• 88

    Paris

    Le 29 Juillet 2016.

     

    Mon adoré,

     

    Je ne vais pas pleuré.

     

    Les années passent, je fais mille efforts, j'ai vraiment l'impression de progresser, de m'améliorer, mais je suis comme un hamster dans sa roue, tous mes efforts ne servent à rien. Ma vie n'est qu'une suite de boucles : rencontrer - y croire - m'investir - être jetée.

     

    Mes parents m'ont mise au monde puis jetée.

    Lionel m'a aimé et quand il m'a eu, il m'a jeté.

    Serge m'a aimé quand il était marié et m'a jeté quand il a divorcé.

    Je pourrais ajouter Franck et Régis.

    Mais eux ce n'était pas grave. Eux c'était dommage, déplaisant mais sans essentiel.

     

    Je connais ma vie par cœur.

     

    Les gens qui m'aiment ne veulent pas plus de moi que ceux qui ne m'aiment pas. Tu m'aimes et n'aimes pas m'aimer. Tu es banal en sommes. Tu n'es coupable de rien, je ne t'en veux pas, je suis condamnée à errer seule tout le temps de ma destinée.

     

    Mais qu'ai-je pu vous faire dans une autre vie ? Quel monstre étais-je ?

     

    Je suis en colère Colerige Alesh. La colère bloque mes larmes.

     

    Tu aurais pu te contenter d'un classique et poli : "Amour, je n'ai rien à te reprocher, mais je suis un être qui se veut solitaire, aussi, bien que tu sois adorable, je ne veux pas de toi".

     

    Non, il faut que tu me culpabilises, que tu m'accuses de ne pas te comprendre, de ne pas te voir, de rire de toi, de me servir de toi, de te prendre pour un second Marlo.

    C'est dégueulasse.

     

    C'est dégueulasse car vînt. Je ne saurai pas m'améliorer. Seule je n'y parviendrais pas. Avec toi, portée par toi, je serai devenue meilleure, mais après d'avoir perdu, comment croire que j'aurai la force de me battre pour une conquête que je perds depuis 50 ans ? Avant j'avais la motivation de te rencontrer mais maintenant m'améliorer n'a plus de sens.

     

    C'est dégueulasse car hautement cruel. Tout ce qui vient de toi à une énorme valeur pour moi, donc tes reproches me transpercent, j'y crois. Oui je crois, pire je sais que tu as raison, que tu ne fabules pas, que vraiment je suis celle que tu décris, une manipulatrice glaciale, une cupide sans coeur.

     

    Je me culpabilise, je me dis que je ne sais pas aimer, que je suis responsable de te perdre. Et crois moi cela fait très mal de perdre ton amour car il y a 50 ans que je ne suis qu'une naufragée sur un océan de larmes, qui s'épuise à chercher une île d'accueil.  Au fond de moi il y a toujours eu une petite voix qui m'affirmait que l'océan contenait bien cette île. Je l'ai trouvé le 23 Août cela fera bientôt deux ans. Cette île est ton corps. Je me suis échouée sur toi, heureuse comme jamais. Je me suis dit "voilà, mon avenir consistera à étudier la géographie, les monts et les vallées de ton corps". Je n'allais plus que me nourrir de toi, boire à ta source.

     

     

    J'ai collé une bombe sur mon île adorée, je t'ai blessé et je me suis condamnée à assumer ma connerie. Maintenant je vais devoir errer sur mon océan de larmes en sachant que l'île est détruite, qu'il n'y a plus que de l'eau salée pour moi. Et ce à cause de moi. Je suis ma pire ennemie. Je suis anéantie par ce terrible constat.

     

    Pour ne pas fondre en larmes, je m'arme de colère contre toi qui est juste coupable de me faire voir la réalité en face : j'ai tout détruit. Je ne suis qu'une merde. Ce n'est pas un examen que j'ai raté, ce n'est pas un job que j'ai perdu, ce n'est pas ma voiture que j'ai explosé, non, j'ai oeuvré pour te donner du dégoût de moi, toi l'unique être sur Terre qui avait la capacité de m'aimer. Je suis une merde. Une merde.

    J'ai perdu ma raison d'être.

     

     

    Cole

    pardon, pardon, pardon, pardon, pardon.

    Je ne sais pas ce que je fais de mal.

    Je ne sais pas ce qu'une femme normale ferait, que je ne sache pas faire, mais je t'en supplie, ne coupe pas les ponts, je t'en supplie, laisse moi une chance encore avant de me jeter.

