• C - J'ai fait le plus vite que j'ai pu. Cela va, il n'a pas été trop difficile ?

    JC - Il dort, il n'a pas arrêté de dormir. Cacahuète est avec lui, au fond de son sac de couchage.

    C - Ce n'est pas un sac de couchage c'est une gigoteuse. Cacahuète est entrée toute seule ?

    JC - Yes.

    C - Elle le fait tout le temps. C'est fou, il faut toujours qu'elle soit avec Lou. Tu dessines quoi ?

    JC - En venant j'ai vu une fille canon avec des lunettes de soleil énormes.

    C - Des lunettes de soleil en décembre ! Elle se croit au ski ?

    JC - J'sais pas.

    C - Bon je veux voir mademoiselle canon, tu me la montres.

    JC - Là tu vois c'est la rencontre.

    C - "Belle princesse t'es trop belle, je vais mourir si tu ne m'embrasses pas. Je sens que je meure déjà". Un peu nul comme déclaration d'amour tu ne trouves pas ? Si tu parles aux filles comme ça, pas étonnant que tu restes célibataire. Et elle lui répond quoi ? " J'embrasse pas les barbus". Elle a raison, c'est nul la barbe. En même temps, tu n'y as pas été de main morte sur la barbe. Déjà qu'il est super obèse, tu as vraiment fait un type super glauque. 

    JC - Yes. Donc il pose un miroir sur un arbre et il se rase.  il retourne la voir, et elle lui dit cette fois, qu'elle n'embrasse pas les obèses non plus, alors tu vois, là il court autour de l'arbre, et il maigrit.

    C - Il creuse un sacré trou aussi.

    JC - Logique il passe toujours au même endroit, alors le sol se tasse. Bref, devenu tout maigre, il retourne chercher son baiser et là elle lui dit qu'elle n'embrasse pas les mecs au crâne rasé. Alors il va s'asseoir au pied de l'arbre et il attend que ses cheveux poussent.

    C - Marrant les feuilles qui tombent et les cheveux qui ont poussé, et là c'est quoi ?

    JC - On est en hiver, c'est de la neige, il est assis et recouvert de neige.

    C - Sauf les cheveux qui ont super poussé. Et là c'est le printemps l'arbre est en fleurs et les cheveux sont hyper longs. Comique.

    JC - Alors il retourne la voir. Il est tout maigre, bien rasé, les cheveux super long, il veut son baiser, il est au bord de la mort là, il faut vraiment qu'il l'embrasse, alors il lui enlève ses grosses lunettes noires, et il découvre qu'elle n'a pas de yeux. Voilà la chute que je n'ai toujours pas dessiné.

    C - Morale de l'histoire : Savoir rester soi-même en dépit des demandes récurrentes des gens que l'on aime, puisqu'ils ne seront jamais à même d'apprécier les effets faits.

    JC - J'sais pas, moi la moral je m'en fous, cela me fait juste marrer. Le mec il fait des supers efforts pour son amoureuse et en fait elle ne le verra jamais. C'est cool je trouve, moi ça me fait marré.

    C - Moi je trouve ça triste. Ce qui est surtout triste c'est que toutes tes histoires finissent mal, comme si l'amour n'existait pas sur Terre.

    JC - Je sais, je ne dois pas désespérer, un  jour je rencontrerai La femme de ma vie. Baratine ce genre de truc à ton fils, mais pas à moi. Je vais même te dire autre chose Charlotte, ok tu es super amoureuse d'un mec génial, fou de toi, mais vois dans quelle merde cela vous fout. Alors je vais te dire, franchement je ne suis pas sûr que le grand amour m'intéresse.

    C - Je sais, tu es heureux dans ton monde imaginaire. Tes personnages de BD sont tes meilleurs amis, tu n'as besoin de personne en chair et en os.

    JC - Non, mon meilleur pote c'est Titouan et je suis ravi d'être le parrain de Lou Evan.

    C - Titouan t'a dit que tu étais le parrain de Lou Evan ?

    JC - Non c'est Lou Evan qui me l'a demandé.

    C - Je croyais qu'il ne s'était pas réveillé .

    JC - Il me l'a demandé dans son rêve, il parle quand il dort ton fils.

    C - Il parle à même pas 2 mois.

    JC - Yes. Il est fort mon filleul. Cela lui réussi vachement de m'avoir pour parrain. Nous sépare pas.

     


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  • Elle me sort par les yeux. Elle n'a jamais voulu aider les parents, moi seule passais mes soirées, mes week-end, à la boulangerie, pour même pas un salaire. Maman n'a jamais été salarié, comment aurais-je pu l'être ? Maman et moi avons donné notre vie pour l'affaire familiale. Pauvre maman elle est morte sans jamais avoir pu connaître autre chose. Jamais de repos, jamais de vacances, juste les dimanches après-midi, et encore, elle les consacrait au grand nettoyage. Pas une fois elle ne s'en permise de venir avec les enfants et moi au cinéma. A-t-elle seulement mis les pieds sur le sable d'une plage dix fois dans sa vie ? Jamais maman n'a accompagné ses petits enfants à la plage. Pauvre maman. Elle a perdu sa vie à sauver le nom de la famille, nom que Maxime a jeté dans la boue.

     

    Elle a déshonoré la famille, Maxime.

    La boulangerie aurait pu faire faillite à cause d'elle. Heureusement que les gens savaient papa et maman d’honnêtes gens, ils sont restés fidèles aux pains de papa, mais il a fallu offrir des cadeaux, faire des remises, accepter les ardoises.

    Comment papa a-t-il pu oublié ça ?

     

    Bien sûr les années ont passé. Beaucoup de clients d'aujourd'hui n'étaient pas à Saint-Méen à cette époque là, mais comment papa peut-il lu faire confiance ?

     

    J'ai déjà entendu des remarques, depuis son retour. Les gens sont si lâches. Un ose parler quand dix se contentent de penser. Il y a ceux qui abordent le sujet par l'humour pour en apprendre plus, comme si j'étais assez sotte pour leur offrir un résumé de l'horreur à venir. Sotte et médium ! Comment pourrai-je savoir quelle bombe elle va nous faire tomber sur la tête cette fois-ci ? Il y a ceux qui avouent avoir été choqués de la savoir de retour et qui m'ont bien fait comprendre qu'à l'avenir, ils marcheront un peu plus, pour aller acheter leur pain place de l'église, soit éviter la boulangerie rue du lavoir où ils prennent le risque d'avoir affaire à elle.

     

    Je l'ai répéter à papa, il répond qu'il faut laisser les gens dire. Peut-être mais tout de même pas au risque de faire couler l'affaire.

     

    J'ai sacrifié ma vie pour l'affaire familiale pendant qu'elle ne voulait pas en entendre parler. J'ai fait les études que maman voulait, pour que je puisse reprendre l'affaire. J'ai épousé Émile Robic l'employé pâtissier de papa pour qu'il ne devienne pas un concurrent en ouvrant sa propre boulangerie, et c'est ce que l'on a fait, on s'est installée, mais pas à notre compte, non, on a ouvert la seconde boulangerie de papa. Maman a tout fait pour que nous ne soyons que ses employés, nous n'avons jamais eu droit à une part des bénéfices. A la mort de maman, papa nous a dit qu'ils s'étaient protégés, que je n'avais droit à rien de son vivant, mais qu'à sa mort, l'affaire familiale me reviendrait.

     

    Seulement voilà Maxime quitte son travail, son mari, ses deux filles, sa maison, et il l'accueille les bras ouverts, il l'installe chez lui et comme elle est comptable elle prend la comptabilité en main en commençant par se verser un salaire.

     

    J'ai trimé toute ma vie pour réhabilité l'honneur de la famille et voilà qu'elle revient.

    Mais qu'est-ce qu'elle croit ?

    Que les gens ont oublié ?

    Personne n'oubliera jamais qu'elle a tué son fils ?


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  •  " Devenir adulte est apprendre à greloter seul ". Je ne sais plus où j'ai lu çà, mais comme c'est juste.

     

    Ma chère grande sœur !

     

    Toute ma petite enfance je lui ai courue après puisque papa restait enfermé dans son fournil interdit aux enfants et maman vivait dans le magasin tout aussi interdit. Il ne me restait que Claudine. Nous n'avions même pas la télévision. Enfin si nous l'avions mais elle devait rester éteinte en journée car ce n'était pas une heure convenable pour la regarder, et le soir car le père dormait et il ne fallait pas faire de bruit, ce qui aurait pu le réveiller.

     

    Claudine a été une petite mère pour moi, une assez mauvaise petite mère. Ce qu'elle doit être aussi pour Céline et Benjamin.

     

    Il faudrait vraiment que j'aille le voir. Pourquoi le faudrait-il ? Je n'ai rien à lui dire. Pourquoi s'emmure t-on toujours dans des devoirs inventés ? Où est-il écrit qu'une tante à des devoirs envers son neveux ? Où est-il écrit que l'on se doit de soutenir les malheureux plus que les heureux ? D'ailleurs est-il plus malheureux que moi ? Que la majeur partie des gens ? Claudine ne lui fait-elle pas jouer un rôle ? Claudine est le clone parfait de maman. Je n'ai jamais été celle qu'elle prétendait, tout ce que les gens savent de moi est faux, alors quelle concordance entre le Benjamin de Claudine et celui qui vit dans son garage ? D'ailleurs y passe t-il autant d'heures qu'elle le raconte ?

     

    Claudine, avant mon arrivée, s'obligeait à nourrir papa. Maman n'est plus alors Claudine prend le relais. Elle n'a rien oublié de l'éducation de maman. Par contre elle a oublié la vérité : je n'étais pas la chouchoute de papa, je fuyais maman et tout autant, voire plus, la boutique.

     

    Passé l'age de l'interdit, nous devions y aller pour vendre. J'étais tellement mal à l'aise derrière le comptoir que je me réfugiai dans le fournil. J'y ai découvert que papa y travaillait beaucoup moins que cru, comme moi il s'y planquait pour fuir les foudres de maman. Alors nous sommes devenus complices, nous nous trouvions des alibis. J'ouvrais un livre, papa ses mots croisés et on dégustait le silence, le calme. Je ne tournais que très peu de pages, il ne réfléchissait qu'à de rares définitions, nous nous échappions dans des rêves sans pois, juste créés pour évacuer l'espace Terre. On laissait toujours un ouvrage en plan pour justifier que nous ne pouvions pas nous montrons. Nous ne nous parlions pour ainsi dire jamais. Il ne cherchait pas à connaître ma vie, il voulait juste vivre en paix loin de sa femme. Moi je voulais devenir invisible pour que maman ne m'oblige pas à vendre son pain et ses croissants.

     

    Je n'ai jamais réussi à voir le monde comme Claudine. Elle se sentait grande dame quand une copine de classe entrait pour lui acheter des bonbons, une baquette. Moi j'avais honte, tellement honte. Je sais que des filles m'enviaient. Comme Claudine c'était un jeu de grands, des responsabilités, mais pour moi c'était une enfance volée, une exposition forcée, une confrontation aux adultes imposées. Je n'ai jamais aimé être dans la lumière. Encore maintenant.

     

    J'ai toujours aimé l'indifférence de papa. Sa présence me suffisait. Roger entre énormément dans la vie des filles. Il veut toujours tout savoir.

    - Blanche Chérie pourquoi ton amie Audrey ne passe plus à la maison ?

    - Anastasia Chérie à qui envois-tu un sms ?

    - Chérie tu me racontes ta journée.

    - Chérie tu me racontes le film que tu as été voir avec tes copines.

    - Edwin est ton amour ?

    - Alors tu as le béguin pour Julien ?

     

    Combien de fois suis-je restée interdite devant son comportement ? Qui est le meilleur père ? Le mieux qui ne disait rien ou celui de mes filles qui s’immiscent dans tout ? La seule chose que je sache et que j'aurai détesté avoir Roger comme père. Je le lui ai dit souvent.

     

    Quelle mère suis-je ? Une qui n'a toujours pas résolu le grand problème : Comment être présent sans être oppressant ?

     

    Papa est un homme simple. Si tu lui donnes, il prend, si tu lui racontes, il écoute, si tu tais tout, il respecte. J'aime mon père comme il est. Je me voudrai comme lui. Le suis-je ?

     

    Pour Claudine il n'est que glace et insensibilité. Alors elle en fait des tonnes pour un geste qui ne viendra pas. Elle a toujours espéré qu'il la prenne dans ses bras, qu'il la couvre de compliments et elle ne reçoit même pas un merci pour tous ses efforts. Il ne sera jamais le père qu'elle se voudrait. La souffrance vient toujours du décalage qu'il y a entre ce qui est et ce que l'on voudrait qui soit. Claudine n'a jamais compris le fonctionnement de papa, elle s'en est créé un idéal, et chaque jour elle rêve que papa mute en cet idéal. Que de perte de temps ! Que de souffrance ridicule. Moi, j'ai levé mille fois, les yeux des livres que je ne lisais pas bien que j'en tirais des fiches de lecture pour l'école, et je l'observai pour découvrir qui il était. Je pense l'avoir compris assez tôt. Cela m'a évité des désillusions et cela m'a encore plus permis de respirer librement.

     

    Avant ma venue, elle lui faisait des plats chauds. Il n'en mangeait aucun. Claudine ne le sait pas. Elle récupère ses plats vides, elle est heureuse de faire son devoir de bonne fille bien élevée. Georgic s'en régale. Pourquoi papa ne les mangeait pas, les offrait au pâtissier ? Question que je ne poserai pas, question inutile, la réponse est facile. Papa libre de maman, veut enfin profiter des plaisirs culinaires. Aux bons plats équilibrés, il choisit la matière grasse et les échalotes, les épices et les crèmes fraiches épaisses. Georgic mange l'équilibré et le peu salé. Papa entretient son cholestérol.

     

    Georgic s'est remis à cuisiner depuis mon arrivée. Il dit que c'est dommage. Papa lui offre quelques échalotes épluchées et la complicité affiche des sourires. Pas plus l'un que l'autre n'a envie que je les fasse asseoir, que je passe le tablier.

    Moi j'aime le midi manger deux ou trois tartelettes qui restent de la veille. J'observe les deux hommes et Oksana quand elle est là.

     

    Je deviens comme mon père, un être silencieux. Lui il découvre les longues phrases.

    La mort de maman lui va bien.

     

    Maman.

    L'ai-je toujours déçue ou ai-je été la fille qu'il lui fallait ? Jusqu'à l'accident de Benjamin, il était évident que j'avais toujours déçu ma mère, mais maintenant que je réalise comme Claudine s'est nourrie de l'accident de Benjamin, je n'en suis plus aussi certaine. Elles sont identiques ces deux femmes. Claude et Claudine utilisent l'enfer de leur enfant pour se mettre en devanture, pour être au cœur de toutes les conversations. Elles étaient faites pour avoir des enfants hors normes.

     

    Je devrais rencontrer Benjamin.


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  • C - Tu as rencontré Solène depuis que tu es revenue ?

    M - Non.

    C - Tu es là depuis un bon mois maintenant et tu n'as pas trouvé une minute pour aller t'acheter un morceau de viande ! Tu nourris papa comment ?

    M - Je ne suis pas sa cuisinière.

    C - Ah !!! Il devait être heureux ton mari. Ton départ ne doit pas le changer. Tu es revenue t'installer chez papa, tu pourrais au moins lui faire à manger. Tu ne crois pas. C'est tout de même grâce à lui que tu ne paies pas de loyer.

    M - Non.

    C - Non quoi ?

    M - Non je n'ai pas le devoir de nourrir papa. A l'age que nous avons, il n'y a plus de devoir parent / enfant. Nous sommes, disons, deux adultes qui cohabitons. On ne se doit rien.

    C - Cohabitation au frais d'un seul. Depuis la mort de maman, je lui fais chaque jour, des petits plats, qu'il congèle et qu'il n'a plus qu'à passer au micro-onde. Et toi, tu vis chez lui et tu ne fais rien pour lui. Tu n'as vraiment pas changé, tu profites toujours autant de lui. Tu as toujours su qu'il ne te refusera rien.

    M - Est-ce tout ?

    C - Qu'est-ce que tu es revenue faire ? Foutre la boulangerie en l'air ? Licenciée Oksana ?

    M - Qu'est-ce que Oksana vient faire dans cette histoire ?

    C - Tu lui voles son travail.

    M - Je lui vole son travail ! Claudine qui t'a raconté ce genre de folie. Oksana n'a pas changé ses horaires, je sais qu'elle est en CDD mais je n'ai jamais décidé de  casser son contrat.

    C - Parce que bien sûr, il n'y a que toi pour décider de l'avenir de la vendeuse. Maman a bien fait de te flanquer à la porte. Elle doit se retourner dans sa tombe en te voyant tenir son commerce.

    M - Pourquoi vous l'avez enterrée vivante ? Tu as sérieusement grossie avec les années Claudine, mais tu as encore plus pourrie. Comment va Céline ?

    C - Ne t'approche pas d'elle, laisse ma fille tranquille. De toute façon qu'est-ce que tu lui veux à ma fille ? Tu veux lui faire du mal ? Avoir abandonné tes filles ne te suffit pas ? Solène a bien raison de te fuir. Tu es nuisible ma pauvre Maxime. Tu sèmes la souffrance autour de toi. Tu devrais t'en aller avant de faire d'autres dégâts.


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