• J'ai totalement merdé sur ce coup là. Jamais je n'aurai dû lui parler d'Ovig. Charlotte est bien une fille, elle ne peut pas penser qu'un mec puisse songer à une meuf, sans que derrière, il y ait une histoire de fesses. Et encore, je suis poli.

     

    Yvane ! Comment pourrais-je vouloir mettre Yvane dans mon lit ? Ok elle est bien conservée, elle a de beaux restes, mais elle est vieille. Si j'étais vieux, je ne dis pas, je pourrais même la trouver pas mal. Peut-être. J'en sais rien. Mais je me fous de son cul, je ne l'ai même jamais regardé. Je ne passe pas mon temps à la zyeuter. Je ne l'aurai  jamais sortie de la masse si elle n'avait pas eu son tatouage.

     

    Bordel, c'est dingue cette histoire ! Comment elle a pu faire un truc pareil ? Depuis trois ans, je passe des heures, des mois à créer tout un univers, à inventer des mots, à vérifier sur internet qu'ils ne sont pas déjà existants et BOOM un jour, une fille se pavane devant moi avec le nom de la femelle principale. Il y a de quoi devenir dingue. Bonjour la provoc !

     

    Merde, je ne peux tout de même pas aller la trouver pour la questionner. Je ne veux pas lui parler de mon oeuvre. Si en plus elle est chiante comme Charlotte, je vais subir un interrogatoire, limite, la chienne, elle va vouloir me tirer les vers du nez avant de me raconter qui est Ovig pour elle.

     

    J'ai vraiment merdé sur ce coup là. Maintenant Charlotte va inventer je ne sais quoi à Titouan et ce qu'elle va raconter à Yvane sera encore pire.

     

    Jean Charles tu es un con. Aussi à la masse que ton frappé de frère. Qu'il pourrisse en enfer celui-là. Bordel, pourquoi je ne peux pas vivre sans m'y référer tout le temps ?

     

    Je déconne plein tube, là.

    Sérieux, je fais des tonnes de rien, je suis comme ma mère.

     

    Soyons logique. Rationnel. Zen.

    Ok, j'ai inventé des mots que je veux garder top secret et j'ai eu le sentiment d'avoir été violé quand j'ai vu Ovig sur sa main, mais je me monte le truc. Elle ne sais rien de tout ça, elle ne me connait même pas. Son tatouage, elle l'a depuis combien de temps, d'ailleurs ? Dix ans ? Quinze ans ? Je n'étais peut-être même pas né quand elle l'a fait. Enfin si tout de même, elle n'a pas l'âge d'être ma grande-mère. Elle n'a pas l'age de maman non plus. Je ne crois pas. Avec les couches de peintures certaines font illusion. Ce qui est sûre c'est que son tatouage doit être plus ancien que ma BD. L'essentiel pour moi ne doit être que détail pour elle. Enfin non, on ne tatoue pas un détail, Yvane n'est pas nulle à ce point là.

     

    Pour les filles, les trucs essentiels sont forcément des trucs affectifs. Elles n'ont rien de rationnel. Elles ne comprennent rien à l'engagement, au valeur, pour elles tout passe par le coeur. Même le prix des carottes, l’assaisonnement de la soupe.

     

    Ce n'est même pas la peine que je rencontre Yvane pour savoir qui est Ovig pour elle. Je le sais déjà. Elle va me dire que quand elle était petite, elle adorait son chien. C'est lui Ovig : l'inoubliable cabot. Ou alors c'est un chat. Les filles aiment les chats.

     

    La pire réponse qu'elle pourrait me donner : Ovig son rat adoré. Purée une gamine fan de rats, ça en jette.

    Oh là ! Si elle raconte ça à Charlotte je suis très mal. Elle va lui développer en long, en large et en travers, que j'ai chialé comme un môme la semaine dernière suite à la mort d'Effiloche. Elle va baver que je panique grave quand j'observe Luciole toute seule, toute triste. Tu vas voir, qu'elle va me dire que Yvane comprend ma peine. Merde elle est bien cap de nous inviter à manger chez elle, histoire de nous maquer.  Les chimères des filles, parfois c'est l'enfer. Pas de doute, être homo présent un max d'avantages.

     

    Sauf au lit .

    Mais qu'est-ce que j'en sais ?

    Merde c'est la rage, puceau à vingt cinq balais.

    Putain, je ne suis pas assez miséreux pour aller voir des putes, quand même.

    Ni pute - ni alcool - ni drogue.

    Je n'ai pas crevé dans l'accident, ce n'est pas maintenant que je vais me foutre en l'air.

    Plaisirs solitaire : voir tout ce qui t'est interdit.

    Pourriture de cercle vicieux.

    Ne pas y pénétrer - Jamais.

     

     

    J'ai totalement merdé sur ce coup là. Jamais je n'aurai dû parler de Yvane à Charlotte, elle ne va plus me lâcher avec ça maintenant. Les filles sont des glus. Tu leur parles d'un truc, dix ans plus tard, elles t'en parlent encore. Ce ne sont pas des cerveaux qu'elles ont, c'est un centre d'archives.

     

    Je vais avoir l'air con maintenant. Charlotte va lui raconter que je fantasme sur elle. J'ai vraiment, vraiment merdé sur ce coup là.

     

    Zen.

    Calme et rationalité.

     

    Non, mais non, Charlotte ne parlera pas à Yvane.

    Charlotte a trop peur que sa petite vie cousue de mensonges explose. Elle a déjà oublié le tatouage, elle n'a retenu que ce qui la concerne : son secret inavouable. Là elle doit être en train de me cracher dessus, de m'accuser de manquer de loyauté. 

    Comme si je devais sacrifier ma vie pour elle. Elle s'en fout de moi, elle ne pense qu'à elle. Je suis juste un gardien du temple, un garde du corps. Mes états d'âme, elle ne s'en préoccupe pas, je suis juste là pour ses besoins.

     

    Putain !

    Potes parce qu'utile.

    C'est beau l'amitié quand on y pense !

    Tu vas dans le même sens que moi : je t'adore.

    Tu fais un pas de côté : traitre, tu peux te casser.

    Oui c'est vraiment une invention de merde, l'amitié. Il n'y a pas plus d'amitié sur Terre que d'amour, il y a juste des agglomérats  de trouillards, des  pauvres pommes qui paniquent de grelotter seuls. Vraiment vaseux l'humain !

     

    Mais elle croit quoi, que son fils est un con. Il vit entre Titouan et elle. Il a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Si elle croit qu'il ne va pas savoir avec qui couche sa mère. Bien sûr qu'il va le savoir, il le sait déjà. Titouan me l'a souvent dit qu'il dort avec eux, souvent. Pour l'heure il ne parle pas, mais après, quand il parlera, il va lâcher le morceau.

