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    Châteauneuf-du-Faou

    Le 13 Août 2016.

     

    Cole,

     

    Je te demande pardon. Vraiment pardon Colerige. Je sais c'est facile, je blesse, je m'excuse et on continue la route comme si de rien n'était ... Jusqu'à la prochaine saigné. 

    Je te présente mes excuses, non pour gommer tout, mais pour que tu saches que de t'avoir blessé me peine.

     

    Tu as mille fois raison, ta lettre est une magnifique déclaration d'amour. Pourquoi ne l'ai-je pas compris à la première lecture ? Car tu commences par annoncer ton absence, alors je n'ai plus été que  ma peur de te perdre. Je n'ai pas lu ta lettre, tu as raison, c'est ma peur qui en fut la lectrice, et quelle lectrice ! Une lectrice partiale, une lectrice qui cherchait tous les mots pouvant nourrir sa cause. Voilà comment ta déclaration d'amour s'est transformée en déclaration de rupture. Affligeant. Tu as raison.

     

    Je découvre que je souffre du syndrome de Cosette. Tu ne connais peut-être pas ce personnage de roman. Cosette est une toute petite fille placée chez les Thénardier, des gens épouvantables. Elle est très miséreuse, crasseuse mais surtout elle est terrorisée car constamment battue. En face  de chez les Thénardier il y a une vitrine derrière laquelle est présentée une magnifique poupée. Cette poupée fabuleuse c'est de l'intouchable pour elle. Et pourtant un jour un homme vient chercher Cosette, et avant de quitter la rue, il la lui offre. Elle la nomme Catherine. Cosette a Catherine dans ses bras. C'est un miracle, un prodigieux miracle. Comme Mickaelle pouvant poser la main sur la joue de Colerige Alesh.

     

    A ce moment du récit tous les lecteurs s'imaginent que Cosette devenue grande-mère possèdera encore la divine poupée Catherine. Et bien non. Victor Hugo n'est pas qu'écrivain, il est aussi un connaisseur de l'esprit humain, aussi il invente une scène se passant moins d'une semaine après le don, où Cosette oublie Catherine au pied d'un mur. Cosette est un personnage imaginaire, mais Hugo a posé sur elle un réflexe classique de comportement. J'ai le même.  Ce réflexe pourrait se résumer ainsi : notre plus grande peur est notre plus grande œuvre, ou, notre plus grand rêve est notre plus grande peur.

     

    Cosette ne peut pas croire que elle, si rien, peut avoir une poupée si belle. Son plus grand rêve est de devenir une petite fille merveilleuse digne d'une poupée telle que Catherine. Quand Cosette l'a dans les bras, il y a comme maldonne de la destinée, alors elle l'oublie pour se replacer dans une destinée logique : pas digne de la poupée, donc sans elle. Elle ne l'a pas abandonnée sciemment, elle l'a posée au sol pour franchir un mur et son cerveau a fait un bug, il a gommé Catherine de l'existence de Cosette, aussi une fois au sommet du mur, elle ne s'est pas retournée, penchée pour la saisir et lui faire passer le mur avec elle. Son conscient a suivi la logique de son inconscient : pas digne d'une telle merveille. Ce n'est pas un complexe d'infériorité, c'est un conditionnement, une acceptation de l'éducation reçue.

     

    Tu es si géant mon Adoré, l'amour qui nous unit me semble tellement supérieur à ce qui me parait être digue d'attribution, que si une partie de moi soupire "enfin du vrai grand bonheur" une seconde pense qu'il y a maldonne. Alors je cherche ses signes avant coureur.

     

    Les psychiatres diraient que Cosette a abandonné Catherine pour ne pas vivre ce qu'elle savait qui allait arriver. Quelqu'un allait dire la vérité. Catherine est très belle pour toi tu n'es qu'une souillon. A terme, Catherine allait  lui être retirée, ce ne pouvait être autrement. Pour ne pas en souffrir la sagesse commandait de ne pas s'attacher. Cosette a donc perdu sa poupée avant que l'attachement ne se fasse.

     

    Ma plus grande peur est de te perdre mon Adoré, alors j’œuvre pour te perdre.

     

    Mon Adoré, pardon.

     

    Colerige j'ai le sentiment de comprendre tant et tant de choses en ce moment qu'il me faut aborder un second sujet, mais je ne peux passer de l'un à autre. Je t'écrirai demain, ... si j'y parviens. Si je ne le peux, je trouverai les mots chez toi. Je ne repartirai pas sans m'être ouverte à toi. Si je ne parle pas, pousse moi à le faire avant mon départ. S'il te plait.

     

    Pour ce qui est de mon arrivée, je vais montée à Paris pour les poissons avant de descendre en Savoie. J'ai voulu me mettre sur BlaBlaCar mais il y a quelqu'un qui fait Lyon / Beaufort le 23 Août. Je descendrai donc avec lui, l'audi A3 restera au garage et je prendrai un train pour rejoindre Lyon.

     

    A dans quelques jours mon Immense Adoré.

     

    Mickaelle.

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 29 Novembre 2016 à 06:32

    Ah le drame des interprétations , trop souvent regrettables et abusives.

    Remarque, qui ne l'a pas vécu ?

    Je ne me souvenais plus de cette partie des "misérables", elle m'a bien intéressé sur le plan de la réflexion.

    Et au fait, je me suis réabonné en gmail pour tous les blogs Ekla, comme ça je reçois les newsletters, toujours rien chez Orange

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    2
    Mardi 29 Novembre 2016 à 11:08

    Non toujours rien chez orange, j'ai l'impression de vivre dans un désert cela change et le coté +++ c'est que je n'ai plus l'impression d'être en retard sur les blogs. En fait je suis en vacances forcées de blogs ce qui me permet de faire autre chose.

    Il y avait déjà eu un super bug , alors j'avais mis les blogs que je visite en favoris et je m'étais dé-abonnée donc là j'ai une "perte" inférieur à 50%.

    Le cerveau est très sélectif. Cosette me touche vu mon enfance et son émotion face à Catherine puis son abandon m'avait choquée, d'instinct j'avais trouvé ça absurde, limite j'avais accusé Hugo mais en y réfléchissant + j'avais compris et c'est très intelligent ce qu'il a fait.

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