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    Châteauneuf - du - Faou

    Le Vendredi 6 Novembre 2015.

     

     

     

    Cole,

     Cole, Cole, Cole, Cole, Cole,

     

     

    Voilà plus d'une heure ou de deux que je suis assise face à une page blanche. C'est mon jour de repos et je veux vraiment en profiter pour te répondre. Demain cela fera une semaine que j'ai ta lettre. Je sais qu'il me faut t'écrire, tu ne peux pas recevoir qu'une simple carte postale. Quand je l'ai vue, je me suis dit, voilà c'est comme ça que je dois réagir, par l'humour. Alors je l'ai acheté avec un timbre et je te l'ai posté illico. Mais maintenant je te dois une vraie réponse. Alors je suis là face à une page blanche.

     

    Au lieu de me battre contre moi, puisque je ne sais comment commencer cette lettre, j'ai ouvert un livre. C'est toujours ainsi avec moi : Quand la vie est trop dure, je fuis dans un roman ou une biographe.

     

    Si j'ai posé le livre et que j'ai réussi à démarrer cette lettre c'est que j'ai lu ceci : " Pourquoi les personnages de Romans auraient plus de courage que nous ? Pourquoi osent-ils tout et nous si peu de choses ?"

     

    Quand j'ai lu ça j'ai illico pensé à l'Afrique du Sud. Donc à toi.

     

    Si dans ta lettre prochaine tu me dis avoir couru sur un train en marche pour sauver une fuego destinée à un carrossier véreux, que la fuego et toi vous avez sauté du train juste avant qu'il ne rentre dans un tunnel, je te jure que je ne serais pas plus surprise que je ne le fus par les Mickaelle Tchigrenkov de ta précédente lettre.

     

    Colerige j'aime les histoires réalistes. Je ne lis jamais de romans absurdes, de sciences fictions. Je suis très attachées à la vraisemblance d'un texte.  Si j'avais lu dans un roman qu'une femme avait reçu ta lettre je n'aurais pensé ni "Beau conte de fées" ni " Quel macho ce mec" non, je me serais dit "Crédibilité zéro". Jamais je n'aurais pu croire qu'un homme puisse faire ce que tu as fait.

     

    Tu as bu combien de verres de vodka avant ?

     

    Colerige j'en ai lu des biographies de femmes approchées par des hommes qui veulent se marier pour rester sur le territoire. Elles ont toutes été draguées à mort.  Toi tu n’essaies même pas de me charmer. Pourquoi ? Que suis-je à tes yeux cruche ou facile ?

     

    Et puis comment pourrais-tu avoir besoin d'un mariage pour demeurer en France alors que tu es richissime ? Les Welch doivent pouvoir te payer les meilleurs avocats du monde. Pourquoi moi ? Je ne suis tellement personne.

     

    Lionel m'a chosifiée écris-tu. OK. 100% OK avec toi. J'ai souvent eu le sentiment d'être un camembert dans un réfrigérateur du temps de mon mariage. Il s'indifférait complètement de comment j'évoluais. Il ne se souvenait de moi que lorsqu'il voulait s'en manger une tranche.

     

    Cole tu reproches à Lionel de m'avoir chosifiée mais n'est-ce pas ce que tu fais aussi ? Tu veux aller à l'ambassade de Russie. Pour quoi ? Pour connaître les formalités pour épouser une française ? Mais Cole ne penses-tu pas que tu sautes une étape ? Ne crois-tu pas qu'il te faille avoir mon consentement avant ?

     

    Cole, la puissance de tes yeux est passée dans tes mots. Mais plus qu’honorée je suis effrayée. Vois-tu je trouvais joli, disons même galant, que tu me dises ta femme à ta concierge, mais là tu n'es plus dans le même registre.

     

    Pourquoi me veux-tu pour femme alors que tu ne m'accordes absolument aucune valeur ? Exemple pour preuve : Sur ma lettre je te dis que j'ai besoin de comprendre ce qui c'est passé avec l'enfant de Beaufort pour que les beaufortains montent en force chez toi. Tu ne me réponds pas. Mes désirs, besoins sont sans valeur pour toi. Tu fais cavalier seul Cole. Ce n'est pas de la chosification ça ?

     

    Je vais te répondre moi à ta réflexion : suis-je amoureuse de toi ? Je ne sais pas comment nommer ce qui me lie à toi mais je sais que ce qui te fait agir n'a rien à voir avec de l'amour. Je ne sais ce que je représente pour toi, mais il n'y a pas d'amour en toi.

     

    Cole comment peux-tu vouloir me voir à ton bras au milieu de tes enfants, de ton personnel ?

    Cole tu es incompréhensible pour moi.

     

    De toute façon en ce moment je ne comprends plus personne. Depuis 25 ans je suis la voisine de Madame Tillyou. Sur ces 25 années X fois elle m'a affirmée que je suis comme sa troisième fille. J'y ai cru moi. Sa présence me faisait du bien. J'avais trouvé une mère en quelque sorte. Et je  croyais avoir deux frères aussi.

     

    Samedi donc le jour d'arrivée de ta lettre voilà Stoyan tout heureux chez moi.  Madame Tillyou va leur vendre une partie du terrain. J'ai oublié de te dire que le dernier argument que j'avais trouvé pour repousser le projet du bassin c'était que seule Madame Tillyou 86 ans était propriétaire du terrain, et que donc avant même d'avoir fini de payer les prêts bancaires ouverts pour le bassin, ses héritiers nous y interdiraient l'accès.

     

    Bref Madame Tillyou a voulu se défaire d'une partie du terrain pour que les garçons puissent poursuivre le projet. Jérémy va acheter seul le terrain pour que Stoyan puisse s'offrir la moto de ses rêves.

     

    Madame Tillyou ne veut pas de moi et les garçons sont si heureux qu'ils ne réalisent même pas que je suis évincée. Elle est belle la famille que je me croyais avoir ! Pour eux je suis sans valeur, comme pour Maxime qui s'en va, et pour toi. Et pour toi.

     

    Cole je te fais un grand cadeau en refusant de partir en Afrique du Sud avec toi. Tu aurais été déçu, je ne suis pas celle que tu cherches et que tu crois avoir trouvé.

     

    Oui je crois être amoureuse de toi. Et je crois que c'est cela qui me rends si triste car si tu fais cavalier seul moi aussi je suis seule dans ma chimère. Je n'aurai jamais du commencer à t'écrire. Pourtant tes lettres, les attendre, les recevoir m'ont fait passée une année durant laquelle je me suis sentie vivante, tellement vivante et belle aussi parfois. Merci Cole.

     

    Je t'aime très probablement, oui. Tu vois j'arrive à avoir autant de courage qu'un personnage de roman.

     

    Sois heureux monsieur l'homme qui n'est pas mon mari et qui ne le saura jamais.

     

    Mickaelle.

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 24 Août 2016 à 08:31

    Y'a un truc qui "Cole" pas. Réaction logique de Mickaelle, mais nos deux tourtereaux se ressemblent bien plus qu'il n'y parait il me semble, ils ne l'expriment pas de la même manière

    2
    Mercredi 24 Août 2016 à 20:43

    Même fondement mais expressions différentes.

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