• 83

    Colerige Aleshandrovich Tchigrenkov

    entends moi bien :

     

    J  A  M  A  I  S

     

    Jamais je ne sortirai de ta vie.

     

    J  A  M  A  I  S

     

     

    Ne compte pas sur moi pour t'aider à nous tuer.

     

    Cole tu croyais quoi, que j'allais partir avec toi ? Que suite à la découverte de ton corps, de tes, de nos ... j'allais abandonner toute ma vie, pour te vivre ? Tu fais avec moi ce que tu as voulu faire avec ta soeur. Tu es descendu en Afrique du sud pour la chercher, pour la remonter aux Etats unis ou en Russie avec toi. Sa mort lui a évité de te contrarier. Moi je te contrarie. Je n'ai pas le choix. J'ai un emploi qui paie mes factures, un appartement qui représente le combat de toute ma vie et qui n'est pas fini de payer.

     

    Mon adoré j'ai passé toute ma vie à t'attendre convaincue qu'il était impossible que tu existes. Maintenant que je t'ai trouvé tu ne te débarrasseras pas de moi.

     

    J'ai envie de t'envoyer tes mots de Sibérie, les reprendre à mon compte :

    "Je ne sais pas être autrement que je suis".

     

    Tu as aussi noté que tu te voulais un avenir mon corps contre ton corps.

    Alors apprends moi à moins te décevoir, mais ne me fuis pas.

    Je t'en supplie, ne me fuis pas.

     

    Moi je vais m'accrocher à nous.

     

    Je vais crever si je dois vivre un après toi.

    Ne nous fait pas cela.

    Ne nous détruis pas.

     

    Mais pourquoi trouves-tu que je fais toujours tout mal ?

    Dis moi ce que je dois faire pour te plaire ?

    Mon Adoré aide moi.

     

    Mickaelle.


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  • 82

    Lioubov,

     

    Je marche des heures puis je m'assois ou m'allonge pour me laisser envahir par l'espace.

    Souvent une question vient polluer ma quiétude :

    Avances-tu vers toi ou vers moi ?

    J'ai l'intime conviction que tu n'avances que vers toi. Et c'est vraiment très déplaisant.

     

    "Mon amoureux  y vit"

    Raconte ce que tu veux à ton patron mais si cette phrase résume ta pensée, ne m'écris plus. Jamais.

     

    Sors de ma vie.

     

    La zittag - Le 10 juin 2016

    C.A.T


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  • 81

    Chez nous

    Le Dimanche 5 Juin 16,

     

    Mon adoré,

     

    Bien sûr être chez nous sans toi c'est aussi nul que la Bretagne sans ses mers. Mais si il est possible de bien vivre en Bretagne sans être au bord de la mer, je peux réussi un week-end chez nous sans toi.

    Et j'avoue que si il aurait été sublimé en ta présente, il n'a pas été raté en ton absence.

     

    Déjà le bonheur total de Boudha et Banzaï.

    Ils font si minuscules dans le si grand bac.

    Oh Cole ! Quel immense cadeau tu leur as fait. Tu es un ange. Tu vois déjà dans la famille nous sommes trois Fans de toi. Dans quinze jours aucun doute, nous serons cinq.

    La prochaine fois je monterai deux poissons du 800 litres de l'agence. Les deux premiers qui se laisseront prendre.

     

    Pour supporter ton absence, je m'étais imposée un programme pour le samedi. Je savais qu'à Paris il existait un aquarium Tropical au Palais de la Porte Doré. J'y suis donc allée. C'est bien mais je reste une grosse grosse fan du grand aquarium de Saint Malo. C'est bien, il n'y a rien à redire, mais c'est comme Océanopolis de Brest, je n'accroche pas.

     

    En arrivant j'ai garé ma (nôtre) toute belle voiture dans son garage au sous-sol (cela donne vraiment le sentiment d'être chez soi ) et je ne l'en ai ressortie que pour redescendre en Bretagne. Pour me rendre au Palais j'ai donc marché. Il faut bien que je me familiarise avec les rues de Paris.

     

    Avenue Foch (16)  - Avenue Daumesnil (12)

    C'est tout droit, d'ouest en est.

     

    J'ai marché deux heures et demie pour y aller et un peu plus pour en revenir. Cela m'a fatiguée assez pour m'empêcher de passer la nuit à attendre ton corps dans mon lit en lui promettant milles caresses.

     

    Je ne suis pas une grande marcheuse, au mieux avec les filles je traine une heure le long de l'Aulne. Là j'ai avancé, couvert des kilomètres. Et ce fut désagréable. On ne respire pas. C'est horrible comme il est difficile de respirer à Paris. A la télévision on entend parler des pics de pollution mais n'étant pas concernée, cela ne correspondait à rien de concret. Maintenant je sais et c'est très moche.  Mais comment font les gens qui courent ? Si j'étais joggeuse je le ferais en salle sur un tapis. Les rues parisiennes asphyxient.

     

    Mon Adoré absolu, je t'affirme et c'est non négociable : mon avenir je le veux avec mon appartement et avec toi. Je ne dis pas que je veux que tu viennes vivre chez moi. Quand tu es venu tu n'as rien dit mais si tu devais vivre à Châteauneuf, je sais que tu ne voudrais pas de mon appartement. Il est  trop mansardé.

     

    Comme tu l'as fait remarquer dans mon lit, je ne sais plus quelle nuit, non il faisait jour donc quels soir ou matin, (c'était peut-être la lumière après tout, je ne sais plus),   tu as le hameau en Savoie, moi l'appartement en Bretagne et nous avions ensemble Foch.

     

    Je veux cette phrase comme notre fondement de notre couple : 3 régions, 3 logements pour s'aimer. Un triangle d'amour.

     

    Je vais rentrer en Bretagne, je reprends la route dans moins de deux heures. Je ne laisse pas cette page dans le vase sur la table de la cuisine, cela me ferait mal de te savoir ici dès mon départ. Je te la poste.

     

    Je souhaite de tout mes cœur et corps que tu laisses errer tes lèvres sur ma peau à mon prochain passage sur Paris.

    Si tu savais comme ils en demandent encore.

     

    Je décline, tu me manques.

    Ta lioubov.


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  • 80

    Châteauneuf-du-Faou

    Le 31 Mai 2016.

     

    Mon Adoré,

     

    N'as-tu jamais eu  l'impression que l'amour est aussi tabou que la mort ?

    "Il est malade, il va mourir". Mais non ne dis pas ça.

    "Je suis amoureuse" . Ce que tu peux être fleur bleue, dans trois mois tu pleureras et me diras que c'est un con.

     

    Les gens ignorent autant l'amour que la mort. Mon Adoré nous sommes des élus. Tant et tant traversent la vie sans jamais approcher l'amour.  Nous sommes des élus et nous sommes si minoritaires que personne ne peut nous comprendre.

     

    J'ai toujours cru Jérémy et Stoyan liés par l'amour, maintenant je sais que c'est faux. Ils sont comme deux bœufs qui tirent une charrue. Ils regardent dans le même sens, unissent leurs efforts, mais jamais ne font qu'un.

     

    Je leur ai dit qu'avec toi j'étais en pleine sécurité car en moi il y avait toi comme en toi il y avait moi donc toi c'était un bout de moi. Donc sécurité absolue. (Ils sont des bœufs devant une charrue, et nous sommes des poupées russes). Je m'attendais à ce qu'ils répondent qu'ils savaient très bien de quoi je parlais, puisque c'était ce qu'ils vivaient chaque jour. Et bien non, ils se sont regardés, interloqués, avant d'éclater de rire.

    Ils ont voulu savoir ce que j'avais fumé.

     

    Ensuite ils nous ont cassé. Oui ils nous ont cassé. Ils ne savent rien de toi, ne t'ont jamais vu puisqu'ils étaient partis avec leur camping-car quand tu es venu chez moi. Et avant jamais je ne leur avais parlé de toi. Ils ont su ton existence par Madame Tillyou qui nous a découvert main dans la main par  sa fenêtre quand nous étions dans la rue.

     

    J'aurais coupé mes cheveux pour toi, pour satisfaire ton égoïsme. Je suis devenue ta chose.

     

    Non mais tu te rends compte, voilà des gens qui me connaissent depuis des années, qui savent mon autonomie, mon aptitude à dire NON et BOOM je suis devenue une fille dépendante et stupide. Et toi, toi dont ils ne savent rien, tu ne peux être qu'un dictateur capricieux !

     

    Bref à leurs yeux, enfin surtout à ceux de Stoyan je ne suis plus un être fiable, aussi il veut que je mette les chiennes à son nom car il ne doute pas qu'après ton caprice de me voir  les cheveux courts et noirs, tu vas vouloir que j'aille vivre en Russie. Et pourquoi pas en Afghanistan ou au Sri-Lanka voir au Vénézuéla !

     

    Quand elles ont été abandonnée à l'agence immobilière prétendument parce que je les avais réservées, quand je suis rentrée chez moi avec elles, que je les ai présenté à Stoyan, Jérémy et madame Tillyou, personne n'a voulu les assumer. C'est seulement au fil du temps que Stoyan s'est attaché à elles, qu'il a commencé à les promener, qu'il a voulu les chatières pour qu'elles puissent passer d'un étage à l'autre. Mais jamais sur tout ce temps, ( elles ont tout de même bientôt 10 ans - le 4 septembre) il n'ai venu me voir en me disant qu'il voulait en devenir seul responsable ou co-responsable. Jamais il n'a payé les frais de vétérinaire, les antipuces.

    Je lui déclare : " je suis heureuse car amoureuse ", et comme si mon bonheur ne lui convenait pas il veut me prendre mes filles, histoire que je mette un pied dans le malheur.

    Quel grand sens de l'amitié !

     

     

    Maxime chez qui je suis allée, il fallait bien que je connaisse sa boulangerie, avant mes cheveux a vu l'A3. Il faut dire que je me suis garée juste devant la vitrine de la boulangerie.

     

    Où est ta Seat Léon ? Avec quels sous tu t'ai acheté une  Audi A3 ? Tu te joues bourgeoise maintenant ? Ma pauvre redescend sur terre ! Tu es vraiment folle depuis que tu connais ce russe !

    Voilà ses formules d'accueil.

    Autant te dire que je n'ai pas eu envie de lui expliquer que l'A3 et le Land Rover sont à Welch comme Foch, que tu m'as descendue la voiture pour me permettre de ne plus avoir à payer l'assurance de la mienne et son entretient aussi.  Tu n'es que délicatesse. Jamais elle n'acceptera de la concevoir.

     

    Quand elle a constaté que mes cheveux longs et blancs étaient devenus noirs et courts, là idem, comme les mecs, éclats de rire. Il en était fini de ma force de caractère, j'étais devenue poupée de chiffon russe. La poupée du tueur de Tchétchènes. 

     

    Personne ne sait ce qu'est l'amour pour avoir traversé la vie sans le rencontrer. J'ai fini par le réaliser. Nous sommes des élus mon Adoré.

     

    Je n’essaie donc plus de leur faire comprendre que tu ne m'as pas changée, qu'au contraire tu m'as fait devenir plus moi, comme si avant toi seule une partie de moi vivait, que l'autre était comme prisonnière de murs invisibles, comme si grâce à toi mes murs intérieurs avaient explosé libérant la partie de moi qui n'avait jamais pu s'exprimer et qui me rend si belle dans tes bras. Mes actes ne sont pas nés de ton égoïsme, ils sont réalisations de désirs de ma personnalité entière.

    Si tu savais comme je comprends la phrase que tu as laissé sur le frigo. Elle est le résumé parfait de ce que je ressens.

    Avant toi j'étais morte

    Merci pour la vie.

     

     

    Quand les garçons ont voulu que je mette Kaume et Ayatt au nom de Stoyan j'ai été profondément choquée. Comment moi qui ai été abandonnée par mes parents je pourrai abandonnée mes filles ? Je ne le leur ai pas demandé puisque pour tout le monde mes parents sont morts quand j'ai eu 5 ans, tu es l'unique à savoir la vérité. On était tous les 5 chez moi. J'ai gardé mon calme, je me suis contentée de répondre que j'y réfléchirai. Mais c'était tout réfléchi. JAMAIS. Jamais je n'abandonnerai mes filles.

     

    Et puis le lendemain j'ai lu une phrase :

    On aime mal lorsque jamais on ne se demande

    "mais que veut vraiment l'autre ?".

     

    J'ai alors revu Ayatt et Kaume suivre les garçons quand ils sont rentrés chez eux. Elles ne sont pas restées avec moi, elles ne sont pas restées chez elles, non elles sont descendues avec eux. Il a raison Stoyan, si nous nous placions aux deux bouts d'un chemin, que Jérémy au centre les libérait, sans l'ombre d'une hésitation, elles courraient vers lui.

     

    Je n'ai pas su me faire aimer de mes parents, je n'ai pas su de me faire aimer de mes chiennes que je dis mes filles. Le bilan de ma vie est désastreux. Si on ajoute l'amitié pourrie qui m'entoure, oui le bilan est vraiment désastreux. Alors j'ai posté les cartes pour faire le changement de propriétaire. Parce que dans leur cœur elles sont à lui, comme dans le mien, je suis à toi.

     

    Si je ne t'avais pas encore rencontré, j'en aurais pleuré. Pour ne pas verser de larmes, je me suis allongée sur le lit et j'ai fermé les yeux pour mieux me souvenir de tes mains, de ta bouche. Elles ne m'ont pas déconcentrée. Elles étaient avec lui.

     

     

    Toi mon Adoré tu m'aimes et tu n'aimes pas m'aimer. Ta lettre me le dit. Je ne le prends pas mal, j'ai l'impression que tu commences à réaliser. Pour la première fois j'ai le sentiment d'être en avance sur toi. J'ai déjà vécu le raz de marrée. J'ai compris que ma vie ne serait plus jamais comme avant.

     

    Alors je suis allée voir mon patron, Monsieur Bugeaud. Je lui ai rappelé que pas une fois je n'ai eu un week-end de 2 jours.  Je bosse pour lui depuis juin 1988 tout de même. Je lui ai affirmé que ce n'était pas juste, que si il avait un minimum de respect, il accepterait mon désir de changement. Je lui ai demandé de garder mon vendredi mais de ne l'avoir que une semaine sur deux. La semaine sans mon vendredi je travaillerai les 6 jours, par contre la semaine où je prendrai mon vendredi, j'aurai aussi le samedi. Je lui ai dit que j'avais besoin de trois jours consécutifs libres une semaine sur deux pour monter à Paris. Il a voulu savoir pourquoi. Je n'ai rien caché, j'ai répondu sans rougir : " Mon amoureux y vit ".

     

    Lui n'a pas ri. Il est le patron, il a de la retenue, mais depuis dans mon dos, je te jure il n'y a plus qu'un  sujet de conversation : La vieille fille frigide a un amoureux.

     

    Personne n'est venu me voir pour articuler un simple "je suis heureuse (heureux) pour toi" . Non personne . Dans mon dos j'ai entendu "le pauvre" "cela ne va pas durer" "elle n'a pas voulu nous dire la vérité". " Elle doit être malade, à Paris il y a de grands hôpitaux". "Tu y crois toi pour Paris? ".

     

    Personne n'a voulu en savoir plus sur toi, sur nous.

    Je m'en fous car j'ai gagné.

    J'ai une semaine sur deux un week-end de trois jours.

     

    Comme le considère Maxime, une Audi A3 c'est une voiture de bourgeois, donc je vais me mettre sur BlaBlaCar. Je ne devrai pas avoir trop de mal à remplir ma voiture.

     

    Le week-end prochain je monte à Paris avec Banzaï et Boudha la fille de Chine. Ils vont être super heureux de passer de 450 à 2 300L.

     

    Quelque chose en moi s'est enclenché.

    J'accepte d'avancer sur le chemin que ma destinée a tracé, d'avoir un avenir dans tes bras.

     

     

    Mon Adoré, sache que je n'ai pas d'autre vœu que de t'y retrouver. J'attendrai le temps qu'il faudra.

     

    "Au bout du chemin il y a ton mari".

    Tu te souviens de la phrase de mon secret. Elle n'est que vérité.

     

    A bientôt mon Adoré.


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  • 79

    Lioubov,

     

    Que de Sirène tu sois passée à Geisha japonaise ne peut pas me déranger, je peux même l’apprécier. Tant que tu ne désires pas te transformer en amazone cela me va. Comme tu l'as écrit ton corps est à moi, donc je t'interdis de te couper un sein. Je les aimes trop ces deux là. Garde les moi au chaud.

     

    Plus sérieusement oui je ne m'attendais pas à une telle conséquence. Ta théorie selon laquelle nos peurs "absurdes" sont enracinées dans un fait parallèle, je me moque d'en connaitre la véracité, si tu vas mieux, j'en suis ravi.

     

    De mon côté aucune larme, aucune mutilation mais une fulgurance dévastatrice. Comme un coup de poing qui fait plier en deux, un sentiment d'avoir raté toute une vie. J'ai tout planté, Paris m'asphyxiait, j'ai juste déposé ta léon, pris le Land Rover et j'ai roulé non stop vers la Zittag.

     

    Tu vis sur un nuage.

    Je suffoque dans les limbes.

     

    Je ne m'attendais pas à ça.

     

    Il faut que je respire, que je reprenne mon souffle, après je ne sais pas.

     

    Je marche à m'en épuiser. La montagne, son immensité, son silence me font du bien.

     

    La seule chose que je sache, c'est que la dernière chose dont j'ai besoin c'est de te voir. Ne fait pas la connerie de venir ici. Ne viens pas. Je ne sais plus rien sauf que je ne te veux pas actuellement.

     

    Je ne maîtrise plus là.

     

    La Zattig

    C.A.T


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  • 78

    Châteauneuf-du-Faou

    Lundi 16 mai 2016.

     

    Mon Adoré,

     

    Tu ne vas pas en revenir, tu ne vas pas me comprendre probablement.

     

    C'était si beau, si grand, si fort que tu sois chez moi, dans mes bras, dans mes draps que rien d'autre n'importait. Tu es en bonne santé, tu aimes m'aimer, tu me laisses t'embrasser, nos corps se sont adorés, tout le reste est sans valeur.

     

    Bien sûr je t'ai plus qu'entendu, je t'ai écouté, mais c'était tellement rien, tellement hors sujet pour moi puisque tu étais là. J'ai comme archivé l'information sans plus.

     

    Mercredi midi je reçois ta lettre de Paris qui m'annonce que tu es là le soir, je panique du frigo vide que tu vas trouver, des carreaux pas bien propres, de mes jambes mal épilées, du canapé si vieillot comparativement à celui de Paris,  bref je bloque sur ton arrivée et oublie que tu viens m'annoncer un enfer. Ensuite je te découvre sortant de voiture quand je tourne à l'angle de ma rue. Plus rien ne compte. Plus de stress. Plus de peur. Je ne suis que bonheur. Nos doigts se mêlent, nos yeux s'unissent, la félicité se diffuse en mon corps avant que tu ne l’enlaces, que nos yeux se ferment et nos bouches se découvrent. Dès le trottoir plus rien n'avait de valeur dans ce monde en dehors de toi. 

     

    J'ai vécu sur un nuage tout le temps de toi et les jours suivants. Alors le dossier archivé, je n'y ai pas pensé.

     

    Le mot que tu m'as laissé, je le regarde souvent, je ne l'ai pas ôté de la porte du frigo, mais il ne me fait pas penser à elle, encore moins à lui, je n'y vois que toi.

     

    Toutes cette semaine, j'ai revécu  en boucle nos quatre jours. Je ne te raconte pas les boulettes que j'ai faites au boulot. Incapable de redescendre sur Terre. Mon grand patron Monsieur Bugeaud m'a même convoquée dans son bureau pour me demander ce qui n'allait pas. L'unique réponse possible était "je suis amoureuse, éperdument amoureuse". Je me suis contentée de lui demander pardon. Et j'ai continué à faire du grand n'importe quoi.

     

    Je me fous d'elle, je me fous de lui. Je me fous des milliards d'humains sur Terre, je n'aime que toi.