     

    Quand Andrée  l'emmènera au bac à sable, quand elle le prendra pour le week-end où une soirée, qu'il passera un après midi avec sa grand-mère, elle croit quoi Charlotte, qu'il gardera ce qu'il a vu et entendu pour lui ? Mais un môme ne sait pas taire un secret pour la bonne raison qu'il ne peut pas en comprendre la raison. Les mômes vivent dans la vérité. ça gave les secrets. C'est une invention d'adultes, le secret. Les mômes assument tous. Les mômes sont libres d'eux. Grandir c'est s'engluer dans des peurs. Vieillir c'est passer son temps à construire des murs de protection pour lutter contre des envahisseurs. Que de débilité ! L'ennemi majeur est en nous, non en un autre que nous.

    Mais pourquoi mes meilleurs amis sont deux nigauds, deux trouillards ?  Suis-je si bas de gamme ? Putain oui. Je ne serais pas puceau sinon.

    C'est comique quand on y pense. Je ne baise pas et j'en crève. Eux le font et en crève aussi. Quelle bande de blaireaux nous sommes !

     

    Je ne comprends même pas comment il est possible que je sois le seul à avoir compris. Oksana est toujours fourrée chez Charlotte. Cette fille ne doit penser qu'à son nombril pour ne pas savoir qui est le père de Loulou. Quand elle rencontre Charlotte, ce ne doit être que deux monologues, deux lignes parallèles. Charlotte qui baratine sur les prouesses de son bébé et Oksana qui déplore que ses fesses n'attirent les mains d'aucun mec. Enfin il parait que maintenant elle fricote avec Georgic. Il faut vraiment qu'elle est faim.

     

    Comment personne n'a encore compris ? Il faut vraiment ne pas vouloir savoir pour l'ignorer encore.


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  • C - Mais ne fais pas cette tête là, c'est comique, ta mère est géniale. Elle veut être grand-mère, c'est de son âge.

    JC - Il faut être une fille pour y voir une notion de comique.

    C - Attend, il y a tant et tant d'homos qui sont rejetés par leur famille, songe comme ils adoreraient que leur mère veuille créer une association pour aider les homosexuels à adopter.

    JC - Charlotte tu es aussi débile que ton frère. Merde, mais vous ne voyez rien ou quoi ?

    C - Je suis trop conne pour comprendre quoi ? Explique moi, toi qui es si intelligent.

    JC - Charlotte je ne baise pas avec ton frère.

    C - Et j'en suis ravie.

    JC - Moi aussi. Crois moi, moi aussi. Ma mère est comme un drone dont on a perdu le contrôle. Elle va s'écraser. Cela te fait marrer toi ?

    C - Jean Charles tu sais comme moi qu'elle a mille idées et n'en fait jamais rien. Tu te souviens quand j'ai dit que je me retirai de la troupe de théâtre. Tu te souviens de çà. Soizic et Oksana ne pouvaient pas se supporter à l'époque, donc l'annonce de mon départ a eu pour conséquence qu'elles ont voulu toutes les deux partir aussi. Et qu'a fait ta mère ?

    JC - Elle a convoqué toute la troupe à la maison, a annoncé qu'elle reprenait le poste, qu'elle allait même en devenir la couturière. Elle s'est inscrite à un cours de couture, s'est acheté une machine à coudre, une vingtaine de coupon de tissus, elle a dévalisé une bibliothèque rennaise spécialisée dans les pièces de théâtre, elle a  réquisitionné une pièce de la maison qu'elle nous a fait vider pour tout entreposer et ensuite elle est partie sur autre chose. La machine est toujours dans sa housse, les tissus, en tas dans un meuble et les pièces n'ont été lues que par toi, enfin pour certaines.

    C - Exactement. Ta mère n'est jamais venue à la moindre répétition. Madame ne se sentait jamais prête et n'a jamais rien fait pour le devenir. Elle apprend un truc, s'enflamme et le feu s’éteint aussi vite qu'il s'est allumé. Elle n'a pas aimé la prof de couture qui lui donnait des ordres alors qu'elle avait l'âge d'être sa fille, et la météo ne se prêtait pas à la lecture, donc elle n'a pas ouvert une seule pièce. C'est tout ta mère ça. Et tient le jour où elle a su que ton père, comme cinquante autres, allait peut-être rencontrer Bernard Hinault, elle a voulu que ton père se met au vélo pour qu'il ait du vocabulaire. Elle a dévalisé tout décathlon et ton père n'est toujours pas à fond la forme.

    JC - Oui mais là c'est différent. Cette fois il s'agit de moi.

    C - Jean Charles, c'est quoi exactement le problème ?

    JC - J'en ai marre. Nous sommes allés trop loin. Cela dur depuis trop longtemps. Merde elle me croit homo. ça me gave.

    C - Il faut que devant elle, Titouan et toi, vous vous engueuliez pour qu'elle croit que vous n'êtes plus ensemble. C'est aussi simple que cela. Ensuite pour passer d'homo à hétéro, tu sors avec une fille. Je peux prendre un nouveau téléphone pour t'écrire des sms enflammés, ça devrait plaire à ta mère çà. Tu me téléphoneras quand tu seras sûr que ta mère peut t'entendre. J'ai toujours adoré le prénom Diane.

    JC - Tu me crois vraiment incapable de plaire à une fille. Merci de me rabaisser, et merci de vouloir te sacrifier pour sauver l'infirme. Mais Diane ça ne va pas le faire, c'est un nom de chien.

    C - Tu es irascible aujourd'hui Jean Charles. Tu as rencontré quelqu'un ? C'est pour ça que tu es nerveux. Elle te plait autant  ? Tu as peur de la perdre déjà ?

    JC - Mais non mais écoute, je ne vais pas mentir toute ma vie à ma mère. Merde c'est ma mère.

    C - Tu nous lâches c'est ça ?

    JC - Putain Charlotte, c'est du sable moulant notre histoire. Tu ne vois pas comme on est tous en train de s'enliser actuellement. Je sais que ma mère en fait des tonnes pour rien ensuite, mais elle nous fait voir comme on déconne total. Il faudra bien assumer la vérité un jour. Ma mère c'est ma mère, donc tu t'en fous, ta mère tu t'en fous aussi, mais Lou-Evan, là c'est facile il ne parle pas, mais tu penses à la suite. Tu le regarderas dans les yeux toute ta vie pour lui mentir ? C'est ça l'avenir que tu envisages ? On va trop loin Charlotte. On doit se replier là.

    C - Tu es sérieux, je sais que tu es sérieux. Jean Charles tu es amoureux de quelqu'un ?

