• Se dévorer des yeux en l'absence de témoin. Détourner le regard pour y taire la passion le reste du temps. Être seule sous les draps ou juste avec un rat et rêver d'une peau interdite, une peau qui flétrie et qui ne sera accessible  qu'une fois le grand envole passé.

     

    Jacques Brel, l'ombre de son chien cela me débecte. La soumission de la femme c'est bon pour les intégristes, juste pour les intégristes. Moi je veux tout. Moi je suis Juliette de la comédie musicale. Je veux tout, le mari et l'amour. Et pas dans cent cinquante ans.

     

    Un homme, une femme qui dit "attend" c'est quelqu'un qui n'aime pas, qui ne veut pas. Un homme qui dit que ce n'est pas le bon moment, idem, il repousse l'échéance dans l'espoir de pouvoir y couper. Titouan est un commercial même si il est ouvrier de laiterie pour payer le loyer, c'est un commercial. Il peut vendre n'importe quoi à n'importe qui. Il pourrait même vendre un boeuf entier sous cellophane à un végétarien.

     

    D'ailleurs j'en ai marre d'être végétarienne. Le frigo de Monsieur ne peut pas souffrir d'avoir une tranche de pâtée sur ses grilles, et bien moi j'adore les pâtées que fabrique papa et j'en ai marre de devoir aller chez maman pour y avoir droit.

     

    Je suis végétarienne que par amour. Titouan ne voit même pas le boulot que cela représente. C'est pire qu'un régime pour rentrer dans son maillot de bain. Le régime lui il a une fin. En septembre : A fond la fourchette. Le régime végétarien c'est la faim tous les jours. Cela me crève le cœur que mon fils ne puisse pas connaitre la saveur d'une côtelette d'agneau, que sa petite langue reste dans l'ignorance de la texture d'une bonne langue de bœuf. Parfois je trouve qu'être végétarienne c'est aussi pénible que de devoir vivre sous une burka. Ok je n'ai jamais passé une journée sous une burka. Ok ce doit être pire. Être végé ce n'est en fait qu'aux heures des repas, on ne l'ai pas quand on prend le bus, quand on est au supermarché, à la poste ou à passer l'aspirateur. Ok, je reconnais, la burka c'est pire.

     

    Mais pourquoi quand on aime on doit obligatoirement le payer ? C'est comme si, parce que tu aimes, alors tu vas trinquer, tiens c'est comme l'argent, tu as un bon salaire, boom, tu paies des impôts. Pourquoi le patron ne peut pas nous donner une somme qui ne soit que pour nous ? Idem pour l'amour. Pourquoi parce que l'on a dans les tripes l'homme de sa vie, on doit souffrir à un autre endroit du corps ?

     

    Moi je dis NON.

    Moi je passe à la désobéissance amoureuse.

     

    Je t'aime mon amour je ne serais ni ton rat, ni ton chien et encore moins son ombre. Moi je serai devant toi, ou à droit, voir à gauche, mais seulement derrière toi si je le veux.

     

    Attendre : je ne le veux pas. Je désobéis.

     

    J'ai tout compris à sept ans en rentrant de l'école toute seule parce que j'avais un mal de ventre et que j'ai trouvé maman sur le canapé avec un monsieur tout nu. Maman est venue vers moi, jamais encore je ne l'avais vue tout nue. Ce jour là je n'ai plus eu envie d'avoir des seins, c'est pas beau des seins nus, c'est tout ballotant comme des poumons suspendus au crochet de boucher. Maman m'a giflée. Jamais fait avant, jamais fait ensuite mais ce jour là elle m'a giflée.

     

    Ensuite j'ai revu le monsieur habillé, souvent, très souvent. Papa m'a dit, souvent, très souvent " Je ne sais pas comment ta mère si prend, mais Mr Jouan ne lui refuse jamais rien. On a de la chance de l'avoir en client, c'est le plus gros restaurateur de la ville  ".

     

    Moi je savais comment elle s'y prenait maman. J'aurai pu renseigner papa, mais dès très petit, on sait que certaines choses ne se disent pas.

     

    Titouan m'est ce que  Mr Jouan est à maman. Il ne peut rien me refuser.

     

    Ce qu'il m'agace quand il me reproche de ne pas lui obéir. Est-ce qu'il applique ses propres lois ? NON. Pourquoi il a signé son CDI alors qu'il veut aller au Canada ? Pourquoi il ne cherche pas un job là-bas ? Pourquoi il ne va pas dans mon lit quand je le rejoins dans le sien ? Pourquoi il a été ok avec l'idée de Jean Charles, de laisser Marie Nelly diffuser qu'ils étaient en couple ?

     

    Fait ce que je dis mais ne fait pas ce que je fais est l'unique devise qu'il applique même si il prétend le contraire.

     

    Moi je veux vivre tant que je suis encore jeune. Moi je veux que mes enfants puissent jouer ensemble.

     

    Mon Loulou, u peux compter sur moi et ton papa pour avoir ta petite soeur très vite.

     

    On ne fait pas un enfant à quarante ans quand on peut l'avoir à vingt trois ans.

     

    C'est bien connu de toutes façons, la logique n'est pas un truc de mec. Les affaires de familles, il n'y a que les filles pour y comprendre quelque chose.


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  • C - Tu me fais la gueule, c'est ça ? Je n'y peux rien, moi. Je te passe juste l'information. Tu crois que cela me fait plaisir à moi ? Il nous a permis de rester ensemble en paix, d'avoir nôtre fils, et ton CDI aussi. Il nous a tout donné et maintenant tu as le sentiment qu'il nous reprend tout. Tu le vois comme un traitre.

    T - Je n'ai pas dit ça.

    C - Je te connais par cœur mon Ange. Je sais ce que tu penses. Tu n'as pas à me le dire.

    T - Si tu étais aussi douée que ça, ce gosse, on ne l'aurait pas.

    C - Pauvre mec. T'es qu'un pauvre mec. Et bien tu sais quoi, ça tombe bien, il n'est pas à toi, il est de père inconnu.

    T - Parce que tu crois que cela me fait plaisir.  Tu n'écoutes rien. Si on est dans la merde ce n'est pas de la faute de Jean Charles, c'est de la tienne, uniquement de la tienne. Tu es une gamine capricieuse, exigeante, impatiente, tu fais connerie sur connerie. Tu n'as même pas repris la pilule, ne me dis pas le contraire, la tablette n'est pas commencée. Tu es inconsciente, juste inconsciente. J'avais un plan, il suffisait de le suivre, mais non tu n'en fais qu'à ta tête. Merde, tu grandiras quand Charlotte ?

     

     

    T - Oh et puis merde Charlotte, ne te mets pas à pleurer, tu n'as plus trois ans. Écoute moi, regarde moi et écoute moi. Je t'aime mon amour je t'aime, mais tu nous fous en danger. Et cela a toujours été. Tu n'avais que quatorze ans quand tu es entrée à poil dans mon lit pour me lécher le gland. Tu avais lu ça où toi, qu'une relation commençait par une fellation ? Tu ne te rends même pas compte des conséquences qu'auront tes actes. Charlotte, la vie ce n'est pas ça. Ce n'est pas de l'immobilité et un pas de géant d'un coup. Tu dois apprendre à franchir les étapes. Je t'ai expliqué quoi ce soir là ? Tu t'en souviens. Est-ce que tu t'en souviens au moins ?

    C - Tu fais des études courtes. Tu te trouves un travail pour avoir un CV qui te permettre de partir au Canada. Là-haut tu te trouves un CDI, un logement et tu me fais venir. Comme on a le même nom de famille, on sera pour tous comme mari et femme, alors on fera un enfant, puis un second et un troisième si cela m'enchante.

    T - Et toi tu fais quoi ? Toi tu débarques dans mon appart, trois semaines après que j'y ai aménagé. Tu ne penses qu'au sexe.

    C - Tu es dégueulasses là, tu es dégueulasses.

    T - Je suis dégueulasse ! Mais tu te fous de ma gueule. Mais tu ne comprends pas que je bosse pour nôtre avenir. Platonique, mille fois je t'ai dit que nôtre relation doit rester platonique. Charlotte tu es ma soeur putain, tu es ma soeur, ma soeur. Tu nous fous constamment dans la merde Charlotte. On vit à un kilomètre de chez les parents. Tout le monde nous connait ici. Tu as voulu venir vivre avec moi, j'ai déménagé pour que tu ais ta propre chambre. Papa et Maman ou n'importe qui d'autre peut débarquer à tout moment à l'appart. Mais tu te fous de ça. Combien de fois t'ai-je dit de débarrasser le bordel que tu poses sur ton lit. Avant Lou-Evan, ta chambre ressemblait à un débarras, juste un débarras. Tu dois  dormir dans ton lit pour que tes draps  ne sentent plus la lessive. Ce n'est tout de même pas compliqué à comprendre ça. Combien de fois en rentrant du boulot à midi, je t'ai retrouvé encore au lit, dans mon lit. Mémé passe toujours à l’improviste, tu le sais pourtant bien. Mais quel mot il faut que j'utilise pour que tu comprennes. Tu nous fous dans la merde Charlotte, tu nous fous dans la merde.

    C - Tu m'aimes oui ou non.

    T - Charlotte le problème n'est pas là.

    C - Oui ou non ?

    T - Oui. Cela te va ?

    C - Je suis la femme de toute ta vie, oui ou non.

    T - Oh Charlotte !

    C - Oui ou non ?

    T - Non si tu ne changes pas de comportement. Non. Parce que je ne vais pas avoir d'avenir à cause de toi. Mais Charlotte tu ne comprends rien à rien. Ici nous n'avons pas d'avenir. Ici on doit faire profil bas, raser les murs. Tu es ma soeur, ma petite soeur. Nôtre amour ne pourra être vécu en plein jour que quand nous serons au Canada. Là-bas j'aurai pu être le père de mon fils, ici je suis son oncle. Tu crois que cela me fait plaisir ? Tu devais rester chez les parents, je devais bosser à la laiterie le temps d'acquérir un savoir faire, et ensuite je serai parti au Canada. Tu m'y aurais rejoint, tu serais devenu ma femme, et on aurait eu nôtre enfant. C'est comme ça que les choses auraient dû se passer. Regarde ce que ton impatience a fait de nous. Je suis une pétale pour les gars au boulot, tu as un enfant d'un mec d'un soir. Il a raison Jean Charles, il faut que nous sortons de cette merde. Charlotte on aurait pu être tellement heureux. Il faut que tu arrêtes tes conneries. Grandie. Merde, grandie.

    C - Mais on est heureux, on s'aime.

    T - On vit dans le mensonge. Nôtre vie c'est magouille et compagnie. Tu as vingt trois ans Charlotte maintenant, pour ne pas dire vingt quatre, il est grand temps que tu te mettes du plomb dans la tête. Dis moi, tu vois nôtre avenir comment toi ?

    C - Je ne sais pas. Ensemble. Toi, moi, Loulou et la petite Diane.

    T - Charlotte je te préviens, malgré tout l'amour que j'ai pour toi, non, pas malgré, au nom de tout l'amour que j'ai pour toi, si tu tombes enceinte, dès que je le découvre, même si je dois t'y emmener en t'attachant et en te tirant par les cheveux, je te jure que tu avorteras. Ne me fait pas ça, ne nous fait pas ça. Mais tu ne comprends pas que ton impatience va nous détruire.

    C - On n'ira jamais au Canada, je ne serais jamais ta femme. On ne pourra jamais être un vrai couple. A douze ans tu avais déjà tout programmé, tu es comme maman avec ses listes aimantées sur la porte du frigo.

    T - Elle a raison. Oui je suis comme elle parce qu'elle a raison. Il faut se fixer un objectif, créer un plan de route et ensuite vivre, c'est remonter la route jusqu'à l'objectif. Il n'y a que comme ça que l'on gagne.

    C - C'est de l'utopie.

    T - C'est du bon sens, Charlotte.

    C - Parce que tu te serais fait moine en m'attendant ? N'importe quoi. Dans les bras d'une autre, tu m'aurais oublier. Je ne suis pas sotte, je sais bien que je vais te perdre, alors je veux des enfants de toi, parce que tu es mon amour pour toujours. Jamais un autre homme ne me touchera. Oui je suis allée dans ton lit, oui je me suis imposée chez toi, oui j'ai eu mon fils sans ton consentement mais c'est parce que contrairement à ce que tu crois, je ne pense qu'à l'avenir. Je vais te perdre, je vais te perdre. Tu vas rencontrer une femme plus jolie, plus intelligente et tu vas me quitter. Tu es l'amour de ma vie, l'amour de ma vie. Pour toi je suis juste ta soeur, tu me le répètes tout le temps. Si j'étais ton grand amour tu ne me dirais pas d'aller dans mon lit, tu t'en moquerais de ce que pensent les autres. En France ou au Canada, je vais te perdre, je le sais bien. Je ne veux pas aller là-bas, il fait trop froid. Tu n'as jamais aimé maman et tu as toujours détesté papa, mais moi je les aime et je veux rester vivre à Saint-Méen avec eux. Je sais depuis toujours que je vais te perdre et que personne ne pourra jamais me consoler de t'avoir perdu. Je ne serais forte loin de toi que parce que tu seras à mes côtés dans les veines de Diane et Lou-Evan.

    T - Charlotte, je vais t'expliquer un truc. Un mec ce n'est pas une queue, même si tous les mecs le disent, et maman aussi. Je n'ai pas besoin de te toucher, de te voir, pour t'aimer. Regard Jean Charles, il n'a aucun sexualité, cela ne fait pas de lui un homme détraqué. J'aurai très bien pu vivre comme lui. Te savoir sur Terre me suffit. Ne comprends tu pas que la vie nous a mis frère et soeur pour mettre à l'épreuve mon amour. Ne comprends tu pas que ne pas te toucher pour te protéger aurait été une preuve d'amour bien plus grande qu'une partie de jambes en l'air. Bien sûr c'est très chouette de te voir jouir, mais c'est éphémère, moi je veux nous construire une vie, un avenir, une famille.

    C - Je n'y crois pas. Tu passeras à une autre. Tu n'es pas Jean Charles, lui il ne vit que pour ses dessins, il s'en fout des femmes, toi tu as des désirs. Si je n'étais pas là, si j'étais chez maman, tu aurais des filles dans ton lit. Tu ne les aimerais peut-être pas, tu continuerais à vouloir aller vivre au Canada, mais tu sortirais le soir, tu irais boire des bières avec tes collègues et certains soirs tu ramènerais une fille dans ton lit. C'est humain. La sexualité fait parti de la vie des hommes comme manger et boire. Regarde le nombre de couple qui s'aiment et qui passent leur temps à s'envoyer en l'air avec d'autre. C'est beau dans les livres un mec comme Cyrano qui aime sa Roxane et qui ne la touchera jamais. Mais tu n'es pas un personnage de roman. Oui je ne t'écoute pas, oui je entre dans ton lit, oui je ne me conforme pas à ta route toute tracée et hyper longue. Je sais que je te contrarie, et je continuerai, mais je vais te dire, quand on aura cinquante ans, que tu auras épousé je ne sais qui, que tu auras trois gosses avec elle, et bien moi j'aurai mes souvenirs, j'aurai mes enfants de toi. Ta route est beaucoup trop longue Titouan, à un moment sur un trottoir tu vas m'oublier.

     

     

    C - Tu ne me réponds pas, parce que tu sais que j'ai raison. Vas voir Jean Charles, il t'attend.

     

    T - Charlotte

    C - Quoi ?

     

    C - Je t'écoute.

     

    C - Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu sembles si désolé ?

    T - Tu es toute ma vie, mon coeur, mon sang, mes poumons, mon oxygène, mes pensées...  J'ai envie de t'inonder d'amour, et tu ne le sais même pas. Vas y fait Diane, fait ton second bébé, mais ne t'étonne pas si le monde s'écroule ensuite. Ta maman chérie, tu vas voir comment elle va réagir quand elle va comprendre.

     


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  • Maxime me fait vraiment de la peine. Elle est sérieusement atteinte. Il est plus que temps qu'elle prenne rendez-vous chez un psychiatre.

     

    Et moi qui en remet une couche, qui lui parle de bébé, d'orphelinat. La pauvre. Elle est totalement dépassée par sa vie. Je me demande quels médicaments elle prend.

     

    Je comprends mieux pourquoi elle m'avait dit qu'elle était moins proche de sa copine depuis que celle-ci fréquentait son russe. La pauvre c'est trop dur pour elle d'avoir à entendre parler de bébés tout le temps. Je pensai que de nos deux histoires, la mienne était la pire, mais il faut croire que non. Je me disais que la mort d'un enfant de quelques jours c'était plus digeste que celle d'un grand adolescent. Il faut croire que non.

     

    Elle a rencontré son mari, elle a eu ses deux filles, ensuite. Vraiment je la croyais guérie. Quelle erreur. La pauvre, la souffrance la submerge. J'espère qu'elle prend un traitement pour s'aider. Il n'y a pas de honte à aller mal. On y passe tous à un moment donné et faire le fier ou l'aveugle ne rend pas service, cela ne fait que retarder la guérison.

     

    J'aurai dû le comprendre quand j'ai vu la tombe à l'abandon. Que suis-je bête. J'ai cru qu'elle avait oublié son fils, que pour elle c'était un passé totalement dépassé, mais c'était l'exact opposé, elle n'a jamais enterré son fils. Elle ne peut pas entretenir une tombe où il n'y a personne. 

     

    Pauvre femme. Elle a fait un transfert. Quand son fils est mort, dans sa folie, son refus d'accepter ce qui est, elle s'est inventé que le fils de Solène était Rodolphe, le sien. Il est vrai que seul  deux ou trois jours séparent leur naissance, elles ont pour ainsi dire accouché ensemble, elles auraient pu occuper la même chambre.

     

    Je comprends mieux maintenant pourquoi Solène l'a passée d'amie à ennemie. Maxime a dû la harceler, peut-être même qu'elle a voulu lui voler son fils. Pauvre Solène.

     

    On pense aux parents qui perdent leur enfant dans un accident, mais on oublie ceux qui ne savent pas où il est. Je me souviens avoir lu dans un magazine féminin qu'une américaine avait mis de très grands panneaux sur la toiture de sa maison car sa fille avait été kidnappé et elle refusait de négliger l'éventualité que ce soit des extraterrestres qui aient fait le coup. D'ailleurs en Amérique des enfants ont été enlevé pour coloniser la planète Mars. Ils la veulent prête, habitable, au moment où il faudra fuir de la Terre. Beaucoup de français, d'européens  prennent les américains pour des fous, il n'empêche qu'ils vivent aujourd'hui ce que nous aurons demain à affronter.

     

    Pauvre Maxime qui ne sait pas s'en sortir, qui s'invente que Titouan est son fils pour ne pas affronter la mort de Rodolphe.

     

    Elle a dû porter plainte pour rapt au près de la police. Et moi qui la fait entrer dans ma maison où Titouan passe beaucoup de temps. Est-ce qu'elle analyse les lieux pour pouvoir le kidnapper ? Je dois prévenir Jean Charles qu'il ne doit jamais la laisser seule si elle arrive un jour alors que je ne suis pas là.

     

    Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle est restée en relation avec Romain le père de Rodolphe et surtout pourquoi elle a abandonné la fille qu'ils ont eu ensuite, ensemble.

     

    Pauvre Maxime. La mort de Rodolphe l'a vraiment traumatisée. Ensuite elle a été incapable d'élever ses filles. Elle le dit elle-même, elle est une mauvaise mère, ses filles ne répondent même plus au téléphone quand elles voient que c'est elle qui appelle.

     

    Elle perd son fils, vit en l'imaginant chez Solène.

     

    Son pauvre mari ! Il a dû lui en falloir du courage car parfois elle devait le supplier de l'aider à aller rechercher son fils. Je ne comprends pas que Solène n'ai pas fait faire un test sanguin pour prouver que Titouan n'a aucun lien avec Maxime.

    Elle a dû le faire. Et c'est pour ça que la police n'a plus accordé de valeur à la folie d'une mère éplorée.

     

    Voilà pourquoi son mari n'a pas voulu la soutenir. Et c'est à ce moment là qu'elle a dû renouer contact avec Romain, pour que lui, l'aide. Bien sûr, cela c'est passé dans l'ordre là.

     

    Mais qu'aurait  bien pu faire Romain?

    Déjà c'est une andouille. Donc il ne faut pas compter sur lui pour quoique ce soit. Et en plus, il était pris entre deux feux puisqu'il est à la fois le père de Titouan et de Rodolphe.

     

    Comment deux copines peuvent couchées sur la même période avec le même garçon ? C'est fou comme Maxime est passée pour un réfrigérateur tout le temps de son enfance alors qu'elle couchait autant que Solène. Elles étaient lesbiennes et ensemble, elles mettaient un homme dans leur lit, histoire de varier les plaisirs. Les quatre frères Truiten, Romain et les deux filles ... DSK aurait dû les rencontrer à l'époque, elles lui auraient appris des choses.

    Et Claudine elle était dans le lit aussi ? Quelle horreur !

     

    C'est incroyable que Charlotte puisse être une fille si pure, vu les parents qu'elle a. En même temps, pure, pure ... elle ne veut pas dire qui est le père de son fils. Il ne doit pas être bien libre celui-là.

     

    Titouan, pas de doute, son père c'est Romain. Je n'y avais jamais songé, mais maintenant que je le sais, cela ne fait aucun doute. Charlotte a pour père un Truiten, elle ressemble vraiment à son père... Enfin quel père ? Le mari de sa mère ou l'un de ses oncles ? Si ce n'est pas malheureux !

     

    Donc Maxime, quand elle comprend que ni la police, ni son mari ne l'aidera pour récupérer l'enfant qu'elle prend pour son fils,  recontacte Romain, le père de Rodolphe. Comme il est aussi le père de Titouan et qu'il n'est pas du genre à entrer en résistance en temps de guerre, mais plutôt à être bénévole collabo auprès de la gestapo, il a changé les idées obsessionnelles de Maxime en lui enlevant sa culotte. Et ils ont eu une petite fille. Mais pourquoi alors Maxime l'abandonne à l'orphelinat ? Que son mari n'accepte plus que sa femme le trompe, qu'il demande le divorce, c'est cohérent, mais une femme qui souffre qu'avoir perdu un fils par rapt, aurait dû surprotéger sa fille, limite on aurait dû plutôt découvrir qu'elle la cachait dans sa cave. Pourquoi l'a-t-elle placé à l'orphelinat ? Et pourquoi en Russie ? Il y a tout de même de bon établissement en France. Il n'y a pas de logique.

     

    Il faut vraiment que je prévienne Jean Charles de se méfier d'elle. Il faut aussi que je la fasse rencontrer mon psy. Je ne peux pas laisser Maxime dans un tel état de souffrance, car elle souffre obligatoirement. Je devrai peut-être me prendre un rendez vous chez la psy, pour lui parler de Maxime. J'ai besoin de savoir comment je dois me comporter face à elle.

    Où ai-je mis mon smartphone ?

     


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  • Maintenant je me souviens pourquoi je n'aimai pas la Corouge, enfant. Elle est infernale. Elle n'écoute rien, vit dans son imaginaire débordant. Ce n'est vraiment pas étonnant qu'elle est eu un fils qui écrive des histoires. J'espère juste pour lui qu'elles sont moins délirantes que celles de sa mère.

     

    Si Marie Nelly prenait le temps de s'écouter, elle entendrait toutes les contradictions que son discours additionne. Mais comment peut-elle se supporter ? Pas étonnant que son mari ne sorte jamais de sa laiterie, qu'il parte à l'aube et rentre le plus tard possible. Elle est assommante. Comment Jean Charles peut-il rester avec elle ? Il a vingt cinq, vingt six ans, il est en couple, pourquoi ne s'installe-t-il pas avec Titouan ? Est-il aussi fou qu'elle ? A moins qu'il n'ose pas la quitter, étant son dernier fils. Elle lui fait peut-être un chantage style "si je te perds aussi, je n'aurais plus de raison de vivre, je me suiciderai". Non elle est trop survoltée pour ça, elle serait plutôt du genre à le prévenir que si il part, elle prend le premier avion pour l'Australie puisque plus rien ne la retient à Saint-Méen-le-Grand.

     

    C'est moi qui devrait m'envoler pour l'Australie et dès ce soir. Même si pour ça je dois vider mon minuscule livret bancaire et faire trois escales.

     

    Depuis mon passage chez Andrée, je sens bien que je suis à fleur de peau, totalement dans la peur, cent pour cent sur la défensive. Je sens au fond de moi que Solène va débouler comme une furie, qu'elle va m’agresser comme jamais. Je sais de quoi elle est capable quand on la contrarie. Pour elle, la vie doit toujours présenter ce qu'elle attend, non, ce qu'elle a programmé. Solène n'est jamais passive, dans l'attente. Solène dirige, maitrise tout. Qu'un autre qu'elle prenne des initiatives est impensable. Que j'ai parlé dans son dos à sa mère ... Elle doit être folle de rage. Si elle n' a pas encore abattu sa fureur sur moi, c'est qu'elle prépare ses armes. Sa haine va être violente. Alors oui je panique à l'idée de la voir débouler, oui, je suis  en alerte. Si je me laisse surprendre, elle va m'assassiner, si je parviens à esquiver certains coups, j'ai une petite chance de survie. Je suis en alerte et je cherche mes armures à défaut d'armes. Face à elle je ne ferai jamais le poids. En colère elle n'est plus humaine, elle est bulldozer. Même en plein sommeil d'ailleurs, a-t-elle une parcelle d'humanité ? Dire qu'enfant j'admirai, j'enviai sa façon d'avancer au milieu du monde qui stagne. J'étais tellement pleine de doutes, elle savait toujours se sortir de tout. Elle avait réponse à tout, elle assumait tout, elle dirigeait tout. Elle me semblait si géante et moi, je me sentais à son côté si rien du tout.

     

    Les années se sont additionnées, les rides ont colonisé mon visage. De pauvre pomme, je suis passée à pauvre pomme flétrie. Elle, elle est passée de la petite pelleteuse des années quarante ou super bulldozer futuriste, le modèle 2040.

     

    Je me fais honte. Je n'ai rien appris de la vie. J'étais minable, je suis minable et je vais devenir des miettes de misère. Elle va me pulvériser. Où trouvez la force de l'affronter ? Je pars perdante et ce n'est que lucidité.

     

    Depuis ma rencontre avec Andrée, je suis en survoltage. Je sursaute à chaque fois que la cloche de la porte de la boulangerie retendit. Je ne supporte même plus de l'entendre, je me cache au fond de la maison, du fournil. Je sais je suis pitoyable pour une femme de cinquante ans bientôt.  On ne se refait pas.

     

    Encore plus l'arrivée de Solène, si je veux être honnête jusqu'au bout, je panique à l'idée de voir mon fils. Andrée m'a dit qu'il était le portrait de Romain. C'est très con - prétentieux-  je sais, mais je me dis que même les yeux fermés je reconnaitrai mon fils comme un chien retrouve son maître au milieu d'un carnaval. En vérité je suis assez mauvaise mère pour lui avoir servi du pain dix fois, sans m'apercevoir qu'il est ma chair mon sang, là debout devant moi. Je suis assez rien pour ne pas sentir sa détresse, son espérance, que sais-je encore.

     

    Quel cocktail de sentiments circule dans les veines quand on rencontre sa vraie mère pour la première fois ?

     

    Il ne viendra pas. Il ne voudra pas de moi. Je ne l'en blâmerai pas. Je ne me voudrai pas pour mère non plus. Rodolphe ne cherchera pas à savoir qui je suis. Pas Rodolphe, Titouan. Titouan, je le sais pourtant, Titouan. Il ne nomme Titouan.

     

    Pourquoi me suis-je ouverte à cette allumée de Marie Nelly ? Elle a articulé son nom et j'ai déversé. Enfin déversé ... déversé rien. Andrée a tout deviné, Marie Nelly tout inventé.

     

    Pourquoi ne suis-je capable d'aucun mot ?

     

    Pathétique. Je suis pathétique.

     

    J'en ai vécu des réunions, j'en ai organisé des formations, où est passée l'oratrice en moi ? Qu'ai-je fait de mon éloquence ? Je sais parler pourtant. Professionnellement je n'ai jamais eu peur d'affronter un client, j'ai défendu les pires dossiers face aux banquiers. Pourquoi suis-je si forte derrière les colonnes de chiffres et si minable dans l'affectif ? Le décalage qu'il y a entre moi à la banque pour Papa et moi assise devant le juge qui gère mon divorce et me fait perdre mes filles, est abyssal. C'est à pleurer. Pire c'est à désespérer. Aucune larme sur mon sort ne fera germer une variation.

     

    Quand Mickaelle a téléphoné aujourd'hui, que j'ai vu son prénom s'afficher sur l'écran, je me suis dit "parle lui". Je suis en confiance avec elle. Pourtant pas un mot. Je n'ai articulé aucune mot. Oh si j'ai parlé. De la pluie et du vent, de la couleur du papier peint, j'ai même abordé le sujet du tueur de Tchétchènes mais sur ma souffrance, ma panique interne : rien. Je n'ai rien dit.  Pas un mot non plus sur l'orphelinat, pas un mot sur Titouan, pas plus de mot sur une possible future adoption. Je suis en dessous de tout. Je ne vois pas le zéro de près, il est bien plus haut que moi, je suis profondément dans le négatif. On devrai m'abattre.

     

    Marie Nelly, via son labyrinthe de folie est parvenue à tout retrouver : je suis la mère de Titouan, Romain Fouques est son père. Comme c'est bon d'avoir ça face à soi, comme cela fait du bien de l'entendre. J'aurai tellement voulu que la conversation s'arrête là. J'aurai pu concevoir qu'elle veuille savoir comment Rodolphe est devenu Titouan et inversement, mais l'idéal aurait été que derrière la révélation, il n'y eut rien. Une minute de silence.

     

    Non. Ce ne fut que folie verbale. J'ai dans l'idée que Marie Nelly n'a souvenir de rien. Enfin rien, non, elle a retenu l'essentiel pour elle : elle va devenir la grand-mère de ma fille déposée à l'orphelinat voilà quelques mois.

     

    Je suis maudite. Je passe 50 % de ma vie à assommer avoir tué mon fils alors qu'il vit et quand enfin je parviens à sortir qu'il est vivant, je deviens coupable d'avoir abandonnée une fille que je n'ai pas faite. Je suis maudite.

     

    Elle va oublier Titouan, Romain. Elle ne se rappellera que de ma fille. Demain voir après-demain, Anastasia va me tomber dessus. Elle m'accusera d'avoir trompé son père, d'avoir abandonné sa sœur après avoir tuer son frère. Solène n'aura plus qu'à me finir. Comment disait Edmond : Un pain au chocolat piétiné par un passant. Voilà ce que je vais être avant la fin de la semaine : un tas de miettes au sol. La question est : Qui me donnera le coup premier qui ne fera tomber ? Ma fille ou Solène ? Et laquelle des deux achèvera la bête ? La Mort est assurément être plus douce que certaines étapes de la vie.

     

    Je devrais peut-être écrire aux filles pour les prévenir qu'elles vont entendre des horreurs sur moi, mais que rien est vrai.

     

    A quoi bon ?

    Comme me l'a craché Anastasia devant la juge " il n'y a que les coupables qui ont des explications à donner, eux seuls ont un scénario monté de toutes pièces pour se disculper. Les innocents n'ont aucune défense car ils ne se souviennent de rien puisqu'ils n'ont rien vécu de transcendant". Rien vécu de transcendant ! Pourquoi la juge n'est-elle pas intervenue ? Pourquoi suis-je la seule à la trouver insolente ? Certes je ne sais pas m'y prendre, certes je ne sais pas être mère, je ne l'ai jamais su. Trop copine ou trop directive, trop cassante ou trop indulgente à passer pour indifférente. Je n'ai jamais su être mère. Mais ma fille ne se comporte plus en fille, elle n'est plus qu'ennemie virulente sur ces derniers mois.

     

    Marie Nelly est mille fois trop excessive, mais elle a le mérite de travailler pour combler son fils. Il lui reproche probablement de lui décrocher la Lune quand il voulait juste un carré de chocolat, mais elle se démène pour lui. Comparativement à moi, elle réussit tout ce que je rate, elle est une mère exemplaire. Jamais elle ne se laisserait écraser par une fille qui refuse de lui adresser la parole, devant le juge elle se serait battue comme une lionne, limite elle aurait kidnappé Titouan et Solène pour prouver qu'elle n'a aucun fils sous terre.

     

    Je ne suis pas maudite, je suis juste minable en tout. C'est désespérant d'être aussi faible. Je vieillis en n'apprends rien. Je ne sais pas comment Solène a élevé mon fils mais ce que je sais, c'est qu'elle fut une bien meilleure mère que moi... même si je l'imagine très mauvaise car sans affect.

     

    Si je savais prier, je demanderai à Dieu d’œuvrer pour que jamais Titouan ne découvre mon existence. Il n'a pas besoin de savoir qu'il est né d'une femme qui ne vaut rien.


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  • M - Tu parles de Mickaelle ?

    MN - Peut-être je ne sais pas son nom. Tu m'avais dit que tu avais une amie qui avait un amant russe. Je ne me suis pas trompée ? Je n'ai pas confondu avec je ne sais qui.

    M - Non c'est bon, c'est bien elle. Donc tu veux que je te présente Mickaelle. Oui pourquoi pas. Mais surtout pourquoi ?

    MN - C'est pour les garçons. Tu comprends quand on est homosexuel, la vie est un peu plus compliquée que quand on est hétéro, donc c'est bien quand on peut être pistonné. Je sais c'est moche de le dire comme ça, les gens taisent l'inavouable mais ils ne font pas mieux. Alors voilà moi, je suis nature, donc oui je voudrais qu'elle pistonne les garçons. Parce que si elle ne le fait pas, personne ne le fera et tu comprends, ils ont besoin d'aide les pauvres chéris.

    M - Je comprends surtout que je ne comprends rien. Si tu reprenais ton histoire depuis le début. Mickaelle possède quoi ? Ils veulent qu'elle leur donne quoi ?

    MN - Je peux payer. Jean Charles est mon fils, je vais les aider. J'ai de l'argent, il n'y a pas de problème. Elle sera payée.

    M - Mais pour faire quoi ?

    MN - Pour avoir un enfant de l'orphelinat russe. Adopter. Tu m'avais dit que le russe est directeur d'un orphelinat en Russie. C'est bien toujours le cas.

    M - Ils veulent adopter ?

    MN - Ils ne le savent pas encore mais oui, ils veulent adopter. Tu connais la jeunesse, ils n'ont pas toujours bien conscience des choses, mais bien sûr qu'ils veulent être pères. Si tu les voyais avec Lou-Evan, tu sais le fils de Charlotte, la soeur de Titouan. Si tu les voyais, surtout Titouan, il en est gaga de son neveux. Il va faire un père merveilleux.

     

    M - Romain Fouques.

    MN - Quoi Romain ? Il n'a pas adopté d'enfant, il n'en a pas. Enfin si il en a même deux, avec les filles de Dalida. Mais avec sa femme, il n'en a pas. Si tu voyais la grosse dondon qu'est devenue Sylvie. Une honte. Tu crois qu'il peut aider les garçons  à avoir un enfant en Russie. Ta Mickaelle connait Romain ?

    M - J'ai vu Andrée, il y a quelques jours. Elle m'a invitée chez elle pour que je lui dise qui était le père de Titouan. C'est Romain Fouques.

    MN - Mais non c'est Yves Truiten. Titouan est le fils de Solène, ton amie d'enfance Solène Brahic devenue madame Yves Truiten. Le père de Titouan est Yves. Même si c'est vrai que maintenant que tu me le dis, il est un Fouques tout craché. Grand et fin, c'est du Fouques pur ça, pas du Truiten courtaud et empatté. Solène a trompé Yves avec Romain. C'est vraiment une grosse truie celle-là. Il est minable ce type. Tu te souviens, quand il était jeune, il aurait baisé même dans un trou de taupe.   Enfin tu ne m'apprends rien sur les meurs de Solène, tout le monde a toujours su qu'elle s'envoyait en l'air avec les quatre frères Truiten.  Elle a couché avec le taupier ! Ah il ne faut vraiment pas être écœuré ! Moi un mec comme ça, pour me toucher, il faut qu'il me viole ou me drogue ou les deux, surtout les deux, car jamais il n'aura mon consentement.

     M - C'est ce qu'il a fait. Pas la drogue, le viol.

    MN - Violée ! Impossible. A l'époque personne ne pouvait violer Solène, elle disait ok à tout et tous. Une vraie pute gratuite, et encore une pute qui fait des heures supplémentaires. Je ne l'ai jamais dit à Titouan mais sa mère ce n'était plus un sexe mais un vrai gouffre. Tiens c'est peut-être justement parce qu'il le sait, parce qu'il en a trop vu et entendu qu'il ne touche pas les femmes. Tu te souviens, ton surnom était " le frigidaire " et le sien " le trou ". Je ne comprendrai jamais les mecs. Ils savaient que seul le TGV n'était pas passé dessus, et pour cause, à l'époque il n'était pas encore inventé, et malgré ça, ils couchaient avec elle. Tu sais ce que m'a dit Edmond un jour ? Que " Mettre Solène dans son lit, c'est comme manger un pain au chocolat qu'un passant a écrasé sous sa godasse" . Inoubliable. Et bien  il a mangé de ce pain au chocolat là. Il ne veut pas me l'avouer, mais j'en suis sûre. Ce n'est pas parce qu'il m'a épousée ensuite, que je suis sotte, à l'époque lui aussi ... Comme Romain donc.

    M - Je ne crois pas que Romain, l'amoureux des taupes comme tu dis, ait un jour eu un rapport sexuel avec Solène.

    MN - Tu viens de me dire que Romain est le père de Titouan et maintenant tu me dis que Solène n'a pas ... Tu es en train de me dire que ... La salope ... Elle voulait se faire épouser à tout prix, ce n'est un secret pour personne, mais de là à récupérer des préservatifs usagés pour s'inséminer !!! Elle est vraiment diabolique cette fille.

    M - Diabolique. Oui. Mais ce n'est pas comme ça que cela s'est passé.

    MN - Franchement, je vais te dire, je m'en fou du passé. Les gloires de Solène me passent au dessus de la tête. Je vais perdre le fil de mon histoire. La mère de Titouan je m'en fous, c'est de lui que je me soucis.

    M - Moi aussi et c'est pour ça que je te dis ça. Romain Fouques est le père de Titouan.

    MN - Tu crois que les parties de jambes en l'air de sa mère sont importantes pour lui ? Tu ne veux pas me dire que parce que sa mère est une pute gratuite, mon fils ne va pas pouvoir avoir sa petite fille. L'orphelinat mène une enquête aussi approfondie ? Alors en Russie tu peux être parents quand tu es homosexuel mais pas quand ta mère a eu trois mille amants. Excuse moi mais, quand je vais voir le directeur russe, je vais lui dire qu'il est idiot. Parce qu'ils sortent d'où tous les gosses de l'orphelinat ? De famille au sang bleu ? Il nous prend pour des cons ou quoi. Les orphelins sont des gosses de drogués, de prostituées. Titouan les vaut bien. C'est quelqu'un de très bien Titouan, même si sa mère ne vaut rien.

    M - Marie Nelly s'il te plait tais toi, c'est très dur ce que j’essaie de te raconter.

    MN - Écoute, dis moi clairement :  tu ne veux pas que je rencontre ta copine, tu ne veux pas que les homosexuels ont des enfants. Je peux tout entendre. C'est ça, pour toi mon fils n'a pas le droit d'avoir un enfant, parce qu'il est homosexuel ?

    M - Ton fils peut avoir un enfant, Marie Nelly.

    MN - Alors c'est quoi le problème ? Pourquoi tu changes de sujet ? Pourquoi tu me racontes que Solène et Romain sont aussi tordus l'un que l'autre ? Je le savais déjà.

    M - Ce que je veux dire ... Solène et Romain ... Enfin je ne sais pas, mais je ne crois pas qu'il y ait eu quelque chose entre eux. Ce que je veux dire ... Andrée a voulu savoir, et je sais que j'aurai dû me taire mais maintenant c'est trop tard, j'ai parlé, enfin non je n'ai pas parlé, mais je ne l'ai pas détrompée.

    MN -  Accouche, c'est quoi le problème ?

    M - Voilà c'est ça.

    MN - C'est ça, quoi.

    M - J'ai accouché.

    MN - Quand ? Tu as eu un bébé dernièrement ? Mon Dieu mais c'est génial ! Génial. Oh Maxime merci, merci, merci.

    M - Tu as compris quoi là ?

    MN - Tu as divorcé de ton mari parce qu'il voulait l'enfant mais pas toi. Tu te sentais trop vieille pour être mère à nouveau, alors, tu a donné le bébé au russe, pour son orphelinat. Oh Maxime je te jure que mon fils s'occupera très très bien de ton bébé. Si on m'avait dit que j'allais devenir la grand-mère de ta fille. Maxime je ne te remerciement jamais, jamais, jamais assez.

    M - Marie Nelly non.

    MN - Oui oui je sais , je vais gardé le secret. Je peux être une tombe tu sais. Bien sûr que jamais je ne dirai que c'est ta vraie fille. C'est formidable. C'est bien une petite fille que tu as eu  ? Tu as accouché quand ? Sur septembre, octobre ? Elle n'a pas un an donc.

    M - Arrête !

    MN - Quoi. Ah oui pardon, tu voulais me parler de Romain. C'est lui le père. Romain était ton amant quand tu étais marié . Je ne savais pas que tu avais des contacts avec lui, en même temps la discrétion c'est le propre des amants. Elle a quel age votre fille ?

     M - C'est un fils et il a vingt six ans.

    MN - Romain est le père de Rodolphe et tu l'as gardé comme amant tout le temps de ton mariage. Alors toi tu caches bien ton jeu. Pour un frigidaire ... Là je suis sans voix. Ce n'est pas que je te juge, mais que Solène est une double vie sur vingt ans, je n'en aurais pas été étonnée, mais toi la frigo, là oui, je ne sais pas quoi dire.

    M - Il n'y a pas de petite fille, il n'y a que Titouan.

    MN - Rodolphe. Ton fils s'appelle Rodolphe, Maxime.

    M - Mon fils c'est Titouan. Rodolphe n'est pas mort, c'est le fils de Solène qui est enterré.

     

     

    MN - Titouan Truiten, l'amant de mon fils Jean Charles est le fils de Romain Fouques et de toi.

    M - Enfin. C'est dit.

     

    MN - Et tu veux qu'il adopte sa sœur. 


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  • Jean Charles avec Yvane ! Voilà bien un couple improbable. Je ne vais pas le lui dire, il va se fâcher. Mais voilà bien deux personnes que je n'aurai jamais eu l'idée d'associer.

     

    Yvane Gaborel. Si elle n'a pas encore ses quarante ans, elle ne doit pas en être bien loin.

     

    Jean Charles a eu ses vingt cinq ans le douze décembre, autant dire qu'il a plus l'âge d'être son fils que son amant. Je devrai rire de mon étroitesse d'esprit, moi qui depuis mes quatorze ans embrasse le seul garçon qui m'est interdit. Dans la société le couple Yvane / Jean Charles sera toujours mieux vu que le mien. Je suis bien mal placée pour les juger.

     

    De toute façon à bien y réfléchir, Yvane est peut-être la meilleure des femmes pour Jean Charles. Peu de filles de vingt ans ont les épaules pour assumer son handicap, alors qu'une femme de quarante ans, une femme divorcée, elle, elle peut avoir assez de recul pour savoir dépasser le paraitre, pour vouloir de l'amour non des prouesses au lit. Encore une étroitesse d'esprit. Pourquoi ne pourrait-il pas faire un merveilleux amant ? Son mari probablement, possesseur d'un corps en entier pouvait ne pas la satisfaire. Elle l'a quitté : cela veut bien dire ce que cela veut dire. Les magazines prétendent que la jouissance, l'orgasme ne sont connus que d'un très faible pourcentage de femmes. J'ai même lu chez le coiffeur la dernière fois que j'y suis allée, que celles qui l'atteignent sont celles savent se l'offrent seule. Super claque pour les mecs ! Ok c'est peut-être un peu provoc, mais il y a un gros fond de vérité, sinon ce ne serait pas écrit.

     

    Yvane.

    J'ignore tout de cette femme. Que sais-je d'elle si ce n'est qu'elle est plutôt bonne comédienne ? Oksana m'a racontée qu'elle était divorcée. Je ne sais même pas quel est son métier, en a-t-elle un d'ailleurs ? Habite-t-elle Saint-Méen-le-Grand ? Quels ages ont ses enfants ? Le plus grand ne doit pas être tellement plus jeune que Jean Charles. Pas sur qu'il apprécie que sa mère couche avec. Il vaut mieux que ce soit un garçon. Entre mecs ils peuvent faire des choses ensemble. Une fille c'est plus délicat, surtout si elle est célibataire. Elle va mal vivre qu'il lui préfère sa vieille mère. Perso j'aurai vraiment du mal à accepter de voir ma mère s'afficher avec un mec de mon age.

    Prenons Luc le collègue de Titouan. Il a vingt sept ans.

    Maman et Luc.

    Non je ne pourrai pas. Je ne le pourrai pas. Maman ne peut pas nous faire ça, à Titouan et à moi. Ce serait horrible.

    Luc et Marie Nelly.

    Oh quelle horreur ! Là ce serait encore pire. Marie Nelly s'habille comme une gamine, ou un sapin de noël fluo pour reprendre l'expression Jean Charles. Si en plus elle s'affiche avec un jeune amant, sûr qu'elle atteindra le comble du ridicule. En plus excessive comme elle l'est, elle ne saura pas se tenir, elle affichera sa passion amoureuse en pleine rue, elle se cramponnera à son bras... Ah quelle horreur ! Il n'y a rien de plus vulgaire qu'une vieille qui se la joue jeune.

     

    Pauvre Jean Charles, pour une fois qu'il s'amourache de quelqu'un, il faut qu'il tombe sur la plus impossible. Je ne comprend pas pourquoi il ne intéresse pas à Oksana. Elle est bien faite, elle est super gaie, un peu fofolle mais c'est chouette, elle nous fait rire. J'ai toujours entendu que les hommes fantasmaient sur les noires. Pourquoi il n’essaie pas ? C'est vrai qu'elle a peur de ses prothèses. Moi non plus, je ne pourrai pas. Il a peut-être raison, les femmes âgées sont peut-être plus ... moins... enfin elles pourraient, quoi.

     

    Je devrai demander à Oksana de se renseigner pour la signification de son tatouage. Quelles lettres a dit Jean Charles déjà ? I.G.V.A non O.U.G.I. Je ne sais même plus.  G.O.V.E. Qu'importe, je n'ai pas à m'en souvenir, c'est tatoué, cela ne va pas changer pas.

     

    Et sur Jean Charles, que sais-je ?

    Je le connais depuis ... disons ... vraiment disons cinq ans. Oui cinq ans. Titouan me l'a présenté pour mes dix huit ans. Titouan m'en parlait déjà depuis longtemps. Il disait courage - génie - force - modèle. Jean Charles nous rappelle encore parfois comme Titouan l'avait placé sur un piédestal à partir du jour où il n'en avait plus, ce qui faisait qu'il en avait encore un. J'adore l'humour décapant de Jean Charles. Je serai bien incapable de me moquer de mes complexes, peurs et angoisses, comme lui. Oui son humour c'est sa force et c'est sa force mental qui est source de son humour.

     

    Aujourd'hui je l'apprécie, mais au début, non, vraiment non, je ne l'ai pas aimé. Il me mettait tellement mal à l'aise. Et il le savait. Et il en rajoutait. Soit il arrivait en fauteuil roulant et je ne savais pas comment me comporter vis-à-vis de lui, soit il portait ses prothèses mais il avait son légendaire shirt rouge. Je hais son shirt rouge. Je hais toujours autant quand il se promène en shirt. J'ai l'impression qu'il nous provoque en exhibant ses prothèses. Pas " Vois comme j'ai beaucoup souffert " mais " Je ne suis pas de ton monde ".