     

    Et puis hier matin je me suis lavée les cheveux. La  fois d'avant, j'avais songé  à tes doigts enlevant mes épingles, à tes mains  éparpillant mes cheveux sur mes seins nus, mais là il y a eu comme une cassure, une révélation. Mon corps ne m'a plus porté, je suis tombée à genoux devant la douche, et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. L'archive n'en était plus une, j'étais en son centre. En son gouffre. Je suis heureuse de n'avoir pas réagi quand tu me l'as raconté. Je t'ai évité un spectacle hideux. Je ne sais combien de temps j'ai pleuré, chialé, je ne sais pas, mais je t'affirme que le temps a duré.

     

    Non je ne sais pas combien de temps je suis restée  en larmes sur le sol de la salle d'eau, je sais juste que l'eau dans mes cheveux étaient devenues froides, que le tapis comme le haut de mon gilet de costume étaient détrempés. Ce sont les tremblements de froid qui m'ont sortie de mon océan de larmes, qui m'ont convaincue qu'il fallait me bouger, réagir, ne plus laisser libre court à ma dérive. Alors ce fut comme si mes cheveux étaient devenus racines, qu'ils m'attachaient au sol, comme si ma tête ne parvenait plus à se redresser tant leur poids la condamnait à demeurer inclinée. En me lisant Mon Adoré tu vas me juger excessive pourtant je ne fais que te résumer l'exact courant de sensations qui m'a  traversé.

     

    Ce fut comme si il n'y avait qu'un recourt possible. J'ai pris une paire de ciseaux et je les ai coupé. Comme ça la tête penchée, je les ai coupé au dessus de mes yeux. Il n'y avait ni colère, rage ou désespoir, il n'y avait qu'un désir de délivrance. Oui de la délivrance. Comme une crasse sur la peau que l'on veut s'arracher, comme une corde qui étrangle qu'il faut couper pour respirer. J'ai taillé, cisaillé, mèche par mèche. Je ne me suis pas mutilée, je me suis dégagée, mieux affranchie. Oui affranchie de leur pouvoir, de l'exigence de mes cheveux. Ils se sont retrouvés en tas au sol, comme une famille de vipères réunie dans la mort. J'ai alors pu me mettre debout. J'ai regardé une dernière fois les longues mèches inertes, emmêlées,  et je t'assure que je n'ai pas crié à l'épouvante "Mais qu'est-ce que j'ai fait", j'ai au contraire repris vie face à mon crime. Oui mes larmes étaient taries, mon souffle reprenait vie.

     

    Alors je les ai abandonné au sol, et je suis descendue  sonner à la porte de madame Tillyou.

     

    Elle a vu mon visage en larmes d'abord et puis elle a poussé un cri. Qu'avais-je fait à mes cheveux ? Déjà elle avait repris ses instincts de coiffeuse, elle me disait d'entrer, qu'elle allait m'arranger ça. Je ne lui ai rien demandé, elle a fait ce qu'elle voulait. Sous ses ciseaux mon hystérie ne s'est pas exprimée parce qu'elle était morte avec mes cheveux. Ma phobie du coiffeur est morte. 

     

    Un jour j'avais lu que les allergies venaient d'un message d'enfance. Par exemple ton voisins te donnent des coups de bâtons, et quand il frappe, son chien aboie. Et bien ton cerveau d'enfant va superposer les aboiements du chien à la douleur du bâton. Aussi chaque fois que tu entendras un chien, ton cerveau te cria "cache toi" pour te protéger du bâton. Au fil des années tu oublieras l'origine de ton mode de pensée, et il ne restera que la peur des chiens dès qu'ils aboient.

     

    Tout au long de ma vie, j'ai passé des heures à me demander que cachait ma peur irrationnelle du coiffeur. Du fond du coeur Merci Mon Adoré. Merci. Grâce à toi je le sais maintenant et donc grâce à toi je me suis libérée. Merci.

     

    J'ai donc maintenant les cheveux bien plus courts que toi. J'ai une frange aussi.

     

    J'ai perdu 2kg. Je te jure j'ai perdu 2 kg. 2 kg 185 exactement. Je n'ai pas cessé de manger depuis ton départ, c'est le poids de mes cheveux tombés.

