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    Châteauneuf-du-Faou

    Le Mercredi 24 juin 2015

     

     

    Cher Cole Alesh,

     

    ( Je finis par ne plus savoir comment te nommer. Mr Tchig, Mr Tchigrenkov, Colerige, Cole Alesh...Ce sera quoi la prochaine fois ? )

     

     

    Mes bestioles inutiles.... Tu veux que j'écrive sur mes bestioles inutiles pour que tu puisses rire de moi. Allons y, je me jette à l'eau. Rigole, sois heureux.

     

    Des bestioles inutiles. Avant j'aurais pu utiliser la même formule mais plus depuis que je vis avec elles. Les poissons de ma vie ne sont pas des êtres inutiles, ce soir j'en ai encore la preuve, aussi, au lieu d'aller au lit, je prends mon bic pour te l'expliquer.

     

    Je rentre du restaurant où j'ai dîné en compagnie de Maxime. Et j'en reviens triste, encore plus, très déçue, et si je creuse encore je tomberai sur un noyau de colère envers elle.

     

    Depuis 6 ans nous posons une semaine de vacances au même moment pour partir ensemble. Cette année, pour notre 6ème voyage nous devions aller à Paris. Nous n'y sommes jamais allées l'une comme l'autre. J'ai 1 rêve "parigo" : Visiter le salon du livre de Paris. Je ne pense pas te l'avoir déjà écrit mais je lis entre 40 et 50 livres par an depuis que je sais lire, donc depuis 40 ans.

    45x40 = 1800 ! Incroyable.

     

    Mon rêve, donc, est de monter au salon du livre, et d'en ramener pour la lecture des 12 mois suivants. Maxime ne lit pas et elle me trouve dingue. Elle dit que je vais transporter en métro puis en train des dizaines de kilos de bouquins que je pourrais acheter via internet où comme d'habitude à Quimper. C'est vrai, mais là ils seront tous dédicacés et puis c'est le côté caverne d'Ali-baba que je veux connaitre.

     

    Maxime  a un  rêve très différent, elle veut voir  le Louvre. Perso je sens que je vais m'y ennuyer. Elle me fait plaisir, je lui fais plaisir : Définition parfaite de l'amitié, selon moi.

     

    Bref après ta montagne l'an passé, pour 2015 ce devait être Paris. Nous avions posé nos vacances sur mars pour cause de dates du salon du livre.

     

    La semaine avant notre départ, la maman de Maxime a été hospitalisée et nous ne sommes pas parties. Elle est morte le 21 mars en plein coeur du salon. Comme dit la chanson "Adieu veaux, vaches, cochons, couvées". Ah ! Pardon tu n'es pas français, tu ne dois donc pas connaître ce refrain. Enfin ça veut dire désolation.

     

    Maxime a réussi à déplacer une de ses semaines de vacances  afin d'avoir la même semaine que moi en Juillet pour monter à Paris comme prévu. Certes le salon du livre ne sera plus,  mais il y a d'immenses librairies sur plusieurs étages à Paris, chose introuvable en Bretagne.

     

    Notre projet était relancé.

     

    Et voilà ce soir elle m'annonce que pour son mari et ses enfants elle serait bien avec moi à Paris mais qu'en réalité elle n'y sera pas. Elle veut  rencontrer son père sans que son mari le sache. Ils vivent encore ensemble mais ils ne passent pas une semaine sans se menacer de divorcer. Cela dure depuis 7 ans au moins.

     

    Je ne sais pas ce qu'elle mijote et je t'avoue que je m'en fous, seul compte pour moi qu'elle me plante une fois encore. Je sais là je suis égoïste. Mais en même temps tu voulais une lettre qui te fasse rire de moi, donc voilà tu es servi.

     

    Pourquoi je te raconte ça alors que tu veux rire de mes bestioles inutiles. Et bien parce que en rentrant du resto j'avais le moral à zéro. Je me suis assise à ma table de couture, j'ai regardé Lee, Lotus et Nankin les 3 de la G5 (génération 5- ils sont nés en juin donc ils viennent d'avoir 2 ans- il n'y a pas de G6) et au bout d'un moment je me suis dit :

    Ils s'en foutent que je n'aille pas à Paris.

     

    Mes poissons ne sont pas inutiles ils sont ma sagesse, ils me rappellent l'essentiel : Le toit ne s'est pas écroulé, leur aqua n'est pas cassé par les poutres tombées. J'ai des sous pour payer l'électricité, (lumière et chauffage). Conclusion ma peine est posée sur un truc sans valeur.

     

    En rentrant du resto, avant de monter chez moi, je me suis arrêtée chez les garçons qui avaient les filles. Il n'y avait que Jérémy, Stoyan bosse de nuit. Il m'a encore plus cassé le moral, Jérémy. "Trahison", "amie qui n'en est pas une", "amie qui se sert de moi", et j'en passe. Jérémy a ajouté son dégoût à ma déprime.

