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    Halka est dans sa chambre. J'en suis très heureuse, vraiment très heureuse, même si cela me fait dormir toute seule. Guénady était tellement content de la retrouver après onze jours d'absolue absence, qu'il l'a suivie dans sa chambre.

     

    Comment ne pas laisser les petites le suivre ? Il est vraiment un super tonton. J'ai l'impression que les petites malheureuses d'avoir perdues leur maman, se sont greffées à lui. Guénady en semble bien fier. A croire qu'il lui manquait une occupation.Une responsabilité.

     

    Il est trop comique. Il fait gros nounours au près d'elles. 6 kg 840 face à 820 grammes et 860. Il s'assied sur ses fesses, et sa tête passe de droite à gauche tel celle des spectateurs d'une partie de tennis. Et puis sans préavis, dans un petit cri d'enchantement il saute sur ses pattes et va en rejoindre une en trottinant, car bien sûr, quand Chama s'en va vers la droite, il faut que Macha aille à gauche.  Il ne fait pas comme une maman chat, il ne les porte pas pour les réunir, mais j'ai vraiment l'impression qu'il barre la route de la fugueuse pour l'inspirer  à rejoindre sa soeur.

     

    Les séparer tous les trois pour une nuit n'aurait rendu personne heureux. Donc je suis seule, mais satisfaite. En même temps je suis sûre que si je ne vais pas être réveillée dix fois dans la nuit par une griffe, un ronron ou un saut sur moi, je vais encore moins dormir que les nuits passées. Oui elles me réveillent et Guénady aussi, mais c'est un peu comme si dix fois par nuit j'entrais dans un pays des rêves merveilleux. Rêves qui m'enchantent et m'apaisent largement autant que des minutes additionnées de sommeil profond.

     

    Mes premières nuits, mes centaines de premières nuits dans les draps de Xavier, je veillais son sommeil plus que je ne dormais. C'était si miraculeux d'être dans ses bras, contre sa peau qu'il m'était impossible de dormir. Le bonheur me gardait éveillée. Jamais je n'ai aussi peu dormi qu'à cette période. Jamais je n'ai été aussi peu fatiguée.

     

    Ce n'est pas comparable, mais tout de même un peu.

     

    Je n'avais jamais compris comment il était possible que Bénédicte tienne autant à un chat. D'un côté il y a les hommes et de l'autre les animaux. Je suis végétarienne par respect, je suis militante active pour L214 par respect, éthique. Je comprends grâce à mes jumelles le sens de tous les discours que je tiens depuis des années. Cela me fait penser à une histoire religieuse. Je ne la sais plus vraiment, mais c'est un homme qui demande à un rabbin, à un curé et à un Imam si ils croient en leur Dieu. Le curé et l'Imam répondent oui, alors que le rabbin dit NON, non il n'y croit pas, il sait. Et bien je suis passée de la croyance au savoir. Trente années à prêcher qu'il faut aimer les animaux et enfin je sais le sens des phrases que j'avais apprise par coeur.

     

    J'ai vécu trente ans sans vouloir faire de mal au animaux. Maintenant je vais vivre en les aimant.

     

    Maintenant je veux, oui, je veux mes oies et mes poules. Oui je les veux. Je suis heureuse de voir l'avenir qui m'attend. Chama & Macha m'ont ouvert le coeur, les plumées vont me grandir aussi, je n'en doute plus. Elles vont me révéler une partie de moi qui m'est encore inconnue comme si en peignant les murs de la maison je découvrais que l'un d'eux était en fait une porte ouvrant sur une pièce inconnue.

     

    Cela peut faire peur.

    Je n'ai pas peur. Je suis enchantée, heureuse.

     

    Et je suis heureuse que Halka soit là.

     

    Halka est là mais elle n'est pas de retour. D'ailleurs elle n'est pas 100% là, elle est venue sans son entrain, sa joie de vivre, elle porte sur son visage une gravité que je ne lui connais pas. Qu'a-t-elle ? Elle n'en a rien dit.

     

    Quand je suis rentrée de l'aquagym je l'ai trouvée dans la cuisine. La table était mise, cela sentait très bon. L'une comme l'autre nous n'avons rien dit, nous avons fait comme si nous étions un mercredi ordinaire, comme si notre petite routine n'avait jamais été cassée. On s'est dite bonjour, j'ai enlevé mes chaussures, ma veste, et j'ai mis les pieds sous la table.

     

    Ensuite il n'y en a plus eu que pour notre petite famille. Halka a reçu assez de photos et vidéos pour reconnaitre les demoiselles. Elles n'ont vraiment rien de sauvages, elles ont adopté Halka en dix secondes.

     

    Hakla m'a dit qu'il restait un petit frère. Les naisseurs ne veulent garder qu'une des filles. Nous avons refait le monde félin, nous avons imaginé Geaidydy dans un an, aux prises avec deux grandes pétasses de filles. Nous nous sommes demandées si il ne serait pas ravi d'avoir un pote face aux pestes, alors. J'ai nommé le petit frère en attente d'adoption Matoucha, mais j'ai bien insisté : les filles avec moi et les garçons avec Halka. Nous avons parlé de Matoucha comme on délire sur un voyage fantastique que l'on ferait si on gagnait au loto, mais tout de même j'ai une petite pensée pour lui. Que va t-il devenir ? Je suis assez fragile pour l'adopter si à sa prochaine visite Halka en est accompagné. De voir Guénady si heureux de ne plus être seul doit l'inspirer de prendre le petit frère. En a-t-elle parlé parce qu'elle en a envie, où juste parce qu'elle sait qu'il existe ?

     

    Je ne sais rien de ses projets. Va t-elle reprendre sa vie ici ? Va t-elle restée chez ses parents le temps de se trouver un appartement ou une maison à louer ? Ou à acheter, pourquoi pas.

     

    Nous n'avons parlé que des chats. Si elle dort ici c'est juste par praticité.

     

    Nous n'avons parlé que des chats et de Solange. Halka a voulu savoir ce que Solange avait dit au sujet de Mickaelle. J'ai répondu la vérité, que Mickaelle est une pure invention de Samuel pour mieux vivre sa maladie de peau. Il n'a aucune soeur. J'ai senti Halka se fermer quand elle a abordé le sujet de Solange, quand elle a posé la question, puis elle s'est verrouillée à ma réponse.  Et ce fut tout. Elle n'a pas insisté, elle a quitté la table pour se détourner de moi.

     

    Ordinairement elle aurait bondi, éclaté de rire ou de colère, mais là, elle a serré les dents et a été embrasser les jumelles et son fils .

    Ensuite il n'en a plus été question.

     

    Demain matin je partirai au travail avant qu'elle ne sorte de sa chambre. Je ne me fais aucune illusion demain soir elle ne sera pas là. Enfin c'est normal, elle travaille plus tard que moi, mais je ne l'attendrai pas pour manger, demain elle ne reviendra pas. Elle n'a pas eu à le dire, je le sais.

     

    Je n'aurai pas à entrer dans sa chambre pour voir si elle emporté ses dernières affaires , il me suffira de voir si mes jumelles auront encore leur tonton.

     

    Je sais qu'elle ne veut pas restée ma colocataire.

    J'aimerai qu'elle le reste.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 11 Avril 2016 à 20:09

    La découverte de deux petites vies. Bon maintenant il va falloir attendre pour savoir ce que tu as imaginé pour demain soir ....

    Et  bien on attendra !

    2
    Mercredi 13 Avril 2016 à 20:12

    Pour toi : elle revient ou pas ?

    Avec Matoucha ou pas ?

     

    Tu peux répondre sans peur, tu n'influenceras pas l'histoire, le chapitre suivant est déjà écrit, je n'ai plus qu'à travailler l'écriture.

    3
    Jeudi 14 Avril 2016 à 16:00

    Pour moi elle revient, mais je doute que le retour soit un simple retour ordinaire

    On verra la suite ...

    4
    Jeudi 14 Avril 2016 à 16:04

    Pas bête l'artiste yes.

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