de même, par sécurité, je vais vérifier. Je dois pouvoir trouver ça sur internet. En même temps le russe de Maxime doit encore mieux le savoir que l'ordinateur. Et si lui ne voulait pas qu'un enfant vive avec deux hommes ! Là ce serait un con. Maxime ne m'a pas dit qu'il était con. Il faut que je lui demande.

     

    Oh voilà Titouan.

    J'appellerai Maxime demain, je vais aller dire à Titouan qu'il part en vacances très bientôt à Moscou. Enfin la Russie c'est grand, l'orphelinat est peut être à des milliers de kilomètres de Moscou,. Je vais juste lui dire en Russie.

    En même temps ce serait dommage d'aller en Russie sans passer par Moscou.

    Oui mais bon, comme ils auront deux filles russes, ils auront toute leur vie ensuite, pour flâner à la capitale. Parce que c'est normal que ma petite fille connaisse son pays. Il faut qu'elle garde sa langue natale. Il y a un collège à Rennes où on a russe en seconde langue ? Il faut que je vois ça aussi. 

     

    A Titouan, je vais juste dire Russie. Ils auront la surprise ensuite pour la ville. Il faut aussi savoir où atterrissent les avions qui vont en Russie. Il faut que je vois si il y a un vol direct : Rennes - Russie.

     

    Je devrais peut-être téléphoner à Maxime maintenant, c'est tout de même bête de dire à Titouan que je l'invite en Russie sans savoir lui dire où exactement. Et puis quoi aussi. Je vais demander à Edmond quand il peut libérer son ouvrier.

     

    Qu'ai-je fait de mon portable ?


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  • JC - Maman, mais tu t'écoutes quand tu parles.

    MN - Je n'ai rien dit de mal.

    JC - Ce n'est pas ce que tu dis mais comment tu le dis. Tu es excitée. Tu te comportes comme à la fête foraine. Une gamine de dix ans sait mieux se tenir que toi. Ce n'est pas du sang que tu as dans les veines, c'est une colonie de puces sauteuses. Arrête les perles et passe au collier anti-puce.

    MN - Mais mon chéri, ce bébé est merveilleux. Tous les bébés sont merveilleux, mais celui-là l'est encore plus. On aurait du avoir cette piscine quand vous étiez bébés. Comme François Xavier l'aurait adoré, lui qui gesticulait tout le temps. Ce bébé rit aux éclats. Il n'y a rien de plus merveilleux que de voir un bébé rire aux éclats. Il adore l'eau. Tu l'as bien dit à Charlotte qu'il adore l'eau.

    JC - Oui je le lui ai dit et oui aussi je lui ai dit qu'elle pouvait compter sur toi pour le garder autant de fois qu'elle en aurait besoin.

    MN - Tu lui as dit qu'elle devait penser à sa carrière, songer à retrouver un travail.

    JC - Maman elle mène sa vie comme elle veut.

    MN - Bien sûr mon chéri, mais c'est important pour une femme de travailler.

    JC - Je lui ai dit que tu étais la nounou la moins chère du marché.

    MN - Gratuite, je suis gratuite. Et toujours libre.

    JC - Je le lui ai dit aussi.

    MN - C'est très bien. Viens, viens, voir mon chéri. Regarde ce que j'ai sorti.

    JC - Tu as imprimé des peluches, des vêtements de bébés.

    MN - Mais parce que ainsi cela va être beaucoup plus simple. Tu as vu comme tu étais chargé quand tu as ramené le petit Loulou. Le plus simple est qu'il ait des affaires ici. Et regard ça, qu'est-ce que tu en penses ? Dit le moi, franchement. Si tu n'aimes pas, tu n'hésites pas à me le dire, tu sais que je peux tout entendre.

    JC - C'est quoi ça ?

    MN - Du papier peint mon chéri. Regard, regard. Attend où l'ai-je mis ... Ah il est là. Regard, que penses-tu d'un mur avec ce papier peint et contre le mur, ce petit lit là ? J'ai pensé que pour les autres murs on pourrait les peindre comme la couleur des ballons. il y a trois ballons avec trois couleurs différentes pour trois murs. Tu vois ce serait du plus bel effet.

    JC - Que tu veuilles faire chambre séparé avec papa, cela ne me regarde pas.  Je doute juste que tu sois très à l'aise dans un lit si petit.