     

    La G5 non. Elle m'a ramené à l'essentiel : je n'ai aucun problème.

     

    Le moral déjà remonté, je me suis encore un peu plus noyer les yeux dans leur aqua et là ma force intérieur m'a fait changer mes plans. Sur ma semaine de vacances, du 19 au 26 juillet je vais creuser. Je vais passer mon temps à faire le trou pour le bassin de mes poissons.

     

    Et j'en viens à ta question : Pourquoi ai-je du parler de mes poissons avec mon patron ?

     

    Je suis secrétaire réceptionniste dans une agence immobilière. Il n'est pas de mon devoir d'aller chez les gens, mais parfois j'y vais. Une fois par exemple j'y suis allée car les propriétaires n'étaient pas là, des travaux avaient été fait en leur absence, nous avions une visite de programmée et mon patron voulait être sur que tout était propre, alors j'y ai fait un saut.  C'était en juillet 1990. Tu vois cela ne date pas d'hier.

     

    Donc j'y vais et sur la télé, je vois un bocal vert. Tu sais les TV d'autrefois, les TV cubique super lourde. Le bocal vert c'est une bulle qui doit pouvoir contenir 3 ou 4 litres. L'eau y était verte, super verte. Je trouve ça horrible, donc je l'emporte dans la cuisine et je vide l'eau dans l'évier, et là horreur 2 poissons tombent dans l'évier en même temps que l'eau verte. Ce sont des poissons rouges. 1 poisson rouge classique vivant et 1 poisson rouge voile mort et déjà enveloppé d'un halo de moisissure. Une vraie horreur. Je ne les avais pas vu, c'est dire l'épaisseur des algues. Je ne sais pas ce que tu aurais fait à ma place, Je crois que j'aime mieux ne pas le savoir, mais moi j'ai volé le vivant. Cyprin.

     

    Entre la maison et le retour à l'agence, je suis passée dans un magasin, j'ai acheté le premier aquarium qui m'a semblé bien et aussi j'ai pris Koa pour nouveau compagnon de Cyprin.

     

    Voilà comment je me  suis retrouvée avec Cyprin et Koa les poissons  fondateurs et mon aquarium de 180 litres. Celui là même où aujourd'hui vivent la G5. Et oui mon aqua a 25 ans ! Que le temps passe !

     

    Les premiers jours j'ai fait toutes les erreurs à ne pas faire, bien sûr, mais j'ai acheté des livres sur l'aquariophilie (il n'y avait pas internet comme maintenant) et je suis devenue  relativement "pro".

     

    Mes poissons ont grandi. Mon appartement aussi.

     

    J'ai déménagé sans déménager. Je t'explique. A l'origine j'étais locataire de l'appartement du 2ème, à droite. En septembre 1997 j'ai acheté mon appart plus celui de gauche pour n'en faire qu'un seul. Je suis passée, ou plutôt, il est passé de 49m² à 86m². Mon prêt coure sur 22 ans. Il me reste donc 2 mois et 4 ans. Oui je compte les mois. La fête que je vais faire en août 2019 !!! Je ne te raconte pas !!!! Tiens, d'ailleurs, je t'invite. Et si tu ne viens pas, je descendrai avec le reste des bouteilles à la Gittaz. Tu n'as pas le choix, il faut que tu sois là. Tu as 2 mois et 4 ans pour t'organiser, donc aucune excuse ne sera possible.

     

    L'aquarium 180 litres est resté dans la partie première,  j'ai acheté un 450L pour les fondateurs qui avaient bien grandi et je l'ai mis dans la seconde partie de mon appart. Je m'en souviens encore. Le jour de noël 1997 je les ai déménagé. Ils avaient 7 ans de vie avec moi. Le 180 ne s'est pas retrouvé vide, non, dedans est resté la G1, en effet Shan  était né. Il avait eu des frères et des sœurs mais les parents les ont mangé. En déménageant les parents je lui ai sauvé la vie. Pour qu'il ne vive pas seul, j'ai adopté Qilian le lendemain de noël.

     

    Le temps passe encore, tout le monde grandi, et d'autres bébés servent de nourritures. Un aqua de 450 L pour 2 poissons rouges adultes c'est petit. 450 L ce n'est que 1m50 de long. Cyprin et Koa mesuraient déjà leur 25cm. Il me fallait plus grand mais chez moi ce n'est pas possible. J'habite au second et surtout il me semble te l'avoir écrit, ma porte d'entrée est au premier, elle ouvre sur un escalier. Un  aquarium de 800 L (ce que je voulais) mesure 2 m de long et 60 cm de large. Il ne passe pas l'escalier. Impossible de le monter chez moi. Et puis j'ai eu aussi peur que le poids (avec le sable et les pierres de décoration on obtient près de 1000 kilos) ne puisse être supporté par le plancher qui en a déjà aussi sur le dos si je puis dire. Sans ça, je l'aurai fait coller dans l'appartement, et je l'aurais eu à domicile mon 800L.

     

    A l'époque, c'est con je sais, jamais je n'ai eu l'idée du bassin dans le jardin. C'en est vraiment incroyable.

     

    Je le voulais mon 800 et je ne pouvais pas le mettre chez moi. Je te jure que je me suis torturée avec ça. Et puis BINGO j'ai ma solution. L'agence où je bosse. Je suis donc allée voir mon patron. Et je lui ai montré mes dessins (je dessine assez bien). J'avais réaménagé l'agence, et derrière mon dos au lieu d'avoir Chantal (qui n'est plus là maintenant) il y avait entre mon bureau d'accueil et le sien, un aquarium de 2 m de long. Une merveille avec Cyprin et Koa.

     

    Évidemment il a dit non. Je ne suis que bretonne d'adoption mais je suis bornée autant qu'eux. Je n'ai pas lâché. J'ai converti un à un mes collègues. J'ai même, enfin bon, quel sale con ce Jean Baptiste. Je suis bien contente qu'il ne soit plus là. Enfin oublions. Tous les collègues et aussi mon patron et sa femme sont venus à la maison voir comme un aquarium de poissons rouges ce peut être beau. Parce que les gens savent les aquariums plantés avec les petits poissons exotiques mais les poissons rouges sont gros et leur aqua n'est pas planté vu qu'ils mangent tout.

     

    L'essentiel est que au final j'ai mon 800 à l'agence. Depuis l'an 2000.

     

    Mon patron va partir en retraite en 2018, je ne sais pas qui le remplacera mais il est sur que l'électricité et l'eau que consomment les poissons risquent de ne pas plaire à son remplaçant, aussi je vais creuser un bassin dans ma pelouse  et je vais les ramener chez moi. Aujourd'hui ce sont Qilian 18 ans, Pekin et Xian 14 ans + Chine de la G3 qui a 9 ans qui y vivent.

     

    J'avais prévu que 2016 allait être l'année de leur bassin, et bien non, ce sera dès le mois prochain que je commencerai les travaux. Ils vivront dans un super truc. En fait l'idée est de passer mes 12 poissons dans le bassin.

     

    Il y a une loi qui dit : 10 litres par centimètre de poisson adulte. Cela donne 10 litres x 25cm x 12 poissons. Autrement dit 250l par poisson.

    Il me faut creuser un bassin de 3000 litres minimum.

     

    J'ai déjà tout dessiné, tout prévu. Déjà il faut une profondeur supérieur à 1 m pour les jours de grand gèle. Les poissons doivent pouvoir nager sous la glace. Et puis j'ai aussi le problème de la terre. Je la mets où la terre que je vais enlever ? J'ai résolu le problème en faisant un bassin semi enterré seulement. La terre enlevée sera utilisée pour la hauteur au dessus du niveau du sol. J'espère que tu me suis, je n'en suis pas sûre.

     

    Je vais construire (ok Jérémy et Stoyan - surtout Jérémy d'ailleurs) un mur d'enceinte de 60 cm de hauteur. La profondeur totale sera 1m20 mais pas sur toute la surface, il va y avoir des paliers. Je pars d'un rectangle de 3m sur 2 avec la profondeur de 1.2. Là on a déjà plus de 7000 litres. Avec le dénivelé, ce sera bon, j'aurai largement mes 3000, voir les 4000 et donc la G6 sera la bienvenue.

     

    Tu n'as rien compris je n'en doute pas, mais je ne vais pas recommencer, il est tard, enfin tôt.

     

    L'aqua de l'agence deviendra un terrarium pour plantes vertes et dans mes 180 et 450 j'ai envie d'une nouvelle aventure, j'ai envie d'avoir des hippocampes donc faire des aquariums d'eau de mer.

     

    Voilà tu sais tout de mes petites bestioles inutiles qui sont mes amis depuis 25 ans. Juillet 1990 - Juin 2015. Que le temps passe !

     

    Les poissons me permettent de regarder le monde autrement que centrée sur mon unique nombril. C'est important.

     

     

    Comme tu l'as voulu je ne t'ai parlé que de mes bestioles bien utiles à mon moral, mais il faudra un jour revenir sur tes mots. J'espère qu'un jour tu le voudras bien.

     

    Je t'embrasse Cole.

    (On est jeudi maintenant, il est + que tant que j'aille au lit. Je ne devrais pas écrire ça tu vas croire que c'est une invitation à venir sous mes draps).

     

    Une Mickaelle qui a les yeux qui se ferment. Pardon pour les fautes d'orthographes que je ne vois plus. Une vieille fille qui file au lit en pensant à toi.


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    Mickaelle,

     

    Je ne m'attendais pas à être projeté dans mon passé en lisant le tien.

     

    Un élément me dérange bien plus que je ne voudrais me l'avouer dans tes mots. Tu écris à plusieurs reprises, de diverses façons, ta désolation de l'absence de volonté de ta mère de te vouloir à nouveau à son côté. Jamais je n'avais songé à la mienne en ces termes. Non, pas une fois, je ne me suis interrogé sur sa non volonté de vouloir de moi. C'est un peu comme si toute mon enfance, je l'avais considérée aussi impuissante que moi. Nous étions séparés sur la décision d'un être supérieur et nous devions l'accepter. Pas une fois je ne me suis demandé pourquoi elle ne venait pas me chercher. Contrairement à la majorité de mes compagnons d'infortune, j'avais une mère, certes je ne la voyais jamais, jamais non plus elle ne m'envoyais une lettre, voir un colis, mais elle était en vie. Il faut croire que cela me suffisait. J'avais une mère invisible, mais une mère qu'on me jalousait. Tant n'avait plus personne. Mère morte et  père inconnu était la norme. Moi j'avais les deux. J'étais privilégié puisqu'in-adoptable.

     

    Dans un orphelinat l'adoption est bien plus redoutée qu'espérée. Elle est un peu comme la mort dans un hôpital. Il est erreur de croire que les enfants sous les draps à l'extinction des feux, prient Dieu pour qu'une famille aimante enfin pose les yeux sur lui. Il faut avoir connu l'amour pour le désirer encore. Les veilles de rencontres, les enfants désignés potentiels élus suppliaient les Dieux et leur cohorte ne passer inaperçus. On en a trop vu partis en famille d'accueil revenir en lambeaux suite à des mois d'une vie d'esclave, de souffre-douleur.

     

    Qu'était être heureux ? Les chanceux ne revenaient pas nous le raconter, aussi on les imaginait comme tu le notes "condamné à perpétuité". Le bonheur ne se trouve pas entre les quatre murs d'un orphelinat, mais il y règne une force de protection, on peut y oublier la peur, vivre sans réelle armure. Oui les enfants peuvent être cruels entre eux, mais cette cruauté n'égalera jamais le vice de l'adulte.

     

    Ton texte sur ta mère m'invite à me demander pourquoi cela me suffisait. La savoir en vie, j'entends. Car je dois le reconnaitre, contrairement à toi, je ne l'espérais pas. Il m'est arrivé de songer à mon père, à rêver qu'il ouvre la porte, me tend la main dans un "viens" ferme et sans équivoque, une ordonnance aussi viril qu'héroïque. Ma mère comme moi je la voyais victime impuissante, comme sous le statut d'un mineur.

     

    Mickaelle tu produis des effets gênants sur moi.Très gênants.

     

    Je me suis surpris suite à ton histoire à me questionner sur ses sentiments et j'ai été horrifié d'en arriver à me dire que peut-être mon enfermement sur la décision de son père l'arrangeait bien. Ou au moins, ne la dérangeait pas. Cette idée est tout simplement effroyable. Un fils songeant sa mère heureuse de le savoir loin d'elle, c'est terrifiant.

     

    Mickaelle à distance tu parviens à me faire me détester.

     

    Ma soeur comme tu le sais maintenant se nomme Alexandra. Elle porte le prénom de mon père. Alesh. Dans les bras de Govan Sibeko, son amant sud africain ma mère pensait encore assez à mon père pour nommer leur fille comme lui. Ma mère aimait mon père autant que mon père l'aimait, le doute n'est pas possible.

     

    Mais moi ? Moi le fruit de leur amour, moi l'union de leurs deux êtres, qu'étais-je pour elle ?

     

    Pourquoi m'avoir nommé Colerige ? Certes comme tout russe je porte en second prénom celui de mon père. Colerige Aleshandrovich Tchigrenkov. Mais pourquoi Colerige ? Les lettres de mon père ne m'éclairent pas. Il m'y nomme Cole. Simplement Cole pour m'évoquer. Dans une de tes lettres et cela m'a surpris, tu notes que mon prénom est américain. Je n'en suis pas aussi affirmatif que toi. Au USA il y a des Coleridges mais c'est un nom de famille non un prénom.

     

    A cause de toi j'en suis venu à me demander à qui pensait ma mère quand elle fut enceinte de moi ? Si elle est capable de tromper son mari, de nommer la fille qu'elle a de son amant d'un prénom qui renvoie à son amour passé, pourquoi ne pas émettre l'hypothèse qu'elle me prénomma en souvenir d'un Mr Coleridge qu'elle connu à Jefferson city ? Ma mère aimait-elle vraiment mon père aussi fortement qu'il l'aimait ? Le doute s'installe.

     

    Mickaelle tu m'amènes à me questionner sur des points peu réjouissants, je ne t'en flatte pas. Ou alors admiration ! J'en reviens toujours au même constat : Tu provoques en moi des effets gênants.

     

    Mon père dans ses lettres, questionnait ma mère sur mon évolution. Il me croyait avec elle. Je suis heureux qu'il soit mort sans jamais avoir su la vérité. Elle de son côté le savait au goulag, elle n'ignorerais donc pas que je grandissais sans mes parents. Me savait-elle à l'orphelinat ou lui avait-on raconté que j'étais dans une famille ?

     

    En Afrique du sud elle pensait à mon père puisqu'elle a nommé la fille qu'elle a eu avec son amant, comme lui. Mais à moi, avait-elle des petites pensées pour moi ? S'inquiétait-elle pour moi ?

     

    Avant toi Mickaelle, jamais je ne m'étais posé de telles questions. Je la savais vivante, j'avais tant de change en comparaison aux autres enfants. Je la savais rentrée au État Unis, son pays de naissance, comme je savais mon père au goulag coupable d'avoir couché avec une américaine. A l'orphelinat j'étais Alesh pour tout le monde. Mon prénom américain n'apparaissait que sur les dossiers. Selon la direction cette décision portait la marque d'une volonté de protection. J'étais Alesh Tchigrenkov, c'était suffisant.

     

    Je te présente toutes mes excuses Mickaelle, je ne parviens pas à entrer en contact avec la petite fille que tu fus, ta lettre m'a conduite dans des troubles dérangeants.

     

    Je vais m'absenter du hameau quelques jours. A mon retour j'espère trouvé dans ma boite aux lettres la réponse à une énigme : Pourquoi tu as parlé de tes poissons à ton patron. Dans ta toute première lettre tu as écrits que m'écrire t'était plus difficile que de parler de Koa et Cyprin à ton patron. Vu tes écrits derniers, j'en déduis qu'ils sont des poissons. Mais pourquoi diable abordes-tu le sujet de tes poissons de bocal avec ton patron ?

     

    Nos vies ne peuvent plus être parallèle. Je n'ai pas de bestioles inutiles chez moi. Le sujet des poissons est sans danger. tu peux noircir des pages, à loisir.

     

    Offre moi une lettre pleine de bonne humeur et de plaisir débordant. Eclabousse moi de l'eau de ton bocal. Sors moi de la torpeur dans laquelle tu m'as noyée mademoiselle Peste.

     

    Cole Alesh.

    La Gittaz, le vendredi 19 juin 2015.


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    Châteauneuf-du-Faou

    Le 11 Juin 2015.

     

     

    Colerige,

     

     

    Je n'ai pas fait de prison au sens stricte du terme, mais j'ai néanmoins l'impression d'y avoir passé ma vie.

     

    Je ne sais pas qui l'a prononcée, mais j'ai retenu cette phrase : " Ne me secoue pas, je ne suis qu'un océan de larmes". Si je ne peux oublier cette phrase c'est qu'elle est moi. Je suis noyée dans une mer d'incompréhension. Mettre en mots ce passé jamais dépassé me replonge dans ce néant, cet abîme.

     

    Je l'ai tué, mon frère. Je l'ai admis, mais je ne m'en souviens pas.

     

    Je me souviens d'un voyage de terreur. Une grosse dame (à l'époque l'obésité n'était pas aussi courante qu'aujourd'hui), une vraiment très grosse bonne-femme avec une tête minuscule, et de rares cheveux tirés en arrière par un chignon famélique, une grosse bonne-femme que je n'avais jamais vu m'a fait monter dans sa vieille 4CV et sans jamais un mot, elle a roulé, roulé, roulé en m'éloignant de ma famille.

     

    J'étais terrorisée sur le siège arrière. Qui était-elle ? Où allions nous ? Pourquoi ma maman avait-elle mis mes vêtements dans une valise, valise qui reposait sur le siège arrière, à mon côté ? Pourquoi mon papa n'avait pas été là pour s'y opposer ?

     

    Pas une poupée, pas une peluche pour m'aider à supporter ma terreur. J'avais cinq ans.

     

    J'étais une petite fille comme toutes les petites filles, je vivais une vie que la femme adulte ne se souvient pas. Il faut les photos de l'album de famille pour se souvenir de soi en landau, de soi en couches-culottes. Aucune photo n'a été mise dans ma valise, aussi ma vie ne commence pas le 22 avril 65 mais le jour de la vieille 4CV et de sa grosse dame à petite boule pour tête, le jour où ma mère m'a fait monter dans la voiture et où la 4CV m'a éloignée de ma famille. Je ne sais pas la date exacte, mais c'était très peu de temps avant la rentrée scolaire de septembre car dès le lendemain je me suis retrouvée dans une école vide. Solitude glaçante, terrifiante.

     

    Ma vie commence fin août 70.

     

     

    Je n'ai jamais voulu de chien.

    Oui je change de sujet. C'est l'art de la paresse : Œuvrer à une chose pour ne pas faire ce que l'on doit.

    Donc je n'ai jamais voulu de chien. Je partage ma vie avec une famille de poissons rouges (la G2 = la Génération 2) et cela me suffit. Si j'ai Ayatt et Kaume c'est qu'elles ont vécu la même chose que moi. Où l'inverse mais le résultat se nomme abandon.

     

    Mes parents m'ont abandonnée en restant chez eux et en me faisant aller chez Henriette. Elles, elles ont été déposées à l'agence où je travaille, en mon absence avec un mensonge : je les avais réservées. NON, jamais je n'avais voulu d'elles. Quand j'ai vu les deux chiots dans l'agence, j'ai revu ma détresse, la répétition de ma vie, alors je les ai prises comme j'aurais voulu que l'on me sauve. Pour elles cela ne fut pas très traumatisant. Elles étaient deux, elles s'amusaient de tout, elles ne semblent pas avoir intellectualisé ce qui leur arrivait. Moi j'en ai été terriblement traumatisée. J'ai été arrachée à ma vie et j'ai du vivre avec l'étiquette de tueuse tatouée dans le dos.

     

    A cinq ans je suis née dans la vieille 4CV grise. Ma vie débute là.

     

    Nous avons roulé des heures. A cinq ans je n'étais pas un génie d'intelligence comme on en voit dans les livres. J'ai horreur des gosses dans les livres comme dans les films, on leur fait dire et penser des choses qui ne traversent jamais le cerveau des petits. Une petite fille de cinq ans ce n'est vraiment pas autre chose qu'une petit bouchon innocent. Je te jure que je les ai étudié les gamines de cinq ans, pour savoir comment j'étais à l'age là. A cinq ans, on est vraiment très peu de chose, on est juste une petite vie qui a besoin d'amour et de protection. A cinq ans on n'est que ça.

     

    Alors dans la 4CV poussive, j'étais juste une toute petite fille paniquée par ce qui lui arrivait. Mes parents ne m'avaient rien dit pour m'y préparer. La voiture arrive, le gros corps surmontée d'une mini boule pour tête, avec une encore plus petite boule à l'arrière (le chignon) en sort, et ma mère me tire par la main, elle ouvre la portière, et je dois monter. Ensuite elle me pousse pour entrer la valise. Et voilà la vie bascule, déjà la trois boules monte dans la voiture en la faisait tremblée plus que moi, et c'est parti.

     

    Je ne sais pas où j'habitais avant, je sais juste que nous avons roulé à n'en plus finir, que nous nous sommes arrêtées pour des pauses pipi, pour une banane, un verre d'eau, du pain et du beurre, mais toujours nous restions au côté de la voiture qui reprenait de plus bel.

     

    La grosse dame silencieuse me terrifiait, son silence me terrorisait pourtant j'ai osé quelques questions et ce fut le début d'un refrain qui sera sans fin.

     

    Mais qu'est-ce que  tu crois ?

    Tu n'as plus droit à rien.

    Tu as tué ton frère.

    Tais toi.

     

    C'est dans la 4CV par la voix de Henriette que j'ai appris la mort de mon frère, mort de mon fait.

     

    Mon frère. Qui était mon frère ? Comment l'ai-je tué ? Pourquoi l'ai-je tué ?

    Je n'ai aucune mémoire de lui.

    Tu n'as pas idée du nombre d'heures que j'ai passé immobile à réfléchir à sa vie, sa mort. Je n'ai jamais réussi à retrouver un fragment de mémoire. Comment peut-on tuer quelqu'un sans s'en souvenir au moins un peu ?

     

    Parfois j'ai admis : je l'ai tué. La preuve j'étais chez Henriette.

    Parfois je me suis révoltée. Non je ne l'ai pas tué. Je ne me souviens de rien donc je n'ai rien fait. Mais alors pourquoi restais-je chez Henriette ? Parce que je l'ai tué.

    J'ai grandi avec ce raisonnement en boucle  dans la tête.

     

     

    Passé X kilomètres, je me suis retrouvée à Panazol en banlieue de Limoges.

    Je ne sais pas sur combien de km nous avons roulé. Je ne sais pas où j'habitais avant. Je sais juste que je viens d'une région où les maisons ont des toits en ardoises, et que la maison de mes parents était avec d'autres, mais ce n'était peut-être pas un lotissement.

     

    A 5 ans une grosse femme avec une tête minuscule est arrivée dans une vieille 4CV poussive grise, ma mère lui a fait la bise, a déposé ma valise dans la voiture et toute ma vie a chaviré. Je suis devenue celle qui a tué son frère.

     

    Cette femme était la cantinière de la petite école où j'ai été placé. C'est pour ça que j'ai commencé l'école une semaine avant tout le monde. Henriette nettoyait la cantine avant l'ouverture des classes.

     

    Tous les adultes, de la directrice en passant par les instits et les deux femmes qui faisaient le ménage, savaient que j'étais une tueuse. Tous les enfants savaient que je n'étais pas la fille de la cantinière.

     

    Henriette était ma tutrice. Je devais la nommer tutrice. Cela veut dire quoi tutrice pour une fille de 5 ans ? Cela ne veut rien dire. Nounou, mémé, maman, voilà des mots pour un vocabulaire d'enfant. Tutrice ! Les gamins de Panazol n'avaient jamais entendu ce mot.

     

    Par la suite j'en ai lu des livres et des livres et encore des livres. Tutrice, je n'ai pas vu souvent apparaitre ce mot.

     

    Et si elle est ma tutrice, que suis-je pour elle ? Un fardeau. Si je posais la question, je n'obtenais pas pupille mais fardeau. Duo de termes qui sent l'amour !

     

    Je ne peux pas dire que j'ai été malheureuse. J'étais juste terrorisée par le silence. C'était une femme toujours en mouvement qui ne parlait pas. Si je lui demandais quand maman allait venir me chercher, j'avais le droit au refrain.

     

    Mais qu'est-ce que tu crois ?

    Tu n'as plus droit à rien.

    Tu as tué ton frère.

    Tais toi.

     

    J'ai mis des années à admettre que mes parents ne viendraient pas, qu'ils n'écriraient pas, qu'ils ne m'offriraient jamais un cadeau pour noël ou mon anniversaire. J'ai mis des années à comprendre qu'ils m'avaient abandonnée, qu'ils vivaient sans jamais vouloir de moi.

    Condamnée à perpétuité. Parce que j'ai tué mon frère.

     

    Il devait l'aimer lui.

    Si il m'avait tué, l'auraient-ils donné à Henriette aussi ? Ou lui auraient-ils pardonné ? Je me suis souvent posée la question, et chaque fois ce fut la même réponse qui me venait : " On t'aime encore plus Fils car il ne nous reste que toi".

     

    Mes parents ne m'aimaient pas.

    Il n'y a pire chose que la lucidité.

     

     

    J'ai tué mon frère.

    Si seulement j'avais pu m'en souvenir. Peut-être alors je me serais sentie forte, fière de moi. Après tout le méritait-il peut-être ? J'avais peut-être réalisé un exploit. Vivre sans se souvenir c'est atroce. Toute ma vie je dois assumer du vide qui pèse très lourd. Comment me défendre ? Que répondre à "Pourquoi l'as-tu tué ?" à "Comment as-tu pu faire une chose aussi monstrueuse ?"

    Je les ai entendus ces questions là. Ah et il y a aussi " Comment as-tu pu faire souffrir tes parents autant ?"

     

    Personne ne s'est jamais soucié de ma souffrance à moi. Papa et maman étaient ensemble, moi j'étais seule, et si petite. Pourquoi personne ne songeait à ma souffrance à moi ? Parce que j'étais une tueuse, et une tueuse ne mérite plus rien. Comme dit Henriette

    Mais qu'est-ce que tu crois ?

    Tu n'as plus droit à rien.

    Tu as tué ton frère.

    Tais toi.

     

    A une époque de mon adolescence je ne lisais que des livres sur les erreurs judiciaires. Coupable d'une faute qu'il n'a pas commis. J'avais tellement l'impression que c'était toute ma vie.

     

    Malheureusement moi j'ai bien tué mon frère. Mon absence de mémoire ne le ressuscite pas. Il est mort par ma faute.

     

    Si je me permettais d'affirmer que je ne l'avais pas tué, Henriette m'accusait de mensonge, et me rappelait que si j'avais été une gentille petite fille sage je vivrais avec mes parents, hors où étais-je ? Avec elle , donc je devais cesser de mentir.

    J'aurai voulu qu'elle me raconte ce que ma mémoire refusait de me rendre, mais jamais elle n'a lâché un mot d'explication.

     

    Dans les moments où j'étais la plus audacieuse, à l'adolescence, je lui ai jeté à la figure que si elle ne pouvait pas me raconter comment j'avais tué mon frère, c'est que maman ne le lui avait pas raconté et si maman ne le lui avait pas raconté, c'était qu'il n'y avait justement rien à raconter  puisque je ne l'avais pas tué. Henriette ne laissait hurler ma souffrance. Elle gardait le silence.

     

    Est-ce qu'une fois elle a seulement pensé que l'hypothèse était plausible? Elle n'était jamais venue nous voir avant de me prendre. Elle n'a pas assisté à l'enterrement de mon frère. Alors pourquoi ne lui aurait-on pas menti ? Si j'avais été à sa place, j'aurai accordé de la valeur à cette petite fille pleine de questions. Mais Henriette n'a pas ma logique. Elle me laissait à mes crises de larmes, de désespoirs et elle s'emmurait dans son éternel silence.

     

    A l'adolescence j'ai voulu contacter mes parents sans passer par Henriette. Petite je faisais des lettres "sos venez me chercher" qu'elle ne postait pas. Alors plus mature, j'ai voulu passer par dessus elle. J'ai trouvé son cahier, celui qui contenait les numéros de téléphones, les adresses. Il n'y avait aucun Bachaud.

     

    Je me nomme Mickaelle Bachaud. Kervelou est le nom de Lionel mon ex mari.

     

    Il m'a fallu des années pour savoir que Henriette Muzendis était la soeur de la mère de ma mère.

     

    J'ai passé 13 années avec elle. Pas une fois un Bachaud ou un Muzendis n'a franchi le portail de la cour, n'a envoyé une carte pour son anniversaire, noël, le nouvel an.

    Dans le calepin il y avait 2 Muzendis mais aucun Bachaud. Henriette n'a donc jamais envoyé des nouvelles de moi à mes parents. J'étais rayée de leur vie.

     

    Lucidité ....

     

    En grandissant je me suis isolée (comique ce que je dis là) j'étais toujours seule, je ne pouvais donc pas m'isoler, et pourtant c'est ce que je faisais, j'allais en un lieu secret et je demandais aux arbres, au ciel, aux fées, aux anges, de me dire comment j'avais tué mon frère. Ensuite je ne bougeais plus, je ne parlais plus, j'attendais un signe, un mot, un geste. Rien. Les fées, les trolls sont comme les hommes, ils gardent le secret.

     

    Je n'ai jamais su comment mon frère est mort, comment je l'avait tué.

     

    Je suis heureuse que tu saches le prénom de ta soeur, moi j'ignore celui de mon frère. Même ça je l'ai oublié. Je sais qu'il était plus jeune que moi. Je le sais car un jour de révolte à l'adolescence j'ai hurlé que je n'avais pas pu le tuer car il était plus grand et fort que moi. Là elle m'a dit qu'il n'était qu'un bébé. Un bébé !

     

    J'étais tellement contente. Depuis quelques mois je me souvenais de lui. Il était plus grand que moi de quelques années et il était très gentil. Il se prénomme Lucas. Lucas. Je ne comprenais pas comment j'avais pu avoir eu envie de le tuer il était si gentil.

     

    Ce n'est pas lui que j'ai tué, il n'était pas mon frère. Je ne sais pas qui est le garçon de mon souvenir. Lucas. Il n'est pas mon frère, mon frère était plus jeune que moi. Le souvenir de Lucas est l'unique chose que j'ai récupéré. Je nous vois à vélo. Il y avait deux haies avec un passage très étroit entre elles. Je le suivais à vélo. Je suis tombée et mon vélo s'est couché sous les deux grosses haies. Je n'arrivais pas à le relever, les branches me dérangeaient. C'est Lucas qui a redressé mon vélo rouge.

     

    Je ne sais pas le prénom de mon frère.

     

    C'est atroce d'être coupable d'avoir tuer un bébé donc tu n'as aucun souvenir.

     

    Lucas et ma bicyclette n'est pas mon unique souvenir, j'en ai retrouvé un autre. Un qui me prouve ma culpabilité.

     

    J'ai revu très nettement toutes mes poupées brulées. Mon père m'avait construite sur la pelouse une petite maison en bois pour mes poupées, aujourd'hui on nommerait ça une cabane de jardin pour enfants. Mais à l'époque, cela n'existait pas. Alors papa avait construit une maison de poupées, une maison si grande que je pouvais entrer dedans. Il a tellement été malheureux que je tus son fils qu'il a mis le feu à ma maison. Je revois très bien toutes mes poupées, mes peluches, mes dinettes, dans un anneau noir de cendres et eux tous fondus, déformés au centre.

     

    J'ai tué mon frère. Mon père et ma mère n'ont plus voulu de moi, aussi je suis allée vivre chez une cantinière d'une banlieue de Limoges.

     

    Jamais ils n'ont cherché à prendre contact avec moi. Et en cadeau pour mes 18 ans ils ont cessé de verser une pension à la cantinière aussi à cette date j'ai du partir de la maison qui était devenue la mienne. Quand j'ai vu Ayatt & Kaume abandonnées j'ai voulu d'elles, mais Henriette n'a jamais voulu de moi. Elle a accepté un travail contre un salaire. Quand j'ai eu mes 18 ans son contrat de travail a été arrêté. CDD de 13 ans.

     

    Sur les treize années j'avais fini par m'attacher à elle. Certes elle n'était pas débordante de chaleur humaine, mais elle n'était pas méchante non plus. J'avais cru que elle aussi elle avait appris à m'aimer sur le tard. Le jour de mes 18 ans je me suis prise une grande claque dans la tête, quand elle m'a révélée l'argent versé, le contrat passé et donc mon renvois sur le champ.

     

    Ce jour là je n'ai pas été déposée dans une agence avec un mensonge autour du cou, ce jour là il n'y avait personne pour m'adopter. En fait c'est peut-être bien plus ce jour là qui m'a fait adopter Kaume et Ayatt sans hésiter.

     

    Ta soeur est morte, mon frère est mort.

    Tu as fait tout ton possible pour l'aider, moi je lui ai détruis la vie, et cela à détruit la mienne. Il y a 45 ans de cela maintenant. Depuis 45 ans je n'ai qu'un vœu : Apprendre comment je l'ai tué.

    Il me faudra surement mourir avant de l'apprendre.

     

    Bonsoir Colerige Tchigrenkov.

     

    Mickaelle la tueuse.


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