     

    Cole s'il te plait, laisse moi utiliser l'argent de la vente de ma Seat Léon pour descendre en Savoie passer mes deux semaines avec toi. Si au bout ces deux semaines tu me juges encore minable, alors j'accepterais  ta volonté.

     

    Colerige, tu ne trouveras jamais une femme qui t'aime autant que moi.

     

    Cole mon Adoré, vois moi comme un diamant à l'état brute, dis toi que si aujourd'hui je ne suis qu'un vulgaire caillou, à l'intérieur il y a une richesse merveilleuse. Polie moi de tes doigts, façonne moi de tes volontés, entaille moi selon ton bon vouloir mais ne me jette pas, je t'en supplie, ne me jette pas.

     

    J'ai changé ma vie pour toi, beaucoup.

    Je ne l'ai pas fait pour moi, mais pour nous.

     

    Cole,

    J'accepte ta volonté. Nous ne nous écrirons plus, nous ne nous verrons plus. Je ne te ferais aucun chantage, je ne te poserai aucun piège.

     

    Je te demande juste deux choses :

    1) Laisses moi passer mes 2 semaines de vacances d'Août dans tes bras en Savoie,

    2) Laisses moi monter à Paris un week-end sur deux jusqu'au départ en retraite de mon patron. Ensuite j'aviserai, soit mon nouveau patron me laissera remettre les poissons dans le 800L et donc je pourrai te rendre les clés de l'appartement, soit il refuse et ... et je ne sais pas, mais je trouverai une solution pour te libérer d'eux et de moi.

     

    Je t'aime Colerige Alesh. Si tu savais comme je t'aime, si tu savais la force de mon amour.

     

    Aimer veut dire te vouloir heureux. Si tu es plus heureux là où je ne  suis pas, je me tiendrai éloignée.

     

    Mickaelle qui pleure cette fois.

     

    ---------------------------------------------------------------------------------------------------

     

    Le 30.

     

    J'ai lu la lettre d'Halka.

    Elle y raconte ce que tu m'as résumé : Elle a enfermé mon frère dans ma cabane de poupées où elle avait allumé des bougies. Le feu a pris, mais il n'est pas mort. J'étais avec ma mère chez le coiffeur quand le drame a eu lieu. Je n'ai pas tué mon frère. Il a été très gravement brûlé à cause d'elle. Je n'ai pas tué mon frère.

    Je devrai m'en sentir allégée, non, car j'ai fait pire, j'ai tué l'amour entre nous.

     

    Elle ajoute aussi les conséquences de ton passage chez ma mère, chez mon frère. Elle dit détester ma mère et s'être rapproché de ma belle-soeur.

     

    Entre les feuilles de sa lettre il y a trois  photos.

    Une de mon frère avec sa femme et leur fille, une d'elle adulte, et une d'elle avec ses frères du temps de leur petite enfance, à l'époque où je les ai connu.

     

    Colerige, je suis si anéantie par ta volonté de tout stopper avec moi, que je n'éprouve rien pour ces gens.

    Vois tu la seule émotion que j'ai ressenti c'est que je voudrais avoir une photo de toi.

    Je vais devoir vivre le reste de ma vie là où tu n'es pas, alors oui, je veux une photo de toi. Mieux une vidéo de toi.... Pour me torturer, pleurer en me disant "vois le bonheur que tu t'es interdit".

     

    Je me répète : je vais descendre en Savoie pour mes vacances. C'est ma dernière volonté, je t'en supplie, ne me l'interdit pas.  Je veux juste te voir encore une fois.

     

     Suis-je encore en droit de dire "je veux"?

     

    Je suis la pire des criminelles, j'ai tué l'amour, j'ai tué ce que la vie offre de plus beau.

     

    « 8789 »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Novembre 2016 à 06:50

    Bon ben elle est bien redescendue de son piédestal , l'amie.

    Ah ça y est , il y a aussi le retour des personnages du passé (et le l'histoire précédente), je me demandais quand est ce que ça arriverait.

    Reste à voir la réaction du "soviet suprême"

    Et toujours le divorce Orange-Ekla, donc pas de newsletter, y sont pénibles !

    2
    Mercredi 23 Novembre 2016 à 20:19

    Le soviet suprême : J'aime yes.

    Toi qui avais lu "Il brûle" tu avais compris que c'était çà qu'il était aller raconter à M quand il avait débarqué chez elle en bzh.

     

    Ici aussi toujours le divorce.

    Bon je vais faire la réponse du soviet suprême.

    Ce qu'il sait faire de mieux : un bon truc bien concentré.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :