• Mon Dieu ce qu'elle a vieilli ! Je l'aurai croisée dans la rue, je ne l'aurai pas reconnue.

     

    Enfin elle est tout de même plus présentable que sa sœur. Claudine ressemble à une boulangère des années cinquante, et encore, des années cinquante d'une campagne arriérée. C'est abominable de porter des blouses de paysannes dans un commerce en 2015.

     

    Et comme elle est grosse!

    Et sa coupe caniche !

     

    Emile il n'y peut rien, il frise naturellement, mais elle, pourquoi se fait-elle faire des permanentes caniche ? C'est une honte que la coiffeuse ne lui ouvre pas les yeux sur la laideur de l'ensemble. Je ne sais pas où elle va se faire friser mais ce salon mériterait d'être fermer pour nuisance à la dignité humaine. Comme si Claudine n'avait pas assez de son double menton. Enfin on ne coiffe pas d'un caniche, une tête de Shar Pei.

    Vraiment Claudine fait fond de terroir.

     

    Maxime n'est pas belle, pas très fine mais bon, elle a un poids acceptable alors que Emile et Claudine on dirait des bouchers qui se goinfrent jour et nuit. Les cochons dont les Truiten tirent leurs jambons sont moins porcs qu'eux. Ils ont le profil de charcutiers alors qu'ils sont boulangers pâtissiers. Un comble.

     

    Maxime fait dame de la ville. Pas Paris ou New York. Pas Rennes ou Nantes non plus mais Dinan, Lamballe, Loudéac. Jamais je ne porterai jamais le sosie son pull vert clair, mais bon, c'est un pull qu'elle n'a pas tricoté en attendant les clients, on voit que c'est un beau pull fin, certes il est en laine mais il est léger, raffiné, il n'est pas comme ceux de la collection à torsades de Claudine.

     

    Le tricot de Claudine sur le comptoir ! Franchement comment Max peut le tolérer ? La mère était pareil. Enfin elle était pire encore, elle pouvait repriser des chaussettes derrière sa caisse.

    J'entends encore Claude se justifiant : " je ne peux pas rester inactive".

     

    On n'a jamais vu ça nul par ailleurs, une grosse dondon en blouse de paysanne, assise devant ses baquettes et qui tricote en attendant le chaland. Dire qu'elle a la réputation d'être très douée en tricot. Mais peu importe qu'elle soit douée, qu'elle le fasse sur son canapé si elle veut mais pas sur son lieu de travail, enfin. Est-ce que Oksana répète ses textes en postillonnant sur les éclairs au chocolat ? Non. Comment Max peut fermer les yeux sur sa souillonne de fille ?

     

    Max ! En voilà un qui, en dehors de bougonner,  ne sait prendre aucune décision. Cela a toujours été Claude qui portait le pantalon à la boulangerie. Il vivait au fournil pour ne pas la croiser.

     

    Dire qu'il aura fallu attendre d'avoir quarante six ans pour avoir une vraie conversation, avec Maxime. Nous avons passé plus de dix années dans la même classe.

    C'est tout de même étrange qu'elle fut face à moi, si franche.

    Jamais je ne lui aurais imaginée une vie si vide.

     

    Elle m'a toujours parue être de ceux qui savent où ils vont, ce qu'ils veulent. Moi enfant j'étais si, si quoi d'ailleurs ? Si protégée ? Si immature ? Je rêvais au milieu de ma collection de poupées pendant qu'elle servait les clients. Ma vie m'offrait le luxe de ne pas grandir trop vite et le luxe de sa vie fut d'entrer dans le monde des adultes sans attendre. On aurait pu croire qu'elle aurait été plus armée que moi pour affronter la vie. A l'entendre c'est une femme sans force.

     

    Je me souviens avoir toujours eu envie de savoir si elle avait le droit de piocher dans le bocal à bonbons.

    Au vu du quintal de Claudine, pas de doute, celle-là y pioche aujourd'hui.

