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Pillage des océans. (2)
Les poissons ne sont pas les seuls
à souffrir de l'exploitation halieutique.
Les oiseaux marin sont aussi
victimes des mortalités incidentes
résultant de l'interaction entre les
opérations de pêche et des espèces
non ciblées. Dotés d'une acuité
visuelle exceptionnelle, ils sont en
effet capables de repérer un appât qui
coule ou encore un poisson en train
de se mailler dans un filet. Ils sont
ainsi particulièrement vulnérables
face aux engins de pêches statiques
comme les filets maillants ou les
palangres, qui entraînent des mortalités
considérables. Les albatros et
les pétrels sont particulièrement
exposés. Ces espèces monogames ont
une grande longévité (60 ans
en moyenne) et se reproduisent tous
les deux ans après 6 à 10 années
d'existence. La dynamique de leur
population est donc extrêmement
lente. Tout facteur qui peut contribuer
à la mortalité des adultes met
en péril l'avenir de ces espèces. C'est
ainsi que la moitié des 125
espèces de pétrels et 16 des 21
espèces d'albatros sont considérées comme
étant en danger d'extinction. Des estimations
publiées il y a une décennie montraient
que 33 000 albatros étaient victimes des
palangres japonais dans l'océan Austral.
On parle de 250 000 oiseaux tués par
les pêcheries de légines de Patagonie
entre 1996 et 1999.
Un appétit démesuré pour les
produits marins nous anime. En 5
décennies la consommation mondiale
par tête est passée de 5 à 20 kg/an.
La population ayant augmenté dans
le même temps de 3 à plus de 6
milliards d'humains, on comprend à
quel point le milieu marin et ces milliards
d'animaux que nous capturons sans
ménagement sont exploités. Les
poissons sont assimilés à des objets,
ils sont incapables d'exprimer leurs
souffrances, leurs douleurs ou leurs
terreurs d'une manière perceptible
pour les humains. Les poissons et
autres animaux aquatiques ne
provoquent généralement pas de
sentiments d'attendrissement. Par
empathie avec l'ensemble du monde
vivant avec lequel nous sommes
tous liés, nous devrions prendre
conscience des souffrances animales
même si elles ne s'expriment pas
d'une manière intelligible aux
humains. Il n'y a aucune sensiblerie ici,
mais un simple respect de la vie sous
toutes ses formes.
Philippe Cury
directeur de recherche à IRD.
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Commentaires
Je m'étais déjà fait cette remarque pour les poissons etc ..
Nous préparons un triste avenir