    MN - Que tu es bête, mon fils, mais que tu es bête. Ce n'est pas pour moi, c'est pour Loulou. Cet après-midi, il a fait la sieste sur le canapé, mais c'est parce que Charlotte m'a prise au dépourvu. C'est la première fois que je le garde. Je dois m'organiser pour la prochaine fois. Il y aura une prochaine fois. Tu es son parrain, bien sûr qu'elle me le re-confiera. Ce serait ridicule d'aller payer une nourrice qui ne saura pas l'aimer autant que moi.

    JC - Maman. Charlotte t'a demandée de garder son fils cet après-midi. C'est tout. C'est gentil à toi de lui signaler qu'elle peut à nouveau compter sur toi. Mais ce n'est peut-être pas la peine de transformer toute la maison... Et c'est quoi ce truc là ?

    MN - Tu ne le trouves pas beau ! Il est tout mignon à croquer. C'est un petit pingouin.  Tu vois tous les boutons qu'il a sur le ventre, et bien ce sont des mélodies différentes. Elles ont bien changé les boites à musique. Moi j'avais une petite danseuse qui tournait dès qu'on ouvrait le couvercle. Pour un petit garçon, un pingouin c'est bien. Mais je n'arrive pas à savoir si il bascule d'un pied sur l'autre ou si il ne bouge pas. Je vais aller dans un grand magasin pour les jeunes mères. Ils doivent en avoir.

    JC - Tu es ridicule maman. Ridicule. Enfin si cela peut te faire ranger les affaires de Xav, alors vas y fonce, aménage une chambre pour Lou-Evan, je suis de tout coeur avec toi.

    MN - Jean Charles ! Il est hors de question que l'on change quoique ce soit à la chambre de ton frère. Non la chambre de Loulou, je pensais la faire dans la chambre bleue. Elle est laide. Personne n'y va jamais. Et regarde ça. Tu en penses quoi ? N'ai pas peur de me contrarier, si tu n'aimes pas, tu me le dis.

    JC - C'est rose ! Tu as bien dû lui changer les couches. Lou-Evan a un zizi, c'est un garçon. Même une tapette n'en voudrait pas de ta chambre.

    MN - Jean Charles, comment oses-tu prononcer ce mot là, toi ? Je sais bien que Loulou est un petit garçon. Je viens de te montrer son lit. Non là c'est pour une petite fille. Pas un bébé, mais une petite fille. Parce qu'il ne faut pas rêver pouvoir adopter un bébé. Avec les temps d'attente, même si vous trouvez un nouveau né, le temps de tout finaliser, il saura marcher, enfin elle saura marcher le jour où elle entrera dans la maison. Que dis-tu de Anne Katelle ? Ou alors j'ai pensé aussi à Louise Sophie. Louise c'est très beau Louise. Bien sûr elle aura un nom de son pays, mais dans notre famille nous en avons tous plusieurs, et puis si elle veut faire de grandes études un prénom français pourrait lui être utile.

    JC - Tu veux adopté un enfant ? Tu en as parlé à papa ?

    MN - Mais non pas moi, grand sot. Tu ne m'écoutes pas. Je n'ai plus l'âge d'être mère. Même si je peux encore faire des enfants. Je pense à ton avenir. Je parle de toi et Titouan. Vous allez adopter une petite fille.

    JC - Maman.

    MN - Non pas " Maman" , je suis là pour t'aider, arrête de t'interdire tout, sous prétexte que tu as eu ton accident et parce que tu es homosexuel. Tu formes un très beau couple avec Titouan, c'est un garçon formidable. J'ai bien vu comment tu regardes Loulou, comme moi tu fonds littéralement devant lui. Tu as le droit de devenir père autant qu'un autre. Songe que si vous vous y prenez maintenant, Anne Katelle aura le même âge que Lou-Evan son cousin. Les enfants ont besoin de frère et soeur. On peut faire la chambre de Loulou dans la chambre bleue qui ne serre jamais et celle de ta fille dans celle qui à la petite salle d'eau. Il y a onze pièces dans celle maison, ce serait bien le Diable, si nous n'arrivions pas à caser tout le monde. Tu veux que je te dise mon fils, je pense que ce serait encore mieux que tu changes de chambre, que ce soit toi qui investisses celle à la salle d'eau, comme çà  on pourrait casser la cloison qui sépare ta chambre de la salle de jeux où tu ne vas plus depuis longtemps. Regard ça comme c'est grandiose. On dirait une entrée de château. Tu vois les deux escaliers en arc de cercle. C'est majestueux. Un lit en bas, un lit en haut, des tours de châteaux forts pour ranger les livres et deux escaliers arrondis. Tu ne trouves pas que l'on dirait une entrée de château ? Ce doit être très traumatisant de changer de pays. Déjà n'avoir ni papa, ni maman, la pauvre petite. Alors partir à l'autre bout du monde, chez des inconnus, avec sa seule petite valise... Le pauvre ange. Il faut avoir le coeur dur pour infliger ça à une toute petite fille. C'est pour ça que j'ai pensé que ce serait mieux pour elle si elles étaient deux. Si il n'y a pas de vraies soeurs, on peut prendre des copines. Tu adoptes Anne Katelle et Titouan Louise Sophie. Tu vois c'est une chambre pour deux princesses.

    JC - Maman, cette fois le doute n'est plus possible : tu es folle.

    MN - Et toi tu t'interdit d'être heureux. Titouan passe ce soir. Il vient nager comme tous les soirs, je suppose. Je lui en parlerais. C'est un garçon beaucoup moins fermé que toi. Tu verras qu'il sera enchanté.

    JC- Maman je t'aime mais tu merdes complètement là. Arrête, arrête.

     


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  • Au déjeuner sur le pouce.

     

    Comment ai-je pu oublié ? Comment n'y ai-je pas pensé alors que je sais la librairie fermée ?

     

    Quand le magasin de chaussures a baissé son rideau, j'ai agi telle une bornée. Je me suis démenée comme une malade. Plans, devis, expertises, j'ai tout fait. Je suis devenue folle furieuse, ensuite, quand j'ai su que cela allait devenir un restaurant.

     

    Ouvrir en Bretagne un restaurant offrant une cuisine des îles, quelle hérésie. Tout cela pour fermer un trimestre plus tard. Je le savais que cela ne pouvait pas marcher.

     

    En même temps ces gens venus de Guadeloupe, de Martinique ou va savoir d'où, ne sont que des ânes. Ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient. Non mais ils croyaient quoi ! Qu'on allait changer nos modes de vie, qu'on allait se mettre à manger exotique à chaque repas. Des idiots prétentieux et fainéants. Ils ouvrent - ils ferment. On ne met pas la clé sous la porte au bout d'un trimestre, on persévère. Fidéliser une clientèle c'est un travail de toute une vie. Ils pensaient s'enrichir en trois mois ! Quelle prétention, quelle arrogance. 

     

    Maintenant la vitrine est couverte d'un grand drap blanc - ridicule- et ils vendent leurs plats dans une fourgonnette. On dit que cela marche. Je doute que leurs livres de comptes soient aussi optimiste. Encore des gens qui vivent des aides sociales. Ils doivent avoir faire un dépôt de bilan, et vendre maintenant le reste de leur stock sans autorisation.

     Ils ont bien de la chance que personne ne les dénonce.

     

    Après la fermeture, j'ai à nouveau remué ciel et terre pour récupérer le fond de commerce, mais impossible de les déloger. Le maire et le notaire doivent être manipulés par une grosse légume. Le crédit agricole aussi. Je voudrais bien savoir qui est l'individu qui se cache derrière eux. D'ailleurs qui les a fait débarquer à Saint-Méen-le-grand ? Du jour au lendemain voilà une quinzaine de semi-noirs qui débardent. Trois étages de chez Barbançon sont loués, l'école gagne cinq enfants en maternelle et autant au collège. Du jour au lendemain comme ça, voilà, on leur ouvre les bras et ils passent avant tout le monde. Et tout ça pour quoi ? Pour un drap blanc et une fourgonnette qui sillonne la campagne. Bon résultat.

     

    Si j'étais mauvaise, je les aurais dénoncé au fisc. Impossible que des gens pareil respectent les lois françaises. Ils ont de la chance que je sois bonne.

     

    Et puis Charlotte nous a annoncé sa grossesse.

    Un enfant sans père ! Dans notre famille ! Une honte. Un véritable cauchemar.

    Tous les mois suivants ne furent qu'enfer. Mais de qui tient-elle un caractère pareil  ? Je ne l'ai pas élevée comme ça.

    L'homme marié qu'elle cache a réduit ma fille en esclavage, pire, en zombie. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Jamais avant elle n'avait eu de secret pour moi, sa mère. Nous nous sommes toujours tout dit.

     

    Sûr que le jour où je découvrirai l'identité du type qui a mis ma fille enceinte, je lui rendrai la monnaie de sa pièce. Il ne l'emportera pas au paradis. Si il croit que l'on peut souiller ma  famille comme ça, il n'a rien compris. Cela me prendra le temps qu'il faudra, mais il divorcera, reconnaîtra mon petit-fils et épousera ma fille. Si il croit que l'on peut déshonorer une Brahic / Truiten comme ça, il n'a rien compris. Non vraiment rien compris. Il va le payer très très cher.

     

    La librairie, l'emplacement de la librairie :  Comment n'y ai-je pas pensé ? C'est mille fois mieux que le magasin de chaussures.

     

    Au déjeuner sur le pouce.

    J'ai ce nom depuis au moins vingt - vingt cinq ans.

     

    Papa était boucher et n'a jamais voulu  faire autre chose.Yves est parvenu à ajouter une dimension traiteur. Papa ne le supportait pas dans ses pattes, ainsi il l'a éloigné. Dire qu'il nous a fait avoir une partie boucherie pour nous aider à tenir financièrement ! Aujourd'hui 25% de sa surface de vente est en traiteur et lui fait, enfin me fait, 42% du chiffre d'affaire. Et si dans la boutique traiteur, nous avons gardé ses 25% de la surface en boucherie, ils ont bien du mal à représenter 10% du C.A. Je les garde pour faire plaisir à trois quatre vieux. La loi des 20 - 80 se vérifiera toujours. 20 % du stock représentent 80% des ventes. Mais si on enlève les 80 qui ne nous font gagner que 20%, les clients sont mécontents. L'être humain est idiot. Il achète toujours la même confiture de fraise mais il veut qu'elle soit entre les confitures de mirabelles, cerises, myrtilles, oranges... qu'il n'achètera jamais car il ne les aime pas alors qu'il n'y a jamais gouté.

     

    J'ai toujours fait ce que papa voulait, puis ce que Yves voulait, mais mon rêve à moi, juste à moi, c'est "Au déjeuner sur le pouce". Les gens n'ont plus aucun savoir vivre, aux États-Unis ils mangent en moyenne quinze fois par jour. Il faut cesser de penser : Repas = midi + soir. Aujourd'hui les gens mangent de 10h à 24h. Ils mangent dehors, les yeux et les doigts sur leur startphone.

     

    Moi j'ai toujours voulu offrir un troisième choix. Que la logique  sandwich ou  Mc Donald perde du pouvoir. Il y a aujourd'hui entre les deux une minuscule fissure qui demain sera un gouffre. Il est plus que temps d'être en lieu et place. Il faut ouvrir un lieu où on puisse s'arrêter pour manger à dix heures, à midi, à quatre heures, où on puisse s'assoir ou emporter, où on puisse manger avec les doigts ou avec une fourchette, et où même Titouan puisse manger. Parce que des marginaux comme Titouan, il y en a des milliers. Les végétariens, sont pareil aux homosexuels. Ils ne peuvent pas se reproduire pourtant à chaque génération ils sont de plus en plus nombreux. Il y a une contagion invisible mais véritable. Le monde est en pleine décadence. Celui qui sait mettre de côté ses valeurs, est au pied d'une mine d'or. Je suis au pied d'une véritable mine d'or.

     

    Au déjeuner sur le pouce va dépasser toutes mes espérances.

     

    Et Claudine va m'y aider.

    Savoir perdre un peu pour gagner gros. Je dois pouvoir faire coup double. Il nous faudra du pain. Mille fois Claudine s'est plainte que Émile et elle ne sont que salariés pour son père. Je vais prendre Émile en associé. Bien minoritaire, mais associé. Elle on la casera à l'arrière. Elle est trop fermière pour rester derrière un comptoir. Max ne pourra pas tenir sa seconde boulangerie ouverte sans eux, et avec une boulangerie de moins, les gens passeront au complexe que je vais ouvrir.

    Maman tu es un génie d'avoir ramener mon projet sur la table.

    Je vais réalisé mon rêve et Maxime tu repartiras. Crois moi, tu vas pleurer. Je suis mille fois plus forte que toi, je vais te dégommer. Tu retrouveras les bas fond.


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  • Quelque chose m'échappe chez Solène. Elle ne me dit pas tout. Elle cache quelque chose, c'est impossible autrement. Quelque chose m'échappe.

     

    Reprenons. Réfléchissons. C'est comme pour les lunettes. On les cherche partout quand elles sont sous notre nez. Ce qu'elle me cache doit être sous mon nez, tellement visible que je ne lui accorde aucune valeur. Reprenons méthodiquement sa vie. Et trouvons.

     

    Petites, comme plus grandes, Solène et Maxime étaient inséparables. Solène additionnait les caprices et Maxime se pliait en quatre pour la contenter. Leur amitié m'a toujours semblé bancale, néanmoins elle s'est prolongée dans le temps à croire que les deux filles y trouvaient satisfaction.

     

    Ensuite Solène a emménagé avec Yves. Il a donc remplacé Maxime comme larbin, aussi elle a licencié son amie. Enfin voilà ma façon de résumer ce qui c'est passé et je ne doit pas être bien loin de la vérité. Je ne sais donc pas vraiment quand, comment, pourquoi les deux filles se sont éloignées l'une de l'autre, Solène n'étant plus sous mon toit,  Maxime n'y passant plus, très logiquement.

     

    J'ai su que Maxime n'était plus du paysage  au moment du mariage, de la naissance de Titouan. Claudine fut la témoin de Solène. J'avais été étonnée que ce soit cette soeur là. Je me souviens très bien en avoir fait la remarque à Solène, et n'avoir pas obtenu une réponse cohérente. Aurais-je dû pousser plus la réflexion, enquêter ? A l'époque les ami(e)s de ma fille n'était pas du nombre de mes préoccupations premières. 

     

    Maxime  ne réapparue pas au moment de la naissance de Titouan, n'en fut donc pas la marraine. Je n'en fus pas surprise et déjà, autant le reconnaitre, je l'oubliais. Enfin non je ne l'oubliais pas, Claudine était en plein militantisme anti sa fille, il aurait été donc difficile de l'oublier. Pour être honnête je n'aurai pas aimé que Solène la choisisse pour marraine. Donc je ne l'oubliais pas, je m'en étais déjà coupée affectivement.

     

    C'est étrange comme on peut sans vraiment s'en apercevoir laisser sortir une personne de sa vie. Elle venait à la maison, elle ne venait plus. Et rien. Aucun regret, aucun envie d'encore, pire quand Claudine a raconté à qui voulait l'entendre et même aux autres, que sa monstrueuse fille venait d'assassiner son petit-fils, même si l'image était au antipode de ce que j'aurai imaginé Maxime capable, rien en moi ne m'a poussé à m'interroger, mieux à la rencontrer. Oui comme Solène, j'ai abandonné Maxime. Solène devait avoir une raison, mais moi ?

    Passons le sujet n'est pas là.

     

    Chacune de son côté, elles ont eu leur fils.

     

    Maxime, habitée de je ne sais quel Démon, a tué son fils. Pauvre bébé. Dire que je ne l'ai même jamais vu. Je ne suis pas allée le voir à la maternité. Je ne crois pas que j'ai été mise au courant du moment où elle y était. Qui des deux a accouché la première, d'ailleurs, Solène ou Maxime ? J'ai su Maxime enceinte. Elle a quitté Saint-Méen-le-Grand et mon centre d'intérêt. Titouan est né le 5 janvier 1990. Le petit de Maxime est peut-être bien né entre noël et la fin 89, je ne le sais même pas. Je ne sais pas plus qui fut son père. Qui fréquentait Maxime à l'époque ? Aucun souvenir. Il faudrait que je le demande à Claudine où à Maxime elle même. Claude n'a jamais lâché un nom. C'est bien étrange ça aussi. Mais là je m'écarte de mon sujet : Que me cache Solène.

    Passons le sujet n'est pas là.