    JC - Lâche moi avec ça.

    C - C'est donc ça. Alors on est vraiment dans la merde, tu as raison. Titouan et toi vous devez rompre. Compte sur moi pour en parler à Titouan. Il ne va plus aller à la piscine chez tes parents pendant plusieurs jours, histoire d'alarmer ta mère et ensuite , je ne sais pas, il va débarquer pour que tu lui rendre quelque chose. Tu vas dire qu'il te l'avait donné, que c'est à toi, enfin, un truc comme ça, car il faut que le ton monte. Et tient, ensuite tu vas l'accusé de t'avoir trompé, et il va le reconnaitre. Enfin il faut que ta mère sache qu'il n'y a pas de réconciliation possible. J'en parle à Titouan dès ce soir. D'ailleurs, reste manger avec nous, comme ça on va pouvoir peaufiner le scénario.

    JC - Titouan va me détester.

    C - Non aucune chance, il sait ce que l'on te doit. Sans toi Lou-Evan ne serait pas né. Tu le sais ça. Tu es bien plus qu'un parrain pour lui, tu es celui grâce à qui il a pu naitre.

    JC - N'exagère pas trop, je ne lui ai pas donner mes pieds non plus.

    C - Je vois que tu retrouves ton humour. Elle en a bien de la chance. Elle se nomme comment ? Je la connais ?

    JC - Qui ?

    C - ton amoureuse, imbécile.

    JC  - Je ne suis pas amoureux.

    C - Ok donc elle s'appelle comment celle que tu n'aimes pas.

    JC - Ce n'est pas du tout ce que tu crois.

    C - Alors raconte moi que je ne sois pas obligée de faire comme ta mère, de tout inventer.

    JC - Je te raconte mais pas de question.

    C - Oui chef.

    JC - Depuis des années je suis sur une œuvre. Un truc super science fiction, un truc où toutes les lois, les codes, tout est différent d'ici.

    C - Ce n'est pas du tout ce à quoi tu nous as habitué jusqu'alors.

    JC - Ni question ni commentaire.

    C - Oui chef.

    JC - Peste.

    C - Donc...

    JC - Donc j'ai tout inventé.

    C - ça j'ai compris, les arbres ne sont plus des arbres mais des némasifs, les créatures ne sont plus des rats mais des glucos, et la planète et bien elle, elle c'est la planète ... vextrass du système VGX 49 HK.

    JC - Je vois que tu as compris le principe.

    C - Et alors quel rapport avec la femme que tu n'aimes pas ?

    JC - Ne l'appelle pas comme ça. Elle je m'en fous, mais elle a un tatouage. Tu as vu le tatouage d'Yvane*.

    C - Yvane a un tatouage !

    JC - Ses doigts, tu n'as jamais vu ses doigts. Putain on ne voit que ça. Sa main gauche, sur ses phalanges elle n'a pas des bagues, elle a des lettres tatouées.

    C - A oui c'est vrai. C'est bien fait, de loin on dirait des bagues mais oui si on regard de près, ce sont des lettres, une par doigt.

    JC - OVIG.

    C - Cela veut dire quoi ?

    JC - Bonne question.

     

     

     * C'est elle qui sera le personnage principal du roman "Kumara". Roman qui débutera à la fin rédactionnelle de "Mon fils". Nous y retrouverons également Jean Charles... Et Billy que vous ne connaissez pas encore.


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  • L'abcès a explosé et rien. Enfin si quelque chose : je tousse tout le temps. C'est étrange, en sortant de chez Andrée je me suis mise à tousser et depuis trois jours je n'arrête plus. Quelque chose au fond de la gorge me brûle.

     

    Je me souviens d'une histoire vraie que Mickaelle m'avait racontée après l'avoir lue. Je ne sais pas pourquoi elle m'avait tant marquée. Peut-être parce que moi aussi je passe devant un garage, enfin, je passais, devant un garage pour aller au travail.

     

    Un soir une femme annonce à son mari qu'elle le trompe avec l'ouvrier du garagiste. Le mari n'a aucune réaction sur l'instant. Le lendemain quand il  passe en voiture devant le garage où travaille l'amant, en une fraction de seconde, il perd la vue. Un voile rouge masque sa vision.  Plus de relief, plus d'ombres et lumière, plus d'espaces, juste du rouge, un écran rouge. Il parvient à se garer sans avoir d'accident. C'est un miracle. Les minutes, les heures, les jours passent, le rouge plein demeure. Aucune dilution, aucune forme ne se dessine. Juste du rouge. Un rideau lisse rouge.  Il consulte un, deux, trois spécialistes, rien, ses yeux sont normaux, parfaitement normaux, pourtant il ne voit  que du rouge. Le temps se prolonge. Le rouge maintient son imposition de cécité. Les pages du calendrier tombent, les psychiatres ne lui sont d'aucune utilité.

    Finalement un homme lui fait reprendre l'histoire à son début. Il était une fois un homme au volant de sa voiture, un homme aux yeux parfaitement voyants. Au kilomètre X, BOOM rouge total.

    Question : Où était-ce ?

    Réponse : Au niveau du garage.

    Question : Quand on est au niveau du garage, que peut-on voir de rouge ?

    Réponse : les cheveux de l'ouvrier.

    Question : Qui est cet homme pour vous ?

    Réponse : L'amant de ma femme.

    Aussi soudainement qu'il avait perdu la vue, le mari trompé la retrouve. Comprendre tut la souffrance.

    Quand sa femme lui avait annoncé sa liaison, il n'avait rien vouloir accepter. Son corps lui a donc fait perdre la vue, pour le faire réaliser à quel point il s'aveuglait, comme un tel comportement était préjudiciable pour lui. Parvenir à articuler que le roux était l'amant de sa femme c'était voir la réalité en face.

     

    J'aurai du tousser toute ma vie. J'aurai du souffrir de troubles respiratoires, toute ma vie. Pourquoi mes poumons n'ont-ils jamais rien hurlé avant ? Au fond de ma gorge, il devait pourtant bien y avoir ce que je ne parvenais pas à sortir. Maman m'a chassée de la famille pour une faute non commise. Ma sœur me méprise pour la même raison. Anastasia me déteste, a coupé tout contact avec moi,  parce que je tais la vérité :

     

     Rodolphe est vivant.

    Je n'ai pas tué mon fils.

     

    Je l'ai dit à Andrée voilà trois jours. Pourquoi maintenant que je commence à parler,  je tousse ?

     

    Cela n'a peut-être rien à voir.

     

    Où alors c'est qu'avant le noyau dur était enfoui si profondément en moi qu'il ne dérangeait pas ma respiration. Peut-être qu'un cancer des poumons, de la gorge était en préparation. Les mots l'ont fait remonté  vers la bouche.