     

    Et puis il avait une façon de ne rien dire. Il a toujours su pour Titouan et moi. Au début Titouan affirmait que je me faisais des idées, puisqu'il ne lui avait rien confié, il ne pouvait donc rien savoir. Il savait. Je savais qu'il savait. Il savait que je savais qu'il savait. Et il s'en amusait. Il me regardait droit dans les yeux, comme pour me dire " je peux détruire ta vie - un mot de moi et tu es morte ". Titouan affirmait que je me faisais des idées, qu'il n'était pas comme ça. Non je ne me faisais pas d'idée, il savait, mais oui j'avais tord, il n'était pas comme ça. Dans ses yeux je lisais ma peur, pas son mépris ou son désir de détruire, juste ma peur de perdre Titouan.

     

    Je sais les obèses ont autant le droit que les minces d'être en maillot de bain sur la plage, et les amputés ont autant le droit que n'importe qui de porter manches courtes et shirts. Je sais, le problème est en moi non en eux, mais c'est dur, vraiment dur de regarder une prothèse marcher. En plus il en a deux. C'est au dessus de mes forces. En pantalon, Jean Charles est comme tout le monde, il marche sans boiter, il a même une souplesse qui le rend élégant. Si il portait un costume cravate, et qu'il se rasait au lieu de se la jouer mode avec sa ridicule barbe de trois jours sous le menton et son absurde moustache, je suis sûre que je pourrai lui trouver de la prestance. Mais en short ... en short !

     

    Titouan n'a jamais éprouvé de la difficulté face à Jean Charles, même alors qu'il était  sur son lit d'hôpital. Moi je ne peux toujours pas voir ses moignons. Je ne sais pas de quoi j'ai peur, l'accident remonte à plus de huit ans maintenant, la peau est bien lisse, les cicatrices ne sont pas laides, épaisses, mais je ne peux pas, c'est plus fort que moi, je ne peux pas.

     

    Jean Charles.

    Il sait tout de nous, de moi, mais moi que sais-je de lui ? Si peu.

     

    Je l'ai voulu mon fils. Tellement voulu. 

     - Alors fait le.

     

    Comme je me suis accrochée à son "Alors fait le". Je l'aurai dessiné en grand sur les murs de la chambre de Lou-Evan que je n'en aurai pas être plus obsédée. Pour Titouan j'allais droit dans le mur, je devais oublier mon caprice, c'était simplement irréaliste. Il ne me comprenait pas. L'envie d'avoir mon fils me déchirait les entrailles. Parfois je coulais dans des crises de larmes tant j'avais l'impression de le perdre avant de l'avoir eu.

     

    Jean Charles, calme, simple, répétait "fait le".

     

    Je sais que c'est lui qui a convaincu Titouan que je n'étais pas capricieuse, mais juste une femme amoureuse qui voulait un enfant de son amour. Je pense qu'il avait raison, qu'au fond de moi je savais que mon histoire d'amour n'avait pas d'avenir, alors je voulais un enfant pour le faire vivre autrement.

     

    Je crois que Jean Charles sait comme la vie peut détruire les volontés, les rêves, les forces. Je crois qu'il me voyait comme lui en version encore sauvable. C'est dur à expliquer, mais c'est un peu comme si il voulait que je m'offre une autre vie pour combattre celle morte en lui. Je ne sais pas comment le dire, mais il y a un truc comme ça. Si je gagne, il gagnera aussi, ou du moins, il aura le sentiment d'avoir moins perdu.

    Titouan dit que c'est atrocement capillotracté.

    Jean Charles ne dit rien et cela en dit long sur son acquiescement.

     

    Je voulais un enfant, Titouan n'y songeait pas, y avait renoncé avant de l'avoir désiré et Jean Charles affirmait "fait le" comme si c'était si simple.

     

    Et puis vint s'additionner la dingue folie de Marie Nelly. Les deux garçons sont toujours ensemble, ils ne fréquentent aucune fille en dehors de moi, petite sœur de Titouan, donc une qui ne compte pas. Sans plus se poser de questions, elle les a uni par les liens de l'amour. Titouan et Jean Charles sont devenus homosexuel.

     

    Titouan a rigolé.

    Sotte et propriétaire immature, je me suis offusquée.

    Jean Charles nous a invité à en profiter. Lui seul a compris l'immense chance qui s'ouvrait à nous. En ne démentant rien, mieux en le confirmant, Jean Charles  nous a offert la possibilité d'avoir Loulou.

     

    Je n'oublierai jamais ce que je dois à Jean Charles. Je lui dois ma vie. Je lui dois mon fils. J'ignore tout de mon avenir, sauf que je sais que cela va très mal finir. Mais je n'en fous, j'aurai la force de mener tous les combats parce que j'ai mon fils. Personne ne pourra me l'enlever. Jean Charles m'a rendu forte et courageuse pour une vie entière. Quoiqu'il arrive maintenant, demain, dans une semaine ou dans dix ans, je n'ai qu'une chose à dire : Jean Charles merci pour la vie. Phrase qui s'entend dans les deux sens.

     

    Je m’aperçois que, toute à mon bonheur, je n'ai jamais saisi combien il y avait un sentiment de non avenir au fond de Jean Charles. Conne, je n'ai jamais douté  que seule l'amitié l'avait inspiré à demeurer officiellement l'amant de mon frère. Pire, je l'ai même soupçonner d'en être amoureux. J'étais au antipode de la réalité. Oui il y a de l'altruisme en Jean Charles, mais un altruisme recouvert d'une épaisse couche de vase mortifère.

     

    Il y a dix minutes, quand il est parti, j'ai pensé, écœurée : "les gens n'ont aucune constance, ils ne tiennent jamais leur promesses," mais maintenant se dévoile en moi  la peine qui le noie. Il a beau vouloir s'enfermer dans le rôle d'un homosexuel épanoui, il crève de n'avoir aucun rôle dans les bras d'une femme. C'est un peu comme Titouan a accepté d'entrer à la laiterie car il n'a jamais cru qu'il puisse décrocher un job plus proche de ses rêves.

     

    Ils ne sont pas unis par une passion sexuelle, ils portent en eux une commune certitude d'impossibilité.

    Impossibilité d'être quelqu'un professionnellement pour Titouan. Merci papa de lui avoir tant et tant rabâché : "tu seras boucher ou tu ne seras rien". Titouan a pris l'option de n'être rien.

    Impossibilité d'être en couple pour Jean Charles. Les femmes ne touchent pas les hommes handicapés. Je ne peux pas le rassurer étant d'elle.

     

    Et moi, moi. Quelle est ma désolation ? Pour ne pas dire mon amputation. Ma plus grande peur est de perdre Titouan. Cette peur est mon avenir. Je vis dans l'urgence. Je sais la séparation approchant. Je n'en reviens pas qu'elle ne soit pas encore survenu.

    Lou-Evan est né. C'est un miracle.

    Chaque nouveau soir  Titouan rentre à l'appartement, c'est un miracle.

     

     

    Il y a une profonde tristesse en Jean Charles. Je le découvre seulement maintenant. Que d'impairs ai-je dû commettre !

     

    Je vais l'inviter à dîner un même soir qu'Yvane. Il me faut Oksana aussi pour qu'Yvane accepte sans poser de questions. Je ne vais pas le prévenir. Il ne va pas vouloir venir si il la sait présente. Je connais l'animal.


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