     

    Je ne suis pas allée à son enterrement. J'aurai dû... Aurais-je dû ... Non... Oui... Pas pour Maxime mais pour lui. Il ne méritait pas une vie si courte. De toute façon, Claude a caché sa mort aussi longtemps qu'elle l'a pu. Donc même si je l'avais voulu, je ne l'aurais pu.  Comme ce fut bien pratique !

     

    A bien y réfléchir, elle non plus n'a pas eu un comportement bien net. Claude, je parle de Claude. Elle a caché la grossesse de sa fille, l'identité de son gendre, la mort de son petit fils, et ensuite, si elle avait pu louer tous les panneaux 4 par 3 de la commune, pour annoncer à la face du monde son grand deuil, elle l'aurait fait. Maxime est devenue celle qui avait brisé le cou de son fils et le coeur de sa mère d'un même geste.

    Grand étalage d'ordures. Étrange technique publicitaire pour la boulangerie.

    Passons le sujet n'est pas là non plus.

     

    Revenons aux filles. Les voilà donc séparées géographiquement. Histoire classique de la vie qui passe.

     

    Mais mieux que de se faire un nouvel ami, tous, nous rêvons en secret, de retrouver un ancien ami. Le mien s'appelle Sylvie. Je doute qu'une seule personne sur Terre, ayant dépassé cinquante ans, vive sans porter en elle l'absence d'une amitié.

     

    Ce qui arrive à Solène et Maxime est tout simplement merveilleux. Pourquoi donc Solène refuse-t-elle autant sa chance ? Même deux vieux chiens sont heureux quand ils se retrouvent.

    Pourquoi Solène veut si fortement l'éloignement de Maxime ?

     

    Retrouver une personne perdue c'est miraculeux. Ensuite il est possible que l'on réalise que nous n'avons plus rien à nous dire, mais au moins une semaine, un jour, on est heureux. Solène ne fut pas comblée trente secondes. Dès qu'elle a eu vent du retour de Maxime elle est entrée dans une colère froide. Vraiment pas normale comme réaction au vu de tout ce qu'elles avaient partagé.

     

    Solène cache quelque chose, c'est impossible autrement. Quelque chose que Maxime doit savoir.

     

    Quand j'ai rencontré Maxime, elle a eu un comportement prévisible. Elle m'a dit qu'elle serait heureuse de passer un dimanche à la maison. Mais ensuite son visage s'est fermé. Triste, elle a ajouté que Solène ne saura assurément pas du même avis. Maxime est donc au courant que Solène n'apprécie pas son retour.

    Ce sont-elles vues ? Oui, évidemment, sinon comment Maxime connaitrait les sentiments de ma fille ?

    Où alors elle en a peur. Non elle n'en a pas peur. Quoique.

     

    Si elles avaient fait quelque chose de mal, de vraiment mal, elles devraient restées unies.

     

    Maxime n'a pas de peur, elle est triste. Solène est furieuse, c'est donc elle qui est habitée par la peur.

    Elle seule à mal agi.

     

    Maxime risque de la faire chanter.

     

    Mais c'est ça. J'y suis. J'y suis, c'est exactement ça. Andrée, tu es un génie. Maxime sait une faute que Solène a accompli et l'a faite chanter.

     

    Quand Maxime est partie, elle n'avait pas d'argent. Nous avons toujours payé Solène pour son aide à la boucherie, au même titre qu'un apprenti. Ses parents ne leur versaient jamais un franc pour les heures qu'elles passaient à la boulangerie à servir les clients. Mille fois elle m'a avouée sa stupéfaction. Elle ne criait pas à l'injustice. En petite fille bien docile, papa maman avaient raison et nous, et bien nous, nous étions trop généreux. Claudine elle rageait, elle voulait que ses parents la récompense pour travail fourni.

     

    Maxime n'avait pas d'argent. Solène lui en a donné.

    Solène ne donne jamais rien. La générosité pour Solène existe, mais elle ne va que dans un sens : tout pour elle. Solène ne lui aurait jamais donner de l'argent pour l'aider, même si Maxime l'avait suppliée à genoux, lui avait promis de la rembourser au plus vite. Si Solène a payé, c'est qu'elle était acculée.

    Maxime a fait chanté ma fille.

     

    Maxime a fait chanter Solène et Solène a payé. C'est que cela devait être grave, vraiment grave pour que Solène paie. Qu'a-t-elle bien pu faire comme honneur ?

     

    Maintenant Solène doit avoir peur de devoir payer à nouveau pour prolonger le silence de Maxime.

     

    Mais que sait Maxime que Solène tient tant à cacher ?

    Que cache Solène ?

     

    Titouan.

     

    Évidemment, Titouan. Je savais que c'était sous mon nez, bien visible.

    Yves n'est pas le père de Titouan.

     

    Les frères Truitens sont la réplique de leur père, des courtes pattes et des torses longs sans épaules. Ils sont gras, lourdauds. Titouan présente une merveilleuse aisance dans sa démarche, il est grand, fin. Il est bâti comme un lévrier. Les bassets hound  ne font pas des galgos. Titouan a un nez aquilin. Les Truitens n'ont pas des becs d'aigle pour nez, ils ont des narines de bulldog, des nez de boxeurs en fin de carrière. Chez les Brahics nous avons tous le nez droit, plus ou moins long, mais toujours très droit. Et le menton pointu de Titouan, il vient d'où celui-là ? Les Truitens comme les Brahics ont des mâchoires carrées. Charlotte n'y a pas échappé.

     

    Titouan n'est pas le fils de son père, je l'ai toujours su,  et je suis sûre que Yves aussi. C'est probablement pour cela qu'il a toujours été très dur avec lui. Son homosexualité, son végétarisme ne sont venus qu'après. Yves n'est pas aussi idiot que Solène aime à le croire. Comme moi il doit savoir depuis le début qu'il n'est pas le père de son fils, et comme moi depuis toujours, il vit sans jamais creuser plus le sujet. Où alors il le sait. Oui, lui doit le savoir. Solène s'est mariée enceinte. Mais pas enceinte de Yves.

     

    Les trois filles Solène et les deux soeurs, Maxime et Claudine ont passé toute leur jeunesse avec les frères Truiten, soit Yves, Loïc, Raoul et Yannick. Il y avait aussi Luc et Paul. Claudine et Paul ont formé un couple un moment, mais jamais Solène ne fut la petite amie de l'un des frères. Comme Maxime, les garçons ne semblaient pas vraiment l'intéressée. Et puis un jour , la voilà qui nous annonce, comme elle nous aurait dit que nous allons acheter de la peinture pour repeintre sa chambre, qu'elle allait épouser Yves et que ce serait bien qu'il travaille avec nous. A table Élie n'a rien dit, mais une fois au lit, il a bougonné. Qu'allait-il faire dans son laboratoire d'un garçon qui avait un CAP de mécanique auto ?

     

    Yves doit savoir l'identité du père de Titouan. Il n'a épousé ma fille enceinte que pour entrer dans la famille, avoir une situation. Il n'y a jamais eu d'amour entre eux. Voilà bien une chose que j'ai toujours su.

     

    Qui est le vrai père de mon petit fils, alors ?

    Solène ne l'avouera jamais.

    Yves a tout à perdre si il parle.

     

    Il ne me reste que Maxime. Maxime parlera. Cette petite me le dira.

    Solène, ma fille, ton secret ne va plus vivre longtemps.

    Maxime me parlera.

     

    Et cela ne me coûtera pas un sou.


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  • A - Si je résume ta pensée, tu veux prostituer ta mère.

    S - Maman mais que dis-tu là ? Ai-je utilisé ce mot ? Non. J'ai juste parlé de te rapprocher de Max Léonard. Papa l'a toujours apprécié. Toi aussi que je sache. Il est bel homme, bien conservé. Peu d'hommes de son age ont encore autant de cheveux que lui. Et sa vitalité. Il a de l'humour aussi, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

    A - Il est gros et taiseux.

    S - Au fil des années vous vous êtes perdus de vu alors que vous êtes voisins. C'est dommage. Tu connais les hommes, ils se jouent superhéros mais ils sont perdus sans une femme. Ce sont tous des forts en gueule, mais de gros lâches dans la vie. Tu te souviens ce que disait Claude : les hommes ont des couilles en décoration et les femmes en ont dans les tripes. Elle avait raison. Le monde est dirigé par les femmes, tu le sais aussi bien que moi. Les hommes signent au bas des pages mais tout le boulot est fait par les femmes. Je te disais juste de lui passer un petit coup de fil, de l'inviter à dîner. Je ne vois pas où est le mal, maman.

    A - Et tu veux surtout que je le fasse mettre sa fille à la porte.

    S - Maman tu sais comme moi qu'un commerçant est une personne exposée. Elle ne peut ni faire de la politique, ni se mettre quelqu'un à dos. Le moindre faux pas et c'est le chiffre d'affaire qui coule.

    A -  Je ne te comprends pas Solène. Maxime et toi vous avez passé toute votre enfance ensemble. Avec Claudine aussi, mais tu as toujours été plus proche de Maxime que de sa soeur. Toutes vos premières fois vous les avez vécues ensemble. Ce n'est pas rien ça, cela marque une vie. Maxime a été comme ta soeur sur des années. Pourquoi l'accabler aujourd'hui ? Je vais te dire ma fille. Si j'invitais Max à manger, ce qui n'est pas une mauvaise idée en soit, je lui dirais que je suis heureuse qu'il ait accueilli sa fille. Car c'est vrai, son retour me fait plaisir. Et puis c'est le rôle d'un père d'être là quand son enfant est dans le besoin. Quelque soit l'âge de l'enfant. J'ai toujours apprécié Maxime. Tu le sais très bien. Je me souviens d'elle comme d'une petite fille timide, polie, suiveuse, manquant certes de force de caractère mais bien gentille et très bien élevée. Elle t'adorait pour ne pas dire te vénérait. Pour ne rien te cacher, Solène, pas plus tard que ce matin je l'ai prise dans mes bras.

    S - Tu as pris Maxime dans tes bras !

    A - Oh Solène ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas une criminelle, une terroriste. Elle n'est pas porteuse d'une maladie contagieuse. J'ai été heureuse de la revoir au bout de toutes ces années. Oui heureuse. Et je crois qu'elle aussi fut contente de pouvoir m'embrasser. Elle me l'a dit : elle a de très bons souvenirs à la maison.

    S - Tu es folle Maman de t'exposer avec elle ainsi.

    A- Solène, que de grands mots ! Je ne me suis pas exposée. Ne te trompe pas, je suis bien consciente que tu as raison. Elle fait du tord au commerce de son père. Les gens ici n'aiment pas les personnes comme elle. La famille c'est sacré, on ne tue pas ses enfants. Mais je vais te dire ma fille : tu es sotte. Max ne mettra jamais sa fille à la porte. Si il l'a reprise chez lui, ce n'est pas pour la rejeter ensuite. Tu sais comme moi qu'il ne vit pas en dehors de son fournil, ce qui se passe dans la rue, il l'ignore, donc si son chiffre d'affaire coule il ne saura pas en dire la raison. Et comme maintenant les comptes sont entre les mains de Maxime, elle seule devra en tirer les conclusions qui conviennent.

    S - C'est pour ça Maman que je te dis qu'il faut que tu te rapproches de Max, pour lui ouvrir les yeux. Il va perdre ses boulangeries sans rien voir venir.

    A - Solène, je te connais. Ne me fait pas croire que cela te désolerait que les Léonards ferment boutiques. Je me souviens très bien quand ils ont repris le local des Cossons. Tu pensais qu'ils fermeraient leur boulangerie collée à la boucherie et tu t'es réfugiée chez eux, sans attendre, pour leur faire une offre. Tu es revenue malheureuse comme les pierres quand tu as compris qu'ils ouvraient un second commerce, que nous ne pourrions pas agrandir. Alors aujourd'hui n’essaies pas de me faire croire que cela te ferais mal au coeur d'apprendre qu'ils enclenchent une procédure de dépôt de bilan. Oublis Maxime et songe à la librairie qui va fermer.

    S - tu changes de sujet là.

    A - Mais non ma fille, je ne pense toujours qu'à ton bonheur. La librairie. Songe à son emplacement, c'est le meilleur de la commune. Tu crois que le fond de commerce va rester libre combien de temps ? Solène, réfléchis. Tu vois où je veux en venir ?

    S - Au " Déjeuner sur le pouce". 

    A - Vas voir la mère Maündec'h. Tu ne voudrais pas que Maxime soit plus rapide que toi.

     


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