     

    Les mots ! Quels mots ?

     

    Je n'ai encore rien articuler. C'est Andrée qui a compris toute seule. Oui je n'ai rien dit. J'ai confirmé mais rien dit. Ceci explique peut-être cela. Mon corps attend peut-être de moi des aveux. Il veut que j'articule, que je déclame devant un auditoire, que j'affirme à l'écrit comme à l'oral... Que sais-je encore.

     

    Je suis sotte !

    Un corps n'est pas une entité propre. Il n'y a pas d'un côté moi et de l'autre lui. Quoique ! Ne dit-on pas "mon doigts", "mon nez", comme si il y avait moi et eux. D'ailleurs Jean Charles est toujours Jean Charles. Ses pieds n'étaient donc pas vraiment lui.

     

    C'est quoi toutes ses réflexions philosophiques ? Je tousse. J'ai déjà toussé dans ma vie sans me jeter à corps perdu dans une psychanalyse de comptoir. Il faut que j’arrête cela de suite.

     

     

    Ce que je peux tousser ! Je tousse à m'étrangler.

     

    Cela n'a peut-être rien à voir. Pourquoi y chercher une signification ?

     

    Pourtant quand papa m'a dit " Tu as un chat dans la gorge, ma fille " instinctivement, oui instinctivement, j'ai pensé : " pas un chat, mon fils ". Ce n'est pas un hasard ! Pareillement ce n'est pas un hasard si l'histoire de l'homme qui voyait rouge m'est remonté à l'esprit. Tiens, je pense "Remontée". Pas revenue, mais remontée.

     

    Ce que je peux tousser.

    Et si c'était le contraire ? Si le chat dans ma gorge ne remontait pas de mes entrailles mais venait de me rentrer par la bouche ou le nez ? Prenons la méthode.

    Question : Quand as-tu toussé pour la première fois ?

    Je suis totalement ridicule. Je suis seule dans ma pensée, le ridicule n'est donc pas possible.

    Question : Quand as-tu exactement toussé pour la première fois ?

    Une fois rentrée de chez Andrée, une fois assise devant les livres de comptes.

     

    Pourriture.

    Je ne tousse pas à cause de Rodolphe sous l'identité de Titouan. Je tousse parce que je ne peux digérer que Solène ait raconté à qui voulait l'entendre qu'elle m'avait aidée financièrement. Le gros truc qui me reste au travers de la gorge c'est ça.

    Je vais le lui cracher au visage... Et elle va voir rouge.


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  • Ma fille a fait de moi la risée de tout Saint-Méen-le-Grand. Il n'y a pas plus grand poison qu'un enfant quand on y pense. Bon ou mauvais, ils nous vampirisent de leur naissance à notre mort.

     

    Un Fouques.

    Titouan est un Fouques. Je ne peux pas rêver que Maxime me ment, il est le plus Fouques de tous. Une grande asperge avec un nez crochu. Il a même l'audace de s’attifer d'un chapeau comme le père de Romain.

    Un Fouques. Il y a mille famille, il a fallu qu'elle nous trouve le plus médiocre des étalons.

    Déjà vouloir épouser un Truiten relevait de l'insolence, mais alors là c'est pire que tout.

     

    On travaille dur très dur toute sa vie pour tout perdre à cause , à cause ...

     

    Avant il fallait surveiller les fils, ils buvaient à en devenir violents, à avoir des accidents. Les filles, elles, elles savaient se tenir, elles étaient les piliers des familles. Je n'en ai eu qu'une, je me suis crue à l'abri du scandale, des humiliations. Sottise. En un acte elle a déshonoré des dizaines de générations.

     

    Un Fouques !

     

    Et ce sot de Yves qui ne dit jamais rien. En même temps je lui dois une fière chandelle à celui-là, il est sot mais au moins il a donné un père au bâtard.

     

    Comment Maxime ose-t-elle me comparer à Dalida ?

     

    Et puis c'est quoi cette histoire ? Solène ne sait pas que son fils est de Fouques ! C'est quoi ce jeu de se bander les yeux pour se faire inséminer ?

     

    Elles croient quoi les filles, que j'étais aveugle, que je n'ai pas su que Solène avait une sexualité débridée ? Pourquoi Maxime croit elle que je l'aimais autant ? Parce que Solène me décevait, que je voulais qu'elle prenne exemple sur Maxime. En voilà une qui  arrivera vierge au mariage, je me disais, et puis est arrivé ce que l'on sait : fille mère puis tueuse d'enfant. Quel monde décadent. 

     

    Comment Solène peut ignorer le nom du père de son fils ! Je veux savoir comment l'histoire s'est passé. Et puis non, je ne veux pas le savoir, c'est de toute façon sordide. Je ne veux pas savoir comment les hommes lui descendent la culotte. Ma fille me dégoûte.

    Un Fouques !

     

    Il faut éloigner cet enfant. On ne peut pas prendre le risque ... Risque de quoi? Le mal est déjà fait. Tout le monde le connait, tout le monde a eu le temps de voir que c'était un Fouques.

     

    Dire que son grand-père à détester qu'il se veuille végétarien, mais c'est cette folie qui l'a tenu éloigné du commerce. Si Titouan avait été un enfant normal, il aurait tenu boutique et là alors là, les commères... Je les entends déjà celles-là. Huguette, Antoinette, Germaine oh et Marie Paule, la Roseline aussi et la tête de liste des commères vipères Geneviève, Oh je les entends . Toutes des vipères à exterminer. 

     

    Un Fouques.

     

    Comme si j'avais besoin de ça en ce moment.

    Un Fouques dans la famille.

    Solène me le payera, elle me le payera.

    J'ai sacrifié ma vie pour avoir le droit à une retraite en paix et voilà que la foudre s'abat sur moi.

     

    Un Fouques.

    Titouan pour troisième petit fils de Dalida. Il nous aura tout fait celui-là. Végétarien - homosexuel et maintenant ça.

     

    Charlotte ne peut pas continuer à le fréquenter. Surtout maintenant qu'elle a un enfant.

    Mon Dieu Jésus Marie, elle aussi a couché avec Fouques. Lou Evan est le frère de Titouan son oncle. Cette gosse, il ne fallait pas s'attendre à lui trouver de la moralité vu la mère qu'elle a.

    Il faut absolument que j'examine ce bébé de près, je dois savoir si il a du Fouques dans les veines.

     

    Mon Dieu Jésus Marie, l'autre jour au téléphone Charlotte m'a dit qu'il sera grand comme son père. Lou-Evan, grand comme son père. C'est un Fouques. Notre famille est déshonorée. Avoir travailler dur toute une vie pour finir si bas.