     

    Histoire de m'amuser, j'en ai mesuré. Les plus longs de la salle de bain font 92 cm, Il faut y ajouter les cm que madame Tillyou a enlevé et aussi ceux qui me restent sur le crâne. Elle n'y a pas été de main morte comme on dit. Elle s'est faite plaisir, elle a super dégradée. Je te dis, aujourd'hui j'ai les cheveux plus courts que toi.

     

    Mes cheveux si raides bouclent, je te jure, comme sur la photo de mes cinq ans, j'ai des boucles.  Je suis méconnaissable.

     

    Remontée chez moi, 20 fois, 80 fois, 100 fois,  j'ai secoué la tête, c'est fou la légèreté, la liberté.

     

    J'ai l'impression d'avoir vécue toute ma vie la tête enserrée dans un casque. Non ce n'est pas ça, c'est l'opposé. J'ai l'impression que maintenant mon cerveau est à nu, que les os de mon crâne ont disparu.

     

    Dans l'après-midi je suis allée dehors. En théorie pour promener les filles, mais en réalité pour ma tête. Il y avait du vent. Mes cheveux dansaient dans le vent. Comme les tiens. Pour toi ce peut être agaçant mais pour moi c'est une sensation incroyable. Je te jure je sens ma tête si légère. Songe depuis 46 ans j'ai soit une tresse qui me tombe sur les fesses et qui tire ma tête en arrière, soit une tresse enroulée sur l'arrière du crâne et c'est un peu comme si j'avais une pile de livres sur la terre, ou encore, ce que tu as vu mercredi soir, une tresse qui est aplatie sur le crâne et là c'est le casque de moto.

     

    Mais le plus grand bonheur je l'ai vécu la nuit. Tu as bien vu quand tu as voulu les voir dénoués, ils étaient si longs, qu'il n'était pas possible de bouger sans tirer dessus. Pour dormir je devais les attacher puis placer la tresse au sommet du lit pour éviter qu'elle passe sous mon corps, et que je sois réveillée car je me tire les cheveux.

    Avoir les cheveux courts, mais quel bonheur. Dans la nuit tous les mouvements me sont permis.

     

    Ce matin je me suis levée avec une joie de vivre nouvelle. Je suis allée me voir dans la glace, et là je me suis dit que changée pour changée, il faut que j'aille jusqu'au bout. Alors je suis allée au supermarché que je savais ouvert malgré que l'on soit un jour férié, et j'y ai acheté une teinture noire. Quand je dis noir, pense BLACK. Adieu mon roux très foncé et mes dix milles cheveux blancs, j'ai les cheveux aussi noirs qu'une japonaise.

     

    Tu te rends compte de la métamorphose. De l'interdiction de toucher à mes cheveux, je suis passée à la fille qui coupe et teint ses cheveux. 

     

    Ce que j'avais lu est juste. Ma phobie du coiffeur comme l'aboiement du chien, parlait de la souffrance d'un moment d'enfance.

     

    Cole Mille mercis de l'avoir rencontrée, puis de ne rien m'avoir caché.

    Rien que pour cette libération je la lirai ... si elle écrit.

     

     

     Je n'ai jamais rêver d'un homme qui me dévore des yeux pour la simple raison que je ne savais pas que de tels hommes existaient. Cole Mon Adoré, tu me dévores des yeux, quand tes yeux ne sont plus des lasers, tu me dévores des yeux. C'est un pur délice. Mon changement de coiffure, j'espère, ne me fera pas perdre ce bonheur.

     

    J'ajoute. Je t'interdis de couper les tiens. Si mon corps est à toi, tes cheveux sont à moi. Tu ne les coupes pas.

     

    Je t'embrasse comme je l'ai fait face à la mer.

    TA femme.

    Ta femme libre, heureuse et amoureuse.

     

     


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  • * Pense à ton passeport.

    * J'embarque le pain, comme dit.

    * Quand j'ai le chèque, je te le poste.

    * Réfléchis à ce que je t'ai dit. (Marlo)

    * Laisse lui une chance. Si elle t'écrit, lis la au moins.

     

     

    Avant toi j'étais mort.

    Merci pour le vie.

    C.A.T


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