     

    Quand Emile et Claudine s'allongent au lit le soir, les ressorts du lit ne doivent pas apprécier. Combien peut-elle bien peser ? Edmond fait quatre-vingt-quatre kilos, Emile en fait largement vingt à trente de plus. Et elle ? Elle doit faire mon poids additionné à celui d'Edmond. Quel horreur ! Ce n'est plus une femme, c'est un monstre. Elle doit bien utiliser soixante cinq pelotes pour se faire un pull sans manche.

     

    Claudine était dans la classe d'Edmond, alors que Solène, Maxime et moi étions dans une autre, avec trois années de retard. On entrait en sixième qu'ils passaient en troisième.

     

    Solène ! Une vraie femme d'affaire celle-là.

    La petite boucherie de ses parents , elle en a fait une enseigne. Andrée est vraiment fière de sa fille.

    Et voilà la nouvelle génération d'arrivée. Si le petit Lou Evan ressemble à son oncle il n'est pas prêt de reprendre la boucherie.

     

    Pauvre Solène, elle s'est battue comme une lionne pour que la boucherie de ses parents deviennent une boucherie /traiteur, incontournable sur tous les marchés, de tous les banquets, et aucun de ses enfants ne l'épaulent. Elle ne sait pas leur offrir un espace de liberté. Elle est leur mère, elle les a porté, a souffert en les mettant au monde, elle sait donc mieux qu'eux ce qui est bon pour eux. Il lui faudra quel âge pour comprendre que l'essentiel est que ses enfants vivent, non qu'ils soient premiers de classe ou payant de fort impôt.

     

    J'aurai tellement aimé François Xavier si il avait été alcoolique, fainéant, délinquant, enfermé en prison pour soixante ans.

     

    Il ne faut pas que j'y pense. Maxime va me foutre le cafard.

    Quelle heure est-il ? 11h36. Je vais passer en vitesse à l'institut prendre un rendez-vous pour Charlotte. Pour dans quinze jours, trois semaines. Après un accouchement rien ne vaut une séance de massage.

     

    Cela me ferait plaisir que Jean Charles soit le père du bébé, mais comme dit Edmond, il ne peut pas coucher avec les deux. C'est une gentille fille Charlotte, je voudrais bien être la grand-mère de son pépé. Peut-être que Jean Charles couche avec les deux.

     

    Je serais tellement heureuse que mon fils est une sexualité.


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  • M- Bonjour.

    MN- Bonjour. Je viens chercher la mousse de mangue en coque de chocolat surprise pour 8 personnes. Il me faudrait aussi une festine et un pain moulé.

    M- Le gâteau est réservé à quel nom, s'il vous plait ?

    MN- Tu ne me reconnais donc pas. Je devrais pourtant être imprégnée dans ta tête vu le nombre de fois où tu m'as torturée.

    M- Pardon. Je pense Madame, que vous me confondez avec une autre personne.

    MN- Mais non Maxime, je ne te confonds pas. Tu as donc oublié comme les truites se sont acharnées contre les peaux-rouges.

    M- Pardon ! Les truites ? Les peaux rouges ? Oh non de non, mais oui les peaux rouges, oh là là, tu me fais faire un bond dans le temps.

    MN- Tu t'attendais à autre chose en revenant ici.

    M- Les peaux rouges ! Tu as raison j'ai été atroce avec elles. Laisse moi me souvenir. Il y avait Régine et Sandrine et puis aussi ... C'était quoi son prénom déjà... Laurence, oui bien sûr Laurence et et et Marie Nelly Corouge la fille du notaire, la chef du clan.

    MN- Belle mémoire. Juste un peu lente au démarrage mais belle mémoire. Une faute pour un détail tout de même. Peau-rouge vient de Corouge, vous n'aviez pas d'imagination, c'était facile. ça c'est bon, mais, il n'y avait pas vraiment de chef. Si tu en veux un alors il faut nommer Laurence. Elle était la plus forte, ou disons la moins influençable par les autres. Alors selon toi, je suis laquelle des peaux-rouges ?

    M- Marie Nelly. Il n'y a que toi à quarante six ans à pouvoir afficher une silhouette de mannequin et à oser s'habiller avec plus de bijoux que de tissus. Et même en ce mois de novembre. Tu as des nouvelles des trois autres ? Elles sont restées dans le coin ? Laisse moi deviner, en souvenir de la jeunesse, vous militez pour le respect des droits d'une vraie tribu peau-rouge et vous vous rendez régulièrement en Amérique.

    MN- Non pas du tout. Régine est devenue institutrice. Elle a commencé en région parisienne et ensuite elle est descendue en Vendée. Je le tiens de sa mère que je vois au marché. Sandrine je ne sais rien d'elle, et pour ce qui est de Laurence elle s'était mariée avec le frère de Benoit. Ils sont partis dans le Juras où quelque part par là. Ensuite ils ont divorcé. Il est revenu dans la région contrairement à elle. Je le sais par la mère aussi. Tu la verras, même si ce n'est pas le pain qu'elle consomme le plus. Pauvre Benoit, sa mère est ivre de janvier à décembre, jour comme nuit. Laurence a les enfants avec elle, le père ne les voit jamais. Ce qui ne semble pas le déranger mais sa mère voudrait bien être une vraie grand-mère. Que ferait-elle des enfants ? Elle leur apprendrait à compter les étoiles sur les bouteilles de vins ? Laurence a bien raison d'avoir coupé les ponts les Siran.

    M- Benoit ? Benoit Siran ? Cela ne me dit vraiment rien. Tu es sûre que je le connais ?

    MN- Évidemment. C'est l'autiste. Enfin à l'époque on n'appelait pas ça comme çà. Tu sais le gros môme qui fonçait dans les murs en hurlant et qui mordait tout le monde.

    M- Maintenant que tu le dis, je m'en souviens, mais je ne me rappelle pas qu'il avait un frère. Par contre je me souviens très bien que tu courais comme une malade derrière Edmond. Tu as fini par le rattraper ? Au moins pour un flirt qui puisse te permettre de réaliser qu'il n'était qu'un fils à papa pourri d'orgueil et de fric. Ce qu'il pouvait se la surjouer ce mec là ! Je n'ai jamais pu le saquer.

    MN- Je ne lui ai jamais couru après. Jamais. Dès que j'ai porté des talons de dix centimètres j'ai cessé de courir, donc non je ne lui courais pas après. Inutile de te pencher pour regarder mes pieds, évidemment que je n'en suis toujours pas descendue. Donc pour en revenir à Edmond, disons que je surveillais ses trajets, et que je me débrouillais toujours pour me positionner sur son chemin. Et cela ne marchait jamais. J'ai du attendre qu'il plaque toutes les filles de notre génération sauf toi car après ta belle confidence tu ne vas pas me dire que tu es sur la liste de ses ex. Ou alors je ne comprend plus rien.

    M- Il m'a draguée mais j'ai su me faire comprendre. Quel pauvre mec ce type. Mais qu'est-ce que tu lui trouvais ?

    MN - Ma consolation est qu'il m'a épousée. Tu ne l'as jamais su ?

    M - Tu as épousé Edmond, tu es madame Edmond Leleuc de la laiterie Leleuc.

    MN- Laiterie Entremont du groupe Sodiaal aujourd'hui. Claudine ne t'a jamais parlé de nous ?

    M- Pourquoi l'aurait-elle fait ?

    MN- A cause de Benjamin.

    M- Là il faut que tu m'expliques ce que le fils de ma soeur a comme lien avec ton mari et toi.

    MN- L'accident.

    M- Oh oui, merde, la gourde. J'avais complètement zappée.

    MN- C'est normal, cela n'a rien changé à ta vie.

    M- Mais cela à détruit la tienne.

    MN- Non c'est celle de mon fils que cela a détruit. Mais changeons de sujet veux-tu.

    M- Bien sûr, excuse moi. Je vais te chercher ton gâteau.

    MN- Ce n'est pas un sujet tabou, on pourra en reparler si tu y tiens, mais dit moi pourquoi tu es là toi ? Tu es tombée au chômage ?

    M- Non, je suis devenue un automate. Je n'ai rien vécu de douloureux comme toi, c'est plutôt comme si j'avais perdu la vie sans m'en rendre compte. Oh pardon, je n'aurai pas du dire ça.

    MN- Continue.

    M- J'ai une amie. Mickaelle pour ne pas la nommée. Ce que je vais te dire n'est pas beau mais c'est la vérité. Notre amitié je la vivais un peu comme le lien d'un maitre et son chien. Je décidais de tout et elle était heureuse avec tous mes choix. Je me suis toujours crue mieux qu'elle, parce que j'avais un mari, des enfants et que elle, elle n'avait que de stupides poissons rouges. Souvent je nous inventais des sorties, et franchement, c'est horrible à dire, mais je le vivais un peu comme si je faisais une bonne oeuvre, que j'allais consacrer trois heures ma belle vie à un pauvre chien d'une SPA en attendre d'une famille. Ce n'était pas qu'elle était dépressive, c'est que mon orgueil m'inventait une supériorité bien en décalage de la réalité. Mickaelle fait tous ses vêtements. Elle commence par les dessiner, puis pour voir ce qu'ils donnent, elle les confectionne en taille réduite. Elle a une poupée masculin qu'elle nomme Marlo et qui mesure environ un mètre. Alors tu vois entre Marlo et ses poissons je la trouvais un peu... Enfin benoitisée. Mais plus le temps a avancé puis j'ai réalisé qu'en vérité, cette fille je l'admirais. Elle est heureuse. Elle s'est construite un monde pour se protéger, et elle y est heureuse. Moi, et bien moi j'étais, tient j'étais comme le gâteau, une coque dure mais contrairement au gâteau à l'intérieur de moi il n'y avait que du vide. Je n'étais pas un maitre et elle un chien, elle était une île de joie et moi un bâtard crotté qui trainait autour d'elle sans savoir me faire adopter. Il m'a fallu des années pour réaliser combien la vie était éteint en moi. Roger, mon mari dit que j'ai tout pour être heureuse : une maison qui est finie de payer, deux filles, un mari fidèle qui ne boit pas, un emploi qui paie bien, une bonne santé, des amis. Il a raison, il ne me manquait rien, en extérieur mais à l'intérieur, en moi, il n'y avait plus rien. C'est horrible à dire mais je suis incapable de me souvenir de la dernière fois où j'ai été triste où j'ai été heureuse. Toutes les émotions m'ont désertée depuis, depuis, je ne sais pas. Je sais juste que j'ai fini par le réaliser, et c'est tellement laid, que l'idée de devoir restée automate jusqu'à mes quatre-vingt-dix ans soit encore autant de temps que celui que j'ai déjà passé sur Terre, cela m'a fait casser un mur de glace en moi. J'ai donné ma démission, j'ai lancé une procédure de divorce et je suis venue m'installer chez papa.

    MN- Et tu bosses à la boulangerie toi qui avait horreur de ça, gamine.

    M- Je crois surtout que je détestais servir du pain à un enfant de l'école. Je ne sais pas il y avait comme une forme de honte d'être la fille du boulanger. C'est peut-être pour ça que je détestais autant Edmond, je devais l'envier.

    MN- Claudine adorait. Elle n'a pas changé ta soeur, elle a toujours adoré tenir la caisse.

    M- Elle a toujours adoré tout savoir et tout répéter.

    MN- En déformant la réalité.

    M- Tu fais référence à l'accident. Bonjour.

    MN- Bonjour Madame Thiritel. Je te dois combien pour le gâteau Maxime.

    M- Les peaux rouges ont déjà payé. Je suis heureuse de t'avoir revue Marie Nelly.

    MN- Merci beaucoup. Et je ne parle pas du gâteau.

    M- Que désirez-vous madame ?

    MN - Et ma festine et mon moulé ?

     


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  • Est-ce que je l'aime ?

    Elle me fout dans la merde. ça je le sais, elle me fout dans la merde. Elle ne fait rien pour que je l'aime.

     

    Jamais de ma vie je ne me suis offert une voiture veuve Toute ma vie j'ai roulé avec de vieilles poubelles. Les jours de glace, non seulement il faut gratter le par-prise mais il faut aussi enlever la glace du par-brise à l'intérieur. Et les chauffages qui commencent à chauffer jusque quand j'arrive sur le parking, que j'éteins le moteur.

     

    Maintenant que la maison est payée,  je m'offre ma première voiture neuve.

     

    7 chevaux, diesel, 4 cylindres en ligne, 6 vitesses. Ce n'est pas un modèle de course. Elle n'a pas quarante mille options. C'est juste une voiture neuve. A 44 ans j'ai tout de même le droit, bordel. J'en ai marre de devoir toujours être un type raisonnable, j'ai le droit de vivre aussi, bon sang.

     

    286€ pendant 25 mois. Où est l'abus ? Même en me faisant plaisir je reste raisonnable.

     

    Maxime a attendu que ma 308 SW soit livrée pour lâcher son boulot, pour aller vivre chez son père, pour lancer la procédure de divorce et exiger que je lui rachète sa part de la maison qu'elle a fait estimer.

    112 m² habitable, sur 696m² de pelouse plantée.

    4 chambres, cheminée.

    182 000€.

    50% pour ses beaux yeux.

     

    91 000 €. Où veut-elle que je  trouve 91 000 €. Je vais devoir faire un prêt alors que j'ai déjà celui de l'auto.

     

    Merde!

    Elle avait un bon job, un bon salaire. Elle avait même un treizième mois. Je n'en ai jamais vu la couleur moi. Un treizième mois ! Nous en fin d'année on a le droit à un carton contenant une bouteille de whisky, une boite de pyrénéens. Je déteste ces chocolats, mais elle, elle s'en gave. Elle mange aussi la terrine de fois gras comme si elle était à elle. Il y a quoi encore dans mon carton ? A oui, formidable, à noël dernier il y avait des fruits confis, non des pâtes de fruits, des trucs immondes enfin pas pour Anastasia. Ce n'est pas avec ça que je peux rembourser mon prêt.

    Merde, je me suis investi dans cette maison, j'en au fait des travaux. L'isolation, les tapisseries, les fausses cloisons  à l'étage, et les placards, bon sang j'y tiens à cette maison,  je ne veux pas la perdre.

    Maxime le sait très bien, elle sait qu'elle aura son fric. Quelle salope.

     

    Mais pourquoi elle me fout dans la merde comme ça, elle me punit de quoi ? Je ne l'ai même jamais trompée, enfin si mais ça ne compte pas et de toute façon elle ne l'a jamais su.


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  • Je mens pour être gentille et j'obtiens quoi ? Je suis grosse. Pourquoi faut-il toujours qu'il finisse par être méchant ? Maman dit "Tu le connais c'est ton père", et alors, parce que c'est mon père ça lui donne le droit d'être méchant et si il était le père de Céline il serait gentil comme Emile ? N'importe quoi ! Je peux pas contaminer mon père avec ma méchanceté parce que justement je ne suis pas méchante. J'ai même donné un centime à un SDF l'autre jour.

    Je suis sûre qu'il était déjà méchant avant d'être mon père, avant d'être le père de Blanche et même quand il était le père de personne.

     

    Elle a bien eu raison maman de partir.

     

    Moi si j'avais un mari méchant je partirai aussi.  Non moi je ne l'épouserai même pas. De toutes façons je me marierai jamais. Ils sont tous nazes les hommes que j'attire. Quand je pense à ce vieux qui a au moins quarante ans, qui m'a offert une bouteille de champagne pour que je couche avec lui. Il avait du fric ! Une bouteille de champagne!!! Mais moi on ne m'achète pas. Et en plus j'avais dit que ce soir là, je boirais pas, conclusion j'ai picolé et conclusion de conclusion, j'ai été super malade le lendemain. Papa il s'en fout, il n'a rien vu. Papa il dit chérie mais il ne voit rien. Si maman avait été là, elle m'aurait encore accusée de trop boire et sa colère aurait abouti à sa phrase classique : elle ne me paiera pas mon permis pour mes dix huit ans.

    Maintenant qu'elle n'est plus là, elle va culpabiliser et elle va me le payer ou  va-t-elle dire "va voir ton père ?". Cette réplique là, je la connais par coeur.

     

    J'aimerai bien que vraiment mes copines  disent que maman est belle. Je ressemble à maman. Blanche ressemble à papa et c'est pour ça qu'elle est mince.

     

    Je n'ai pas de problème de poids, je suis belle, toute ronde mais belle. Il y a des grosses à l'école, je ne suis pas grosse. Les grosses elles ne savent pas courir, elles transpirent tout le temps, elles mettent du 54 et même pire. Moi je fais que du 44 comme maman. Je ne fais que du 95C, Pauline elle fait du 100F. Ce n'est plus un soutien-gorges qu'elle a mais une épuisette à saumons. 

    Pauline est grosse, pas moi.

     

    Papa est méchant envers moi, parce qu'il est malheureux que maman ne soit plus là pour lui.

    Il ne sait même pas où les choses  sont rangées à la maison, on dirait qu'il n'a jamais vécu à la maison avec nous.

     

    Je ne veux pas aller vivre à Saint-Méen-le-Grand avec maman et pépé. Je ne veux pas perdre mes amies. Blanche aime bien Céline mais pas moi. Elle n'a même pas voulu de moi comme copine sur Facebook. Sympa la cousine !

     

    Même si papa est méchant quand il a mal, je vais continuer à lui faire à manger, à lui faire son linge, et même je vais passer l'aspirateur dans sa chambre. Je veux qu'il me paie mon permis pour mes dix huit ans, parce que maman, maintenant qu'elle n'est plus là, elle ne le fera pas.

     


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  • A - C'est pas bon ?

    R - Pardon tu as dit quoi ma chérie ?

    A - C'est pas bon ? Tu ne manges pas, tu trouves que mes brocolis ne sont pas bons.

    R - Pardon ma chérie, je vais manger.

    A - Papa ?

    R - Je t'écoute , tu veux quelque chose ? Tu as assez d'argent ?

    A - Papa, tu penses que maman est partie parce qu'elle en avait marre que tu me dises "ma chérie" et que à elle, tu ne disais jamais autrement que Maxime ?

    R - Je ne sais pas ma chérie.

    A - Papa pourquoi à Blanche et moi, à nous qui sommes tes filles, tu nous dises toujours : ma chérie, mes chéries, et qu'à maman tu ne disais jamais rien de gentil ? Blanche et moi on se dit qu'elle est partie parce que tu nous aimes plus qu'elle.

    R - C'est plus compliqué que cela. Avec ta mère tout est toujours compliqué tu sais.

    A - Papa.

    R - Quoi ma chérie ?

    A - Tu crois que le juge qui va vous divorcer, peut m'obliger à aller vivre à Saint-Méen-le-grand chez grand-père avec maman ?

    R - Tu as 17 ans Anastasia, tu seras majeur avant que le divorce soit ... Et puis tu sais toutes les procédures n'aboutissent pas, ce n'est pas parce que ta mère veut divorcer aujourd'hui, que l'année prochaine nous le saurons. Elle peut changer d'avis.

    A - Tu aimes maman, papa.

    R - Bien sûr.

    A - Il faudrait peut-être que tu le lui dises. Tu veux que je t'écrive un poème d'amour pour elle ? Mes copines trouvent que je suis vraiment forte en poésie. Si tu veux je peux lui écrire un poème d'amour. On lui dira que c'est toi qui l'a écrit.

    R - Je suis fatigué Anastasia, s'il te plait va te coucher, laisse moi.

    A - Mais il est 19 heures 10, on est à table. Je veux manger moi.

    R - Alors mange, mais pas trop, tu dois surveiller ton poids.

    A - Je ne suis pas plus grosse que maman.

    R - Oui mais toi tu es jeune.

    A - Je vais manger dans ma chambre. Elle est belle maman. Tout le monde le dit. Beaucoup de mes copines aimeraient bien avoir une maman aussi belle. Et si vous divorcez j'irai vivre chez maman.

    R - Mais pourquoi faut-il toujours que vous fassiez des montagnes de rien ?


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  • Rassure toi mon bébé, les femmes ne sont pas toutes comme Oksana. Et rassure toi aussi, elle ne sera pas ta marraine.

     

    Tu vas découvrir mon petit cœur que la vie ce n'est pas toujours rose parce que les gens ne sont pas des anges. Mais la vie est belle, tellement belle.

    Mon petit amour si je pensais que la vie était moche, mais vraiment moche, jamais je ne t'aurai fait naitre.

     

    Tu vois en ce moment on entend souvent parler de la guerre, parce que nous sommes cent ans après celle de 14 /18. Les gens à la télé se demandent si ils auraient été de ceux qui montent au front ou de ceux qui font exploser des ponts dans la clandestinité pour stopper l'avancer de l'ennemi, mais jamais on ne parle des hommes qui ont levé leur fusil pour tirer en l'air afin de ne pas tuer un pauvre môme obligé par des gros gras cravatés cigare au bec de rejoindre les rats dans des tranchés en un pays qu'il faut conquérir pour aucune gloire pour leur père ou les fils qu'ils n'auront pas puisqu'ils resteront éventrés par une baïonnette dans un champs qui n'aura cette année là que du sang pour engrais. Pas plus on ne parle de ces femmes qui pour protéger leur bébé font des fausses-couches. Et bien tu vois mon bébé d'amour, mon Loulou d'amour si je pensais le monde laid, ma volonté si forte de te protéger aurait fait ton corps quitter le mien avant que ta petit âme vienne s'y installer. Oui mon bébé si tu es dans mes bras, sur ma peau après avoir grandi dans mes chairs c'est que je sais que du bonheur t'est possible, et bien plus qu'à ton tour.

     

    Alors c'est vrai, tu arrives dans une famille non conventionnel. Ton papa doit taire l'être. Tu ne pourras de toute ta vie jamais prononcé le mot papa, mais tu découvriras mon bébé que bien des petits garçons articuleront ce mot avec frayeur, crainte ou désespoir. Toi tu le tairas mais tu auras un père meilleur que beaucoup.

     

    Mon bébé il te faudra apprendre l'essentiel et le nuisible. Il te faudra apprendre à n'accorder aucune valeur aux langues de vipères et tu y parviendras parce que ton père t'aime, parce que ton père m'aime, parce que je t'aime, parce que j'aime ton père.

     

    Oksana n'est qu'une langue de vipère, elle n'est pas méchante, elle est comme beaucoup : simplette. C'est terrible comme les gens sont primitifs. Ils ont des beaux vêtements, des maisons perfectionnées mais ils sont bien moins civilisés que les rats.

     

    Mon Loulou chéri bébé, à la maison 4 copines t'attendent.

    Arachide est ma préférée, elle est blanche et noire. Tu verras elle est toute jolie avec sa tête et son dos noirs et son petit ventre et ses quatre petites pattes blanches.

    Praline, sa sœur, elle est toute blanche et bien plus timide. Elle n'aime pas trop être touchée, alors il ne faudra pas l'embêter.

     

    Pistache c'est un petit 4X4, elle court partout, elle est de toutes les folies. Elle nous fait bien rire. Pistache est d'un petit gris souris tout tendre. Elle est la copie conforme de sa mère Effiloche que tu connaitras puisqu'elle vit avec Jean Charles. Enfin peut-être pas, parce que Effiloche a eu ses deux ans le mois dernier et que si c'est merveilleux c'est aussi tragique car sa Mort approche.

     

    Et il y a aussi Cacahuète la chef d'équipe. Cacahuète c'est la sœur de Luciole. Tu vois Effiloche a bien voulu de Luciole mais je ne sais pas pourquoi elle n'a jamais accepté Cacahuète. Alors elle est venue vivre avec nous il y a trois ou quatre mois maintenant. C'est encore une gamine, elle a eu six mois 2 jours avant ta naissance. Luciole est toute noire alors que Cacahuète a juste la tête noire. Elle est toute blanche autrement.

     

    Ta mémé que tu as vu avant Oksana n'est pas bien contente que tu vives. C'est terrible comme elle ne peut pas simplement rester dans le présent. Quand Andrée, ma mémé, ton arrière mémé est venue, elle n'a parlé que de toi, si petit, si tout neuf, si joli et de moi, encore un petit fatiguée mais si merveilleusement heureuse de t'avoir.

    Maman n'a pas été capable de rester concentrée sur toi et moi en ce troisième jour de ta vie, non il a fallu qu'elle invente des avenirs qui assurément ne se réaliseront pas, il a fallu qu'elle m'accable pour des mots qu'elle est persuadée entendre sur les prochains jours et que personne ne formulera devant elle. Et bien sûr, elle a déjà accusé mes 4 petites copines de te faire du mal, d'avoir déjà programmé de te dévorer tout cru.

    Comme dit Titouan, elles sont nos gardes-du-corps car les sachant à la maison, personne n'ose frapper à la porte. Tu verras mon bébé ta mémé ne viendra pas de voir dormir dans ton lit car elle sait déjà qu'au fond de ta gigoteuse Bambi et Pampam, l'une d'elle se logera pour surveiller ton sommeil. Maman déteste les rats.


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  • Dans même pas 3 semaines j'ai 27 ans, c'est super vieux 27 ans. A 30 ans on est grillé.

     

    Mais comment elle a fait pour avoir un gosse sainte Charlotte ? Elle a regardé un charpentier sur un toit et elle est devenue la nouvelle vierge Marie ? C'est une sainte ni-touche cette fille, même au théâtre aucun mec ne peut la toucher. Comment elle a pu avoir un gosse ?

     

    Mille fois j'ai débarqué à l'improvise chez elle et jamais je n'ai vu un mec sortir de son pieu. Elle est soit toute seule soit avec l'éclopé soit avec son frère ou soit avec l'éclopé et son frère. Elle peut pas coucher avec Jean Charles il est PD comme un phoque.

     

    Merde alors elle s'est faite inséminer. Qui m'a dit ça, qu'il y avait des filles qui récupéraient les préservatifs de leur mec dans la poubelle pour en piquer les spermatos, les mettre dans une seringue pour s'inséminer toute seule ensuite.

     

    Merde alors  elle a piqué les spermatos de la tantouze pour avoir un gosse. Quelle horreur!

     

    Mais comment elle a pu savoir que c'était bien le préservation de Jean Charles et pas celui de Titouan ?

     

    Pauvre môme son père c'est peut-être aussi son oncle ! J’hallucine le père de Loulou c'est son oncle ! Tu parles que la Charlotte elle en pite mot à personne. La honte elle a pas pompé le bon préservatif.

     

    Non Charlotte aime trop son frère pour avoir voulu lui piquer son mec, même dans le dos. De toute façon avec les phoques c'est toujours dans le dos.

     

    Peut-être que c'est eux qui ont voulu qu'elle soit mère porteuse pour eux, et au final elle n'a pas voulu leur vendre le gosse. L'éclopé doit être vénère.

    Je peux peut-être aller leur proposer : moi ? Mais moi je m'insémine pas, moi je veux un plan à trois. 2 homos dans mon pieu avec leur petite queue qui n'a jamais vu une chatte, morte de rire.

     

    Je déconne comme une conne mais merde pourquoi elle a un gosse sainte Charlotte et moi je ne baise pas ? C'est atroce si toute ma vie j'ai pas de gosse. Je veux un tout petit gars à moi, un p'tit loulou avec des doigts si p'tits que je pourrai les croquer tout crus. Le père je m'en fous un peu, de toute façon les pères ça restent pas, mais un p'tit gars, j'veux mon homme de ma vie. J'veux un fécondeur aussi.


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