    Comment Solène a pu me faire ça ! Deux Fouques !

     

    Tu en as bien de la chance Élie d'être mort. Oui mon Bonhomme tu en as bien de la chance.

     

    Deux Fouques pour descendant ! Notre famille est polluée mon Bonhomme. Polluée je te dis. Quelle chance tu as. Plus rien de bon ne peut fleurir.

     

    Solène a détruit la famille avec ses coucheries les yeux bandés.


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  • M - Tu as gardé les photos de ce spectacle. Je n'en reviens pas.

    A - Bien sûr que je les ai gardés. On n'a qu'une jeunesse. Tu te souviens de cette jupe noire  ? Elle t'allait très très bien.

    M - Oh que oui je m'en souviens. Tu parles d'une soirée ! Je l'avais eu par Claude.

    A - Claude ?

    M - Tu sais la fille qui habitait dans le lotissement. Elle avait un frère plus grand. Comment il s'appelait lui ? ... Serge. La famille Philippe. Claude et Serge Philippe.

    A - Ah oui la famille excentrique qui avait des canards. Le père n'a jamais dû travailler de sa vie. La mère était prof ou directrice d'école, oui plutôt directrice d'école.

    M - Les canards ! Je les avais oubliés ceux-là.  Comme j'étais mal à l'aise ce soir là ! Tu te souviens, mes collants tous neufs avaient une superbe échelle quand je les ai sorti de la boite. J'ai demandé à tout le monde de me donner une autre paire de collants. Personne n'avait prévu une paire de rechange. Personne. Enfer. J'ai fini par trouver qu'une paire de chaussettes dim noires. Je crois que c'était Céline qui les avait. Je ne sais même pas si des chaussettes de la même matière que des collants existent encore. La jupe était longue, les chaussettes montaient bien haut, on pouvait croire à un collant, mais je n'osais pas bouger. Trop peur que la jupe se soulève et que l'on découvre mes genoux nus.

    A - Tu n'as jamais été une grande danseuse, petite, mais ce soir là, ce fut ta plus mauvaise prestation.

    M - Tu te souviens, attends, il s'appelait comment déjà ?

    A - Qui ?

    M - Tu sais le garçon qui devait me soulever, et me faire tourner ?

    A - J'ai la photo. Attends attends, elle est où ?

    M - Mon dieu, regard je tiens ma jupe. Il a dû se reprendre à trois fois pour me soulever, j'avais tellement peur que les gens de la salle voient que je n'avais pas de collant. Je me souviens très bien de lui. Mais il s'appelle comment déjà ? C'est fou je me souviens de Céline et Claude mais pas de son nom à lui. Il a pourtant eu un rôle capital ce soir là. ... Oh c'est tout de même con... Roland. Non Laurent. Non. Roland. Non c'est son nom de famille Roland. Oh je ne sais même plus. Comment il s'appelait déjà ?

    A - Je pensais que toutes les filles se souvenaient des prénoms de leurs amants.

    M - Je n'ai jamais couché avec ce mec.

    A - Pourtant après le spectacle, vous ne vous êtes jamais séparés. Et vous êtes partir ensemble.

    M - Je m'en souviens aussi. Il avait dit à ses potes qu'il sortirait avec moi le soir là. Seulement ce soir là, j'avais des chaussettes, aussi, dès qu'il voulait passer sa main sous ma jupe : interdiction. Je me souviens qu'il était parti ensuite au ski avec sa famille pour les vacances de noël et qu'il m'y avait écrit une carte postale. C'est probablement le premier courrier qu'un garçon pour ne pas dire homme, m'ait écrit. Je ne sais pas ce que j'en ai fait, mais je me souviens bien qu'il m'avait écrit à la maison. C'est terrible la mémoire ! C'était le gars Roland, non. Mais son prénom. Où alors c'était Laurent. Aide moi Andrée.

    A - On va dire qu'il s’appelait Laurent Roland. Moi c'est un autre garçon qui reste sans identité dans ma tête. Et si je ne peux que te donner une photo de Laurent Roland, toi tu peux m'aider bien plus. Je suis même certaine que tu n'auras pas d'hésitation.

    M - Tu parles de qui là ?

    A - Du père de Titouan.

     

     

    A - Alors là Maxime, vu le recul que tu as eu sur ta chaise, tu ne peux plus me dire que tu n'es au courant de rien.

    M - Tu veux que je sois au courant de quoi, exactement ?

    A - Maxime, je ne suis pas sotte, je vois bien que Titouan n'est pas un Truiten. Charlotte  ressemble à Yves, à ses cousins, mais Titouan ne ressemble à personne. Enfin si il ressemble à quelqu'un, c'est même pour cela que souvent je ressors les vieilles photos. Titouan ressemble à son père, j'en suis sûre. Il me fait vraiment penser à quelqu'un, mais je n'arrive pas à même le doigt dessus. Maxime, qui est le père de Titouan.

    M - Pose la question à sa mère.

    A - Tu sais aussi bien que moi que Solène va prétendre qu'il est de Yves. Tu sais aussi bien que moi qu'elle nous ment. Je te pose donc la question : Qui est le père de Titouan ?

    M - Je n'ai pas à intervenir dans vos histoires de famille.

    A - Si ma fille est si peu ravie de ton retour, Maxime, c'est qu'elle a peur que tu dévoiles la vérité.

    M - Et bien vous pouvez la rassurer, je ne parlerai pas. Le passé c'est le passé.

    A - Elle t'a payée combien pour que tu te taises ?

    M - Pardon !

    A - Elle t'a aidée financièrement après la mort de ton fils.

    M - Elle vous a dit ça ! Elle vous a dit ça. Comment a-t-elle pu vous dire ça ?

    A - Disons que j'ai compris entre les lignes... Elle t'a aidée... Financièrement.

    M - Elle m'a aidée ! Elle se vante de m'avoir aidée !!! ... Je vais vous dire Andrée, je crois que c'est la phrase la plus cruelle que j'ai entendu depuis des années. Elle se vante de m'avoir aidée.

    A - Tu ne vas quand même pas te mettre à pleurer. Qui est le père de Titouan? Dis le moi. Je suis sa grande-mère, j'ai le droit de le savoir.

    M - Et quand vous le saurez, vous en ferez quoi ?  Yves a élevé son fils, il n'y a rien d'autre à dire. Je ne dirai rien d'autre.

    A - Ne comprends-tu pas que je suis juste une grand-mère qui s’inquiète pour son petit fils.

    M - Bien sûr, et vous m'avez juste invitée en souvenir du bon vieux temps. Et bien là, voyez-vous, vous remuez le mauvais vieux temps. Aussi je vais vous quitter. Je suis déçue de vous, Andrée. Vraiment très déçue. Vous me peinez.

    A - Maxime, tu vas enfin me dire qui est le père de Titouan. Arrête tes cachoteries de gamine.

     

     

    M - Vous voulez la vérité ?

    A - Je t'écoute.

     

     

    A - Je t'écoute Maxime.

    M - Demandez plutôt à Solène qui .... Ne demandez rien.

    A - Maxime, qui est le père de cet enfant ?

    M - Roland Lauric , j'ai retrouvé c'est Lauric,  Roland Lauric.

     A - Et le père de mon petit fils ? C'est lui aussi ?

    M - Je ne vous ferai qu'une réponse : A cette époque là, Solène a couché avec tous les mecs qui l'ont voulu. Amusez-vous si vous voulez à en faire la liste avec elle, mais ne lui demandez pas qui est le père, elle ne le sait pas. Je suis la seule sur cette Terre a en connaitre l'identité. Solène n'a même jamais chercher à me la demander. Vous voulez connaitre le père de votre petit fils et bien elle, votre fille, ne s'est jamais souciée de savoir qui était le père de l'enfant qu'elle élevait. Mais vous dites qu'il est le portrait craché de son père, ceci explique probablement cela.

    A - Mais tu me racontes quoi là, qu'elle avait les yeux bandés et que c'était toi qu'il décidait de qui pouvait ou non entrer dans la chambre ?

    M - Et la question suivante c'est quoi ? Combien m'a rapporté de prostituer votre fille ? Comment ai-je pu tant vous admirer enfant ? Je vais vous faire une promesse : vous le saurez. Oui vous aurez la réponse à votre question. Mais si et seulement si Titouan veut vous le dévoiler. Il n'y a plus qu'à lui que j'accepte de parler dorénavant. Vous pouvez même le prévenir que je le cherche. Et Solène vous le confirmera, même une triple sotte comme moi, quand on cherche on trouve.

     A - Maxime tu te joues grande Dame mais tu n'es toujours qu'une petite fille pleurnicharde pour moi. Tu vas arrêter tes menaces, cela ne prend pas avec moi. A qui ressemble mon petit fils ?

    M - La boucherie n'a pas besoin d'un ravalement de façade ?

    A - Ne change pas de. OH!!!!!!!!!!! Fouques, c'est un Fouques ! Mais comment n'ai-je pas deviné, il est le sosi de Jean François.

    M - Jean François Fouques !

    A - Non Jean François Baillec'h, le fils de Patricia. Elle a épousé un Baillec'h. Tu sais le poulailler qui a brûlé l'an dernier sur Trémorel, c'est à eux. Jean François travaille avec Romain, son oncle. Romain n'a pas d'enfant. Sylvie  en voulait. Elle a eu du mal à tomber enceinte et quand elle le fut, il l'a faite avorter. Enfin c'est ce que l'on raconte. Sylvie Scruiffec, la famille Scruiffec, le bar des sports, c'est elle, sa femme. Après l'avortement, elle a grossi et elle a but aussi. Pendant un temps elle a travaillé chez la fleuriste, mais elle est devenue si grosse et surtout si ivre qu'elle ne sort plus de chez elle. On dit que l'alcool en est la raison, mais c'est surtout à cause des filles de Dalida. Tu te souviens des jumelles et de la femme que l'on appelait Dalida. Tu sais celle qui recevait des hommes pendant que ses jumelles étaient à l'école. Elles ont été dans la même classe que Solène et toi, non ?

     

    M - Dalida ! Vous êtes encore sur cette misère. C'était juste une femme pauvre qui arrivait du Portugal. Elle s'appelle Anita, pas Dalida mais Anita. Les jumelles sont Joséfina et Délia. Elles étaient des gamines très bien. Vous n'en avez pas marre du racisme ?

     

    A - Des filles très bien ! Une pauvre maman ! Dis le à une autre. Simplette et calculatrice. Les jumelles ont toutes les deux un fils, et du même père, de Romain Fouques.  Romain ne les a pas reconnus mais il ne dément pas les rumeurs. Et elles, il fut un temps où elles le criaient sur tous les toits. Elles sont même allées, avec les gosses en poussette, frapper à la porte de chez Sylvie. On les a vue. Une honte. Romain sort souvent de chez elles. Aujourd'hui encore. Il passe presque tous les dimanches chez Dalida. Comment veux-tu que Sylvie aille bien ? Les jumelles n'ont jamais quitté leur mère, elles vivent toujours avec Dalida. Les bâtards sont à Paris. L'un y est pompier et l'autre policier. Enfin c'est ce que l'on raconte.

    M - Et bien vous pouvez aller offrir un cubi de rouge à Sylvie, car Romain à un troisième bâtard, votre très cher petit-fils : Titouan. On va pouvoir vous appeler Sheila maintenant que vous êtes de la famille de Dalida.


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  • Ce qu'elle peut être excessive parfois !

    Titouan adore maman, on voit bien qu'il n'en connait qu'une étroite partie.

     

    " Tu peux tout me dire mon chéri ".

    Pas de doute là dessus, à maman on peut tout dire, rien ne la gène, rien ne l’effraie, puisqu'il y a un filtre à l'entrer de ses oreilles. N'arrive à son cerveau que ce qui satisfait son mode de pensée. 

     

    Voilà que maintenant il nous faudrait adopter un enfant, enfin une fille, une gamine à laquelle elle a déjà trouvé un prénom.

     

    Et pourquoi ne devrais-je pas aussi épouser Titouan. Deux mecs peuvent se marier maintenant. Comment est-ce possible qu'elle n'y ait pas encore pensé, qu'elle n'ait pas déjà réservé le traiteur et la salle ?

     

    Maman a de la purée dans les yeux et les oreilles, des pois cassés dans la tête. Je forme un très beau couple avec Titouan ! Mais où va-t-elle chercher ça ? Est-ce qu'une fois elle nous a vu nous embrasser ? Est-ce qu'une fois elle nous a vu nous toucher ? Est-ce qu'une fois il a passé la nuit dans mon lit ? Est-ce qu'une fois j'ai découché ? Non, non, non et non.

     

    Maman voit un geste tendre pour un bébé et elle conclue que je veux être père. Pareillement elle nous voient collés ensemble, ne fréquentant aucune fille et elle conclue que nous sommes homosexuels.

     

    Super idée de génie.

    Titouan qui n'a jamais su faire autre chose que de mentir à ses parents à hurler à l'idée de génie. Ce fut simple pour lui de raconter des bobards à mes parents, ils inventent sa vie tout le temps, devant tout le monde.

     

    Moi je n'en foutais. Cela lui rendait service. Maman était aux anges d'avoir un nouveau fils. Papa... papa du moment que cela n'influence pas négativement son chiffre d'affaire, il ne s'en irrite pas.

     

    Homosexuel. Je suis homosexuel pour maman. Seulement pour maman, pour les autres, tous les autres je suis juste le type sans pied.

     

    " Monsieur ma maman elle m'a dit que tu as pas de pieds, alors pourquoi tu as des chaussures Monsieur, et comment tu marches sans pieds ?"

    Il avait quoi ce p'tit gars ? 3 ans ? 4 ans ?

    Si il est le dernier pour l'heure à m'avoir posé la question , il n'est qu'un au milieu de dizaines, dizaines qui finiront par donner des centaines. Je connais très peu de gens, j'en fréquente encore moins, pourtant je demeure en tête de liste des gus populaires.

    " Mais tu sais, c'est le gamin qui a perdu ses deux pieds dans l'accident ". Toutes ces bonnes-femmes qui chuchotent mais jamais assez bas pour que je n'entende pas !

    Ah et il y a aussi : "Tu crois qu'il bosse ? " " Pourquoi veux-tu, il doit toucher le pactole de la sécu. "

    Et ce gosse que je croise souvent : " C'est super tes dessins. Maman elle veut pas que je dessine, elle veut que j'apprenne un métier. Tu as de la chance toi d'avoir pas de pieds, t'es riche, tu peux dessiner tout le temps. "

     

    On devrait couper les couilles à une quantité de cons. Ils sont trop nazes pour être parents. Les gosses de l'orphelinat ne savent pas la chance qu'ils ont.

     

    Anne Katelle Leleuc la fille des homo, la fille de l'handicapé homo. Qu'on la laisse dans son pays, son avenir sera moins noir qu'ici.

     

    Je n'ai pas de pieds et maman n'a pas d'yeux. Aucun mec ne me fait avoir la trique. Titouan peut se foudre à poil devant moi, sa queue ne m'intéresse pas.

     

    Je  ne suis pas homo, je suis puceau. Ma langue ne s'est jamais glissée dans la bouche d'une fille. Mes paumes ignorent tout de l'arrondi des seins. Ma peau se désespère d'être enfin dessinée par des mains. Mes yeux cherchent en hurlant famine le regard dans lequel enfin ils pourraient se lover.

     

    Je ne suis pas un homo, je suis bien pire qu'un puceau, je suis un handicapé, soit un sensuellement invisible.

     

    Qu'est-ce que cela peut me faire d'être homo pour maman ? Cela la rend heureuse d'avoir un beau fils. Elle est heureuse dans son monde imaginaire. Elle ne capte jamais ma souffrance. Si elle savait combien certains jours ma condamnation à la solitude à perpétuité m’insupporte !

     

    Je peux tout lui dire. Connerie. Si elle savait que je ne suis homo que pour convenir à Titouan, si elle savait que je suis un hétéro puceau, que ferait-elle ? Elle m'accuserait de lui voler son beau fils, elle qui a déjà tant souffert d'avoir perdu son ainé ? Elle me dirait de ne pas m’inquiéter, que je suis le merveille des fils, le mari parfait et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle aurait ouverte une agence matrimoniale juste pour moi.

    " Prendre son pied quand on l'a perdu".

    L'agence matrimoniale  pour les handicapés de la godasse. 

     

    Charlotte a raison. Oui une fille peut désirer me faire l'amour, dans l'absolu. Je sais qu'elle a raison. Tout habillé je ne suis pas moche. J'ai de la conversation, de l'humour, de l'écoute. Il y a bien plus minable que moi comme mec. Seulement les mecs minables ont deux pieds et deux genoux, moi je n'ai qu'un genou et zéro pied.

     

    Charlotte toujours : " Quand l'amour unit deux êtres, les âmes sont si fortement liées qu'elles s'indiffèrent de la beauté des corps. Le sexe n'est plus l'utilisation de l'autre pour un exercice de style, une prouesse personnelle, le sexe devient ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être, une partie du corps qui contribue autant que toutes les autres parties du corps à honorer les monts et les vallées du corps qui habitent l'âme adorée ". Elle devrait vraiment commencer à écrire, elle a du style, de la poésie la petite Charlotte.

     

    Charlotte a raison mais seulement en théorie. Elle a raison, sauf quand elle applique son laïus sur moi. Je ne la trouverais pas. Il n'y a personne pour moi. Non pas parce qu'en perdant mes pieds, je n'y ai plus eu le droit : punition diabolique. Il n'y a personne pour moi parce que c'est ainsi. Je n'ai plus de pieds seulement parce que dans ma vie je n'irai nul part. J'ai des jours additionnés par milliers devant moi, mais aucun avenir.

    Je ne suis pas moche : A quoi cela serre ?

    Je suis long d'être un con : A quoi cela serre ?

    J'ai une bonne culture générale : inutile aussi.

    La vie peut tout m'enlever comme elle m'a enlevé les pieds.

    Je n'ai qu'une feuille blanche pour avenir.

     

    Posséder est gâcher.

    Mes mains ne se poseront jamais sur une chute de reins. Je ne fermerai jamais les yeux pour mieux suivre une main qui voyage sur ma peau. Toute ma vie j'attendrai qu'une langue gourmande de femme vienne goûter à ma bouche. Attente dérisoire. Autant croire que mes jambes repousseront, que des pieds se reformeront au bout.

    C'est fou comme l'espoir s'accroche alors qu'il n'existe aucune espérance ! Je dois tenir de ma mère. Il y a la vérité sue mais bien plus refusée et l'impossible fantasmé qui habite les pensées, pour ne pas dire le quotidien.

     

    Quand j'aurai 88 ans je serais encore puceau.

    Est-ce qu'à 88 ans, parfois, encore, mes yeux sillonneront l'horizon en écoutant mon corps, à l'affût qu'il me dise "Là, c'est elle", comme je le fais aujourd'hui ?  Es-ce qu'à 88 ans je serais aussi con que maintenant ?

     

    Madame Jean Charles Leleuc n'existe pas. Je le sais aussi lucidement que je sais qu'à l'intérieur de mes chaussures il n'y a que des prothèses. Aucune chair, aucun os, que du polyuréthane et du silicone. Les êtres bioniques n'ont pas d'âme soeur. 

    Sans pieds on marche seul d'un fauteuil à roulettes à une chaise percée.


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  • Ce que mon fils peut s'entraver ! Il s'interdit tout. En dehors des vies qu'il invente dans ses BD il ne vit rien. Il ne s'intérresse pas plus à lui qu'au autres. Si il écoutait les sens de son corps, il saurait comme il aime ce petit bébé.

     

    Et Titouan, il ne se comporte pas en oncle, c'est un vrai papa poule. Je ne suis pas sotte. Je ne suis pas aveugle non plus. Ce matin quand Titouan m'a déposé Lou-Evan il le couvait du regard, il n'arrivait pas à en décoller les doigts.

     

    Ces deux là  sont fait pour être pères.

     

    Leur couple est solide. Ils se fréquentent depuis des années. Ils s'entendent à merveille. Jamais une dispute, toujours des éclats de rire. Mon couple n'a jamais été aussi harmonieux que le leur. Ils sont super complices. Il est temps qu'ils fassent évoluer leur relation.

     

    Déjà Jean Charles doit nous quitter. C'est lui qui devrait vivre avec Titouan, non Charlotte.

     

    Titouan est sérieux, responsable. Il protège sa soeur, son neveu. Mais à tant vouloir la protéger, il l'entrave aussi. Je dois avoir une bonne conversation avec lui. Lui parler comme une mère à son fils. Le père de Lou-Evan doit tenir son rôle. Titouan et moi, nous faisons la même erreur, nous aimons trop. J'aime trop Jean Charles alors je le cajole et le garde à la maison. Titouan aime trop sa petite sœur aussi il lui permet de rester chez lui, de ne pas secouer le père de Loulou. Les hommes sont tous des frileux, des lâches, il faut les femmes pour les faire bouger sinon, ils n'évolueraient jamais.

     

    La loi est passée, beaucoup l'ont déjà utilisée. Il est temps que les garçons se marient. Comme aucun des deux ne fait sa demande à l'autre, mais je vais intervenir. On peut dire ce que l'on veut, se marier c'est important. Les gens ne s'engagent plus, ils vivent ensemble mais ne s'unissent plus. Ils profitent les uns des autres, ne savent plus s'offrir à l'autre. On ne construit rien sur de la frilosité.

     

    Mais oui c'est ça. En attendant que Titouan arrive, je vais surfer sur internet pour savoir quelle démarche il faut entreprendre pour se marier aujourd'hui. Ce ne doit pas être bien différent qu'à mon époque, mais, je vais vérifier pour ne pas leur dire de bêtises.

     

    Et puis tant que j'y suis, je vais chercher ma petite fille. Les orphelinats doivent posséder des sites internet.

    Mais attend, Maxime ne m'a pas dit qu'elle avait une amie qui fréquentait un directeur d'orphelinat Russe. Mais bien sûr, Maxime. Si on a le directeur de l'orphelinat dans la poche, notre dossier va se retrouver en haut de la pile, non mieux, au côté de la pile, pour être traité en priorité. 

     

    Une petite fille russe. Ma petite fille est russe.

     

    Les Russes doivent manger du fromage comme tout le monde. Mais bien sûr, mais bien sûr, bien sûr. Trop bon. Marie Nelly tu es géniale.

     

    Edmond doit prendre un russe à la fromagerie. Un stage. Un contrat de qualification, je ne sais pas quoi, Edmond verra, mais il nous faut un russe. On le logerait dans la maison du jardinier comme on dit, il aurait son indépendance tout en pouvant accéder à la piscine et manger avec nous certaines fois. Comme cela je lui apprendrai le français et il m'apprendra le russe pour communiquer avec ma petite fille. Le directeur a peut être un ancien orphelin en école d'agriculture ? Ou un chauffeur. On a toujours besoin de chauffeur à la fromagerie, il faut bien récolter le lait dans les fermes.

     

    Donc :

    1) Regarder le mode opératoire pour se marier,

    2) Téléphoner à Maxime pour qu'elle contacte son amie pour ma petite fille et l'étudiant russe.

     

    Mais bien sûr, bien sûr, j'ai encore mieux. Je vais leur réserver un billet d'avion.  Si la copine de Maxime vit avec un russe c'est qu'il doit parler le français, au moins un peu, donc je vais envoyer les garçons faire un voyage en amoureux en Russie, et ils vont y rencontrer le directeur des petites. Comme ça ils verront leurs futures filles. Ils vont en tomber fou d'amour instantanément.

     

    Edmond peut bien se passer de Titouan quelques jours. Aucun ouvrier n'est irremplaçable.

     

    Cela leur fera du bien de se retrouver un peu tout les deux.

     

    Ah oui mais ... Tu t'emballes Marie Nelly, tu t'emballes. Les russes, ils aiment un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout les homosexuels ? La question est d'importance. Mon Dieu,  il ne faudrait pas qu'ils se retrouvent au goulag parce qu'ils se sont tenus la main dans la rue. Il faut que je trouve sur internet comment les homosexuels sont perçus en Russie. Il y a surement des sites ou des blogs d'homo russes. Ah oui mais ils n'écrivent pas comme nous. Est-ce que mon ordinateur peut traduire leur langue ?

    En même temps ce serait bien un comble que Titouan et Jean Charles se tiennent par la main en Russie alors qu'ils ne le font jamais ici. Je ne les ai même jamais vu s'embrasser. Ils sont très réservés.

     

    Mais tout de même, par sécurité, je vais vérifier. Je dois pouvoir trouver ça sur internet. En même temps le russe de Maxime doit encore mieux le savoir que l'ordinateur. Et si lui ne voulait pas qu'un enfant vive avec deux hommes ! Là ce serait un con. Maxime ne m'a pas dit qu'il était con. Il faut que je lui demande.

     

    Oh voilà Titouan.

    J'appellerai Maxime demain, je vais aller dire à Titouan qu'il part en vacances très bientôt à Moscou. Enfin la Russie c'est grand, l'orphelinat est peut être à des milliers de kilomètres de Moscou,. Je vais juste lui dire en Russie.

    En même temps ce serait dommage d'aller en Russie sans passer par Moscou.

    Oui mais bon, comme ils auront deux filles russes, ils auront toute leur vie ensuite, pour flâner à la capitale. Parce que c'est normal que ma petite fille connaisse son pays. Il faut qu'elle garde sa langue natale. Il y a un collège à Rennes où on a russe en seconde langue ? Il faut que je vois ça aussi. 

     

    A Titouan, je vais juste dire Russie. Ils auront la surprise ensuite pour la ville. Il faut aussi savoir où atterrissent les avions qui vont en Russie. Il faut que je vois si il y a un vol direct : Rennes - Russie.

     

    Je devrais peut-être téléphoner à Maxime maintenant, c'est tout de même bête de dire à Titouan que je l'invite en Russie sans savoir lui dire où exactement. Et puis quoi aussi. Je vais demander à Edmond quand il peut libérer son ouvrier.

     

    Qu'ai-je fait de mon